« J’exprime ma satisfaction d’être à la Convergence pour le développement du Mali (CODEM). Le 19 juin 2013 marque ma nouvelle vie car il consacre mon adhésion à la CODEM avec conviction, engagement et ferveur », disait-il à la cérémonie d’adhésion. Cette conviction, cet engagement et cette ferveur sont battues en brèche par de nombreux observateurs de la scène politique ainsi que par beaucoup de cadres et militants de la CODEM. Ils y voient une question d’intérêts financiers et politiques de part et d’autre. Sékou Diakité vient avec son argent, à la CODEM lui accordera un soutient politique lors des autres scrutins à venir à savoir les législatives et les communales. Sachant bien, il s’agit de l’ancien ministre du développement, que ses chances avec son parti d’origine sont moindres.
Le tapage médiatique autour de l’arrivée de Sékou Diakité parmi les militants de la CODEM n’a pas pu cacher le scepticisme de certains barons de la formation politique que dirige Housseini A Guindo. On se rappelle, juste après l’adhésion, il a été propulsé directement directeur de campagne du candidat des PUR, Housseini A Guindo. Cette décision, selon nos sources, n’a été largement discutée au sein d’aucune instance du parti. Comme d’ailleurs bien d’autres décisions à la CODEM. Malgré son supposé poids politique, l’adhésion de l’ancien ministre du Développement social, de la solidarité et des personnes âgées, un des malheureux candidats aux primaires de l’Adéma ne fait pas l’unanimité au sein de la CODEM. Son ascension fulgurante est décriée en catimini par certains barons ainsi que par plusieurs militants de longues heures. Ils s’estiment léser et pensent que le désormais ex-2ème vice-président de l’Adema-Pasj ne peut pas apporter grande chose au parti.
Selon un cadre de la CODEM, les anciens de la CODEM auront difficilement la confiance de Sékou Diakité. Car ce dernier vient avec son argent et cela ne suffit pas pour avoir une bonne assise au sein d’une formation politique. Pour s’imposer dans un parti, dans notre pays, l’argent est important mais pas suffisant. La CODEM est un parti jeune. Ce sont des milliers de personnes qui, bientôt cinq ans, ont fait de ce parti ce qu’il est aujourd’hui. A la dernière minute, des nouvelles têtes font leur apparition, avec leur sous il bouleverse toute l’architecture du parti. Selon un autre militant, le candidat des PUR aurait pu accepter Sékou mais pas à ce poste. Ça fait un peu désordre. Il n’y a aucun sérieux dans cette affaire. Un dernier militant fait une projection dans l’avenir. La venue de Sékou Diakité à la CODEM, pour lui, commencera à produire les effets néfastes dans les mois à venir. Quand il s’agira du choix des candidats pour les autres scrutins à venir. On le voit difficilement privilégié au détriment des autres cadres ou militants du parti. C’est en ce moment, précise-t-il, qu’il y aura un risque de bouleversement au sein du parti
Les non dits d’une adhésion
« Si ce n’est pas pour des intérêts personnels et sordides entre le Président de la CODEM et Sékou Diakité comment peut-on comprendre qu’un militant de dernière heure sans base électorale réelle puisqu’il n’est ni conseiller, ni député, soit désigné après sa transhumance politique, comme directeur de campagne. Où sont les cadres de la CODEM en particulier et des PUR en général », s’est indigné un observateur de la scène politique et un autre d’ajouter : « Je vois dans l’adhésion de l’ancien ministre du développement social à la CODEM un enjeu financier important ». Selon lui, toutes les formations politiques engagées dans les élections présidentielles du 28 juillet prochain ont un besoin énorme de sous pour battre campagne. En cette veille des élections présidentielles, les stratégies ne manquent pas pour renflouer les caisses des partis. Surtout pour la CODEM confrontée à une importante crise de trésorerie même si cela n’est dit pas officiellement.
On se rappelle pour des raisons que seul Housseini A Guindo connaît, la direction du parti a renoncé à l’aide publique accordée aux partis politiques. Comment une jeune formation politique d’une petite taille, soutenue par les poches de son président et de quelques barons peut renoncer à 30 millions de nos francs. Donc pour combler ce trou financier béant, les mécènes sont les bienvenues. Sékou Diakité, faut-il le rappeler, a été ministre du développement social, de la solidarité et des personnes âgées. Selon ses détracteurs, il a eu le temps d’amasser de l’argent qui lui permet aujourd’hui d’endosser le poids financier d’une formation politique comme la CODEM.
Le président de la CODEM: seul maître à bord
« A la CODEM, les décisions nous tombent dessus. Elles tombent directement du ciel sans avis, sans consultations. C’est selon la seule volonté du chef, Poulo », a fulminé un militant de longue date du parti. Et d’ajouter : « La décision concernant le versement des 30 millions de FCFA attribués à la CODEM au titre de l’aide aux partis politiques au compte de l’effort de guerre n’a pas l’objet d’aucune discussions sérieuses au sein des instances du parti »
Nous y reviendrons plus en détails.
Moussa Mamadou Bagayoko