Jamais joute électorale n’a suscité autant d’entrain, captivé et tenu en haleine les puristes de la politique à Ségou que celles des législatives 2013 dont le second tour est annoncé pour le 15 Décembre prochain. La raison ?
Plusieurs candidats des deux listes en finale jouent leur destin politique et social. En clair, au soir du verdict des urnes, et en cas de défaite, Mountaga Tall et Barou Soumbounou de l’Alliance ADEMA-CNID-RPDM, deux mastodontes de la politique ségovienne feront leur deuil politique ;
Quant à Dramane Dembélé de la même liste, ex candidat battu à la présidentielle de Juillet 2013, taxé de jeune loup pour la relève politique au Mali, un nouvel échec, qui plus est « chez lui à Ségou » dans un scrutin de proximité pourrait être un coup de semonce à son futur politique. De l’autre côté, dans une alliance RPM-FARE-MIRIA où ils ont trouvé une place, les deux samaritains de Ségou, Abdoul Jalil Haidara, fils de Cheick Mansour Haidara, célèbre érudit ségovien, et Yacouba Traoré de Markala dont la création d’une multitude de clubs depuis des ans a fait tomber les masques de ses intentions, les deux samaritains donc sont condamnés à gagner sinon, succédera à leur mort sociale la légende qui s’entretient autour d’eux et de leur fortune (distribution à tour de bras de millions de F CFA et guerre des ondes entre religieux au sujet des intentions de vote de Sabati 2012, un mouvement religieux).
DES CHIFFRES
7 Députes à pourvoir pour le Cercle de Ségou. 7 listes de candidature (ADEMA-CNID-RPDM ; RPM-MIRIA-FARE ; MODEC-SADI-CAP ; URD-PDES-MPR-CODEM-PIDS ; ASMA ; UDD-SIRA-PARENA et une Liste Indépendante). 325 475 électeurs qui se disséminent dans 30 Communes dont 29 rurales et la commune urbaine de Ségou. Taux de participation au 1er Tour : 33, 92 % soit 110 000 votants mais 4 659 bulletins ont été déclarés nuls. Au finish, l’alliance RPM-FARE-MIRIA s’adjuge 33, 70 % des votants tandis que son poursuivant l’alliance ADEMA-CNID-RPDM lui talonne avec 26, 65 % de voix. L’alliance URD-PDES-MPR-PIDS-CODEM qui est le faiseur de roi récolte 17, 11 % de suffrages exprimés.
UN MANO A MANO RENVERSANT
Avec 30 communes où le vote se déroule, on aurait pu déclarer vainqueur la liste qui a obtenu le plus grand nombre de collectivités que celle unissant l’ADEMA-CNID-RPDM s’adjugerait les 7 places à pourvoir, elle qui a damé le pion à ses concurrentes avec 15 communes à son actif : Sebougou, Sakoiba, Massala, Soignebougou, Markala, Diedougou, Dioro, Samafoulala, Farako, Diganidougou, Baguindadougou, Bellen, Saminè, Diouna et Cinzana. Cependant l’ensemble des électeurs favorables à sa liste (28 176) ne dépassent guère ceux des 9 communes que le RPM-MIRIA-FARE a obtenu (Ségou, Pelengana, Sansanding, Sibila, Dougabougou, Togou, Kamiandougou, Souba et Nkoumandougou). Le mano à mano entre ces deux alliances n’a donc pas dit son dernier mot.
L’ASMA TIRE SON EPINGLE DU JEU
Ils étaient affublés du titre de « Liste des très fâchés de Ségou » puisque cette liste concoctée pour les besoins et portée par le parti de Soumeylou Boubeye Maiga qui n’en demandait pas tant pour asseoir sa formation politique à Ségou presqu’inexistante, l’avait été, non par conviction mais parce que plusieurs de ses membres n’avaient pas été retenus par leur formation politique d’origine (Ami Diarra de l’ADEMA, Sory Daou de l’URD, Alhassane Dembélé de FARE, Arsiké Touré du PDES). En obtenant 7 658 voix soit 7, 24 % des suffrages exprimés, l’ASMA hérite d’un 4eme rang honorable mais prend le pari de croire à une implantation du parti à Ségou si tant est qu’il ne fut pas tout simplement un refuge pour certains politiciens aux ambitions démesurés. Mais le fait de se créer des fiefs (Communes de Farakoumassa et Fatiné où ils ont gagné haut la main l’élection du 24 Novembre), communes non loin de la grosse bourgade qu’est Dioro est un tremplin de ce que le parti est capable pour les élections communales à venir.
KATIENA DANS L’ESCARCELLE DE L’URD ET DU PDES
En dehors de la Commune urbaine de Ségou et de celle de Markala, le vote des électeurs du cercle de Ségou se joue dans trois grands bastions : Cinzana, Katiena et Dioro. Dans ces grosses communes où 4 000 électeurs ont voté, l’alliance URD-PDES-CODEM-PIDS-MPR a réussi un des plus gros scores (2 383 suffrages) soit plus de 50 % de l’électorat. Et si les finalistes du 15 Décembre prochain veulent le sacre, ils doivent courtiser Djibril Tall et son groupement pour mettre Katiena dans leur giron.
LA LISTE INDEPEENDANTE GAGNE LA COMMUNE DE BOUSSIN
De néophytes citoyens ségoviens sont descendus dans l’arène politique pour briguer une place à l’hémicycle. Ce sont Ibrahima Sanogo, Moussa Goita, Mariam Traoré, Falaye Fainké, Nouhou Bakayoko, Djibril Soumounou et Mamoutou Traoré. Ils ont appris la dure réalité de la politique africaine (7eme sur 7) mais ils pourront toujours dire qu’ils n’ont pas été ridicules puisqu’au contraire de 2 autres listes (UDD-SIRA-PARENA et SADI-CAP-MODEC) qui n’ont gagné aucune des 30 communes, eux au moins ont fait tomber celle de Boussin avec 25, 34 % des voix.
DIMANCHE, L’HEURE DE VERITE ET DES…..LECONS
La Cour Constitutionnelle vient donc de donner le coup d’envoi du top final de ce scrutin législatif qui s’est joué à Ségou sur 2 tours. L’une des premières leçons que le citoyen ségovien averti retient, c’est qu’il est derrière nous, le temps où le CNID de Maitre Mountaga Tall et l’ADEMA avec sa machine déferlante faisait de Ségou un fief pour l’un et une cité prenable pour l’autre. C’est la première fois d’ailleurs que ces partis, longtemps bénéficiant de l’onction de la République et de ses avantages pour se faire élire députés, se voient dans l’anxiété d’un échec, qui plus est, défaits par l’adversaire dès le 1er tour ! Ces partis historiques, tout comme certains qui sont ces porte-étendards aujourd’hui dans le cercle de Ségou, sont bien en perte de vitesse et il faudrait un sursaut plus qu’extraordinaire pour ne pas les voir chuter de leur piédestal, puisque bien de signes avant coureurs pourraient leur être fatals. L’Alliance ADEMA-CNID-RPDM semble être misogyne, surtout lorsque le cercle de Ségou a droit à 7 députés. Lâchée par plusieurs femmes, depuis les primaires où ils ont refusé de tenir compte de la dimension genre, cette alliance a des arguments peu convaincants durant cette ligne droite de la campagne pour expliquer aux populations de Ségou, dans leur ensemble, la non représentativité de cette couche féminine sur leur liste, lorsque celles-ci se reconnaissent dans l’Alliance RPM-FARE-MIRIA avec la présence de Coulibaly Maimouna Dramé, une femme issue du Mouvement Démocratique. Autre subjectivisme : l’Alliance RPM-FARE-MIRIA se présente à l’aune du « Renouveau Mali » comme celle qui incarne le changement avec de nouvelles têtes au moins qui semblent comprendre que Ségou est « fatigué » de prendre les mêmes et de recommencer. Pour écrire plus sûre, avec le report de voix, l’Alliance ADEMA-CNID-RPDM ne compte pas encore de soutiens officiels (c’est dire son rejet par une partie de l’électorat), au contraire de son adversaire qui a reçu le soutien de l’URD, du PDES et de l’ASMA, des partis et leurs alliés qui totalisent 25 % de votants au 1er tour. C’est dire qu’à Ségou, on fait payer à l’ADEMA et au CNID, par l’entremise de leur candidat à la présidentielle 2013, leur propension à jouer au voltigeur (Dramane Dembélé qui refuse de soutenir le candidat du FDR malgré un pacte signé) et à celui qui est devenu plus royaliste que le roi (Mountaga Tall qui félicite son adversaire à la présidentielle pour « ses bons résultats » sans attendre même la proclamation des résultats provisoires). Des impairs que certains électeurs de l’URD et du PDES voudraient leur faire payer tandis que l’ADEMA sait bien que son parti n’ira pas unifié à ce dernier sprint final, un noyau s’étant refugié dans l’ASMA qui a décidé de voter l’Alliance RPM-FARE-MIRIA. Il faudrait donc que l’Alliance ADEMA-CNID-RPDM qui joue son va-tout, puise dans son expérience politique pour conquérir les 7 places de l’hémicycle, sinon il sera écris un jour dans les annales politiques de Ségou que 2 candidats à la présidentielle au Mali, et non des moindres, adoubé d’un député sortant qui se croyait populaire, n’ont pu obtenir (et en alliance SVP) la majorité des suffrages de leur circonscription électorale !
Moutta
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