Du CMLN à l’Udpm, 23 ans de mensonges

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Tel est le titre du brûlot que Amadou Djicoroni s’apprête à publier le 28 novembre prochain. Son lancement aura lieu, au Centre Djoliba, en même temps que « La Mort de Fily Dabo Sissoko et de ses compagnons : une des pages sombres de notre Histoire Nationale, dont il faut tirer les leçons » ; second livre très attendu de l’auteur.

Dans le premier, Amadou Djicoroni ne prend pas de gant face au « pouvoir fasciste du Comité dit militaire présidé pendant 23 ans par Moussa Traoré et ses comparses ». Un pouvoir à l’origine, selon lui, des maux qui minent le Mali : la paresse, l’inconscience professionnelle, le vol, les détournements de deniers publics, les passe-droits, l’incivisme, l’étouffement du sentiment patriotique, etc.

Voici, en intégralité, l’introduction de ce livre qu’il a fait parvenir à notre Rédaction. 

 

Le Mali est un pays enclavé, dont toutes les frontières sont à plus de 1000 Km du port maritime le plus proche. Le Sahara et le Sahel occupent plus des 2/3 de son étendue. L’Union Soudanaise RDA, qui a conduit ses destinées de 1960 à 1968, n’était pas un parti politique au sens scientifique, mais un mouvement national patriotique, conçu dans le but de lutter contre la domination coloniale pour aboutir à "l’émancipation la plus complète du peuple", comme le disaient clairement ses fondateurs.

 

Véritable symbiose de cultures et d’ethnies, dont chacune a eu son époque de règne sur les autres,

la Nation malienne est fière, solidaire et accueillante ; les sentiments chevaleresques y sont très aigus.

C’est ce fier pays qui a livré l’essentiel des combats contre l’agression et l’invasion coloniales de l’Afrique occidentale, durant plus d’un demi-siècle (1854-1916).

 

Sur toute l’étendue de ce vaste territoire, la résistance à l’agression, à la pénétration et à l’occupation coloniales a été un long chapitre historique, écrit avec leur sang, par les patriotes Maliens de la fin du 19ème et du début du 20ème siècle ; un chapitre où foisonnent les actes de courage, de vaillance, d’héroïsme portant le sceau des grands héros qui font la fierté du pays et de toute l’Afrique : El Hadj Omar Tall, Mamadou Lamine Dramé, Almamy Samory Touré, Sékou Amadou, Tiéba Traoré, Babemba Traoré, Cheiboun, Firhoun, Koumi Diossé Traoré, Bazani, Koula Ladji, etc.

 

 

La lutte a été atroce, très longue, et très meurtrière. Des villes et des villages, ainsi que des biens matériels et des trésors culturels y ont subi pillages et destructions.

 

 

Aujourd’hui on parle du Tata  de Sikasso, mais on tait le fait historique, indiscutable, que toutes nos villes, tous les gros villages, étaient entourés de fortifications qu’on s’est hâté de détruire pour cacher les traces des combats et enlever au peuple les vestiges de son histoire.

 

 

Conformément à sa doctrine du "diviser pour régner", le colonialisme a provoqué ou ravivé partout où cela était possible, toutes les divisions, toutes les contradictions même les plus infimes et les oppositions les moins perceptibles. Selon le professeur Jean Suret-Canale : "Ils se serviront des uns pour abattre les autres en attendant d’abattre à leur tour ceux dont ils s’étaient servis hier. Sous le régime colonial tout a été entrepris pour accentuer davantage le fossé entre les ethnies. En 1915 pour mater la révolte des Bambaras du Bélédougou, c’est un détachement composé de Mossis  qui sera envoyé à Nonkon". Et le Séminaire national des magistrats Maliens de

1967 a rappelé : "Les modifications arbitraires de frontières qui changeront cinq fois la physionomie du pays en l’espace de 60 ans, devaient encore aggraver les atteintes portées à l’unité nationale. »

En 1924 le Soudan Français (Mali) s’étendait sur 1.515.000 km2. Auparavant, il était encore plus vaste et englobait les cercles de Beyla, Kissidougou, Dinguiraye, Siguiri, Kouroussa et Kankan en Guinée, une partie du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, de la Mauritanie et le Niger jusqu’à Zinder.

Le 22 octobre 1946, les trois Partis Soudanais (PSP, PDS, BS) qui avaient participé au congrès constitutif du RDA se sont retrouvés pour décider de la création de la Section Soudanaise du RDA, qui se voulait, dès le départ, point de convergence, instrument de lutte, organisateur, mobilisateur, ciment des forces authentiquement opposées à la domination, à l’oppression, à l’exploitation coloniales du pays. "Autour de l’objectif primordial que constituait la libération du pays de la domination étrangère, le Peuple Malien se retrouvera au sein de l’Union Soudanaise RDA, en dépit de tout ce qui avait été entrepris depuis les décades pour le diviser". (Madeira Keita : 2ème Séminaire US RDA 1962)

Le colonisateur visait à "diviser pour régner", l’US-RDA devait unir pour libérer et épanouir. Toutes les tentatives pour s’opposer à la marche impétueuse du Peuple organisé sous la bannière de l’US-RDA ont échoué : "Les tentatives de créer des partis ou groupements politiques fondés sur des considérations ethniques ou régionalistes n’auront pas de lendemain. C’est l’unité, forgée dans la lutte anticolonialiste et anti-impérialiste qui a permis à notre peuple de recouvrer sa souveraineté et sa dignité". (ibidem)

 

Ainsi, grâce à son programme et à son orientation justes, grâce aussi au courage de ses militants, à la valeur de ses cadres et à son action désintéressée, l’US-RDA a acquis la confiance des populations des villes et des campagnes, bénéficiaires exclusifs de cette action. De minoritaire qu’il était au départ, le parti conquiert la majorité du suffrage populaire qui le porte à la direction des affaires en 1957, malgré les fraudes électorales de l’administration coloniale aux abois. C’est pourquoi la réalisation de l’unicité des organisations (parti unique, syndicat unique, mouvements de jeunes et de femmes uniques), fut vécue comme un succès majeur contre le colonialisme. Le fait notamment que tous les partis politiques du pays aient intégré l’US -RDA, de leur plein gré et sans aucune autre contrainte que la volonté de leurs dirigeants et militants, fut unanimement salué avec enthousiasme, par le peuple. On n’avait pas alors le regard négatif d’aujourd’hui contre le "parti unique". C’était la mystique de l’unité qui prévalait :

"entrer par la même porte, sortir par la même porte,

-boucher par les mains unies de tous, les trous du canari national,

-bâtir un mur qui ne comporte aucune faille dans laquelle  un margouillat puisse se glisser".

Voilà les aspirations, l’objectif que visait le peuple tout entier. A l’époque personne n’avait l’ambition de se singulariser au point de structurer sa position et sa ligne d’action comme opposition a la volonté largement exprimée du peuple de combattre la domination coloniale. L’opposition au combat qui avait cours ne pouvait être que la trahison par rapport au peuple. C’est pourquoi, au lieu de s’opposer, tous les militants politiques et syndicalistes ont œuvré à la réalisation de l’union et de l’unité.

Le Mollah Oumar

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