Désobéissance civile à Mopti : La population ne veut plus collaborer avec le maire Oumar Bathily

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Depuis plusieurs semaines, la Venise malienne connaît des troubles. Et pour cause, la population accuse le maire Oumar Bathily de mauvaise gestion et réclame son départ et la mise en place d’une délégation spéciale.

‘’L’équipe du maire Oumar Bathily a tout vendu’’, fulmine Papa Kondo, responsable du collectif du mouvement des jeunes de Mopti. « Dans cette commune urbaine, il n’y a pas de voirie encore moins de Gie pour la gestion des tas d’immondices, les ordures sont entassées à même le sol, alors que l’épidémie de cholera, qui a fait des ravages dans la région, vient à peine d’être maitrisée. Cette situation ne profite pas du tout à la population qui tire une partie de ses ressources du tourisme », a ajouté Kondo. Et Youssouf Haïdara, 1er vice président du Mouvement d’ajouter : « ici, ce sont les odeurs des caniveaux qui découragent le plus les visiteurs… Le maire, Oumar Bathily et son adjoint, Garba Samassékou restent indifférents face à cette situation. Car, ils ont les yeux rivés ailleurs : la vente d’espaces publics et mêmes privés. Les terrains de foot, les espaces de loisirs sont devenus un souvenir pour cette ville qui a vu naître des gloires du football malien tels Cheick Fanta Mady Diallo, Mamoutou Kané dit Mourley, Koureissi Camara, Oumar dit Barou Guindo …etc. ».

Selon Haïdara, « le parc à bétail (garbal) a été vendu à une dame répondant au nom de Mme Sougoulé par le maire adjoint Garba Samassékou, qui l’a ensuite vendu à un riche commerçant du nom de Yahia Kountam. La gare routière qui est situé aux bas-fonds a été amputée de 7 hectares, est partagée entre certains amis du maire et sa suite. Au quartier de Medina-Coura, les parcelles appartenant à une association de veuves et d’orphelins dénommée Diamandé-Foulbé ont été morcelées et vendues à des nantis de la région. Or, ces terres sont une œuvre de charité de feu Amara Danfaga, ancien gouverneur de Mopti ». Ce qui est perçu au Soud’baba comme un crime abominable.

Face à la gravité de la situation, les jeunes regroupés au sein du Mouvement jeune collectif de Mopti, ont décidé de prendre le taureau par les cornes. Ils ont organisé une marche pacifique le 16 août dernier pour faire plier l’équipe communale qui, selon de sources bien introduites bénéficierait du soutien de l’actuel homme fort du pays, lui-même natif Mopti.
 La témérité de ces jeunes patriotes a contraint le maire et son adjoint à mettre en place une commission d’enquête composée de 7 membres, exclusivement des conseillers communaux. Ce qui n’a pas plu aux jeunes qui ont décidé de protester de nouveau. Ils ont pris rendez-vous avec le maire pour le 31 octobre dernier. Mais à leur grande surprise, le maire s’est évaporé dans la nature. Les jeunes, dirigés par Papa Kondo et Youssouf Haïdara, ont saisi le préfet puis le procureur général pour demander conseil.

Mais sur ordre du procureur, ils sont arrêtés et écroués. La nouvelle se répand comme une trainée de poudre à travers la Venise. Les citoyens de la ville marchent sur le commissariat et obligent le commissaire à libérer les protestataires sur ordre du procureur, le 1er novembre dernier, après des échauffourées avec la brigade anti-émeute au cours desquelles deux policiers seront grièvement blessés et une famille (la famille Djitteye) a été incendiée. Les partisans de Garba Samassékou, armés de haches et de gourdins tentent de s’en prendre à la foule venue soutenir les fâchés. Pour éviter une effusion de sang, les jeunes exigent la démission pure et simple de l’actuelle équipe communale et la mise en place d’une délégation spéciale.

                                                 Badou S. Koba, envoyé spécial à Mopti       

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