Echéances de 2012 : La carte bénie des Religieux

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Au même degré que dans les pays magrébins actuellement, l’emprise des religieux, notamment islamiques sur l’issue des élections de 2012 dans notre pays sera sans doute déterminante. Tous les candidats sérieux  sont d’ailleurs conscients de l’importance de l’apport de la mosquée  et de l’église pour une victoire certaine.

Lors d’une conférence débats commémorative du 26 Mars 1991, un acteur du mouvement démocratique a affirmé que si le régime dictatorial de Moussa Traoré n’a pas été déchu depuis longtemps c’est par ce qu’il jouissait d’une grande respectabilité auprès des confessions religieuses. Cette assertion peut ne pas faire l’unanimité mais force est de reconnaître que GMT partageait de très bonnes relations avec tous les chefs de confessions religieuses. De l’imam Balla Kalé à Mgr Luc Auguste Sangaré.

Cette ligne de conduite a été rompue avec le premier régime démocratique, celui d’Alpha Oumar Konaré, celui là même qui faisait l’objet de nombreuses accusations pour n’avoir pas pu maintenir certaines pratiques sacrosaintes. Notamment sa présence hebdomadaire à la grande mosquée de Bamako lors de la prière du Vendredi. Malgré tout, cet historien-archéologue a bouclé ses deux mandats avec son système de gestion : diviser pour régner. Une fièvre qui n’a pas épargné même la grande association musulmane AMUPI.

Quant au régime d’ATT, fondé sur le parti de la demande sociale(PDS) il a eu le mérite d’accorder une place de choix aux organisations religieuses. Les Musulmans ont pu ériger un haut conseil islamique qui fédère en son sein toutes les associations islamiques sans distinction de courant de pensée ni de secte, et l’archevêché a été bien structurée pour pouvoir tenir ses activités et ses sessions. Même si à proprement parlé dans les différents gouvernements de l’ère d’ATT, aucun département n’a été dévolu aux questions de cultes, les autorités publiques ont pris à bras le corps toutes les préoccupations des religieux. D’aucuns disent même que le tapis rouge est éternellement déballé pour les Chefs religieux au niveau de toutes les structures publiques. Plus, l’épisode de l’affaire du code de famille contesté a permis au pouvoir de reconnaître à la classe religieuse toute sa place.

D’ailleurs ceux qu’on considérait autrefois comme des prêcheurs sont tous devenus des leaders religieux pour des milliers de fidèles. Et du coup, ils sont devenus des courroies de transmission entre le bas peuple et le sommet. Leurs messages en matière de gouvernance sont perçus comme des paroles saintes.

Certes, l’hypothèse d’un parti politique islamiste ou chrétien ne tiendra pas route dans notre pays, mais des connexions entre ces chefs religieux et les responsables politiques feront des émules.

C’est pourquoi, devant le succès récent de ce nouveau courant dans presque tous les pays magrébins il sied à nos leaders politiques s’ils veulent s’assurer d’une victoire  certaine à l’issue des scrutins de 2012 d’accorder une place de choix dans leur programme aux préoccupations de ces chefs religieux.

Cette réalité semble déjà animer certains d’entre eux, qui les rendent visitent, les consultent ou les invitent lors de leur cérémonie d’investiture.

En tout état de cause, si la démocratie à l’occidentale est au seuil de son impuissance, le respect à nos réalités socio culturelles, elles, fortement influencées par la religion, reste la seule voie indiquée à nos illustres candidats pour Koulouba 2012.Le savent-ils ?

Moustapha Diawara

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