L’opposition malienne est plus que jamais décidée à obtenir le quota que lui octroie la loi électorale de notre pays. C’est ce qui explique la deuxième conférence de presse organisée le mercredi dernier dans les locaux de la radio Kayira à Djélibougou.
Les animateurs de l’opposition sont tous formels : le pouvoir est soupçonné d’organiser des élections frauduleuses. Sinon la loi est claire sur le partage des sièges entres les partis politiques de la majorité, de l’opposition et de la société civile. Elle octroie à chacun des acteurs cinq sièges. Mais aujourd’hui, la majorité ne veut pas entendre de cette oreille d’où la colère des partis de l’opposition qui ne demandent que l’application de la loi électorale, violée constamment par la majorité appuyée par le gouvernement.
Selon Dr Mariko, la majorité et son gouvernement pensent que l’opposition se résume au Parti Sadi qui siège à l’Assemblée nationale. Et à ce titre, elle ne peut avoir qu’un seul siège à la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Dans leur déclaration, les responsables estiment que les partis politiques de la majorité, alliés du gouvernement, ne doivent pas siéger à la CENI pour la simple raison qu’ils ne peuvent pas être juge et partie.
Pour Modibo Sangaré, président de l’Unpr, la Commission électorale nationale indépendante n’est pas un gâteau mais un mécanisme de supervision des élections.
L’opposition déplore le comportement du ministre de l’Administration territoriale et des Collectivités territoriales, qui a refusé d’appliquer la loi en frappant de forclusion la liste de la majorité qui n’a pas respecté le délai c’est- à dire le 15 juillet conformément à l’article 7 de la loi électorale.
Selon Oumar Mariko, le ministre Koné s’est transformé en procureur contre l’opposition dont le crime a été d’étaler sur la place publique les raisons du désaccord avec la majorité. Elle reproche au général d’entreprendre une opération de division de l’opposition en invitant le Parti Sadi à lui faire parvenir le nom de son seul représentant devant siéger à la CENI dans une lettre datée du 4 août.
Si la loi ne sera pas respectée aux dires des responsables, l’opposition saisira les tribunaux pour attaquer tout décret qui ne respecterait pas la loi électorale.
L’opposition est représentée par l’Unpr, Bara, Rdr, Mplo, Adcam, Rjp, Cd, Sadi, Cnu- Faso Jo Ton.
Yoro SOW
LE BARA
Une opposition extra parlementaire
Le Bara (Bloc des alternatives pour la renaissance africaine) avait tenu son premier congrès ordinaire le 26 mars 2005. Il avait touché du doigt, au cours de ses assises, les problèmes actuels auxquels le pays est confronté. Au cours de ce congrès, l’accent avait été mis sur le consensus politique actuel. Le président du Bara, le professeur Yoro Diakité, appela à combattre le consensus politique comme nuisible et dangereux à terme pour la démocratie.
Le Bara avait objectivement dénoncé tous les maux qui minent la société malienne d’aujourd’hui, mais avec des perspectives pleines de bons sens. Mais le parti du buffle avait-t-il vraiment dit les causes profondes de cette situation actuelle ?
Le Pr .Yoro avait mis l’accent sur l’absence d’opposition au Mali avant de dénoncer les tares. Il est l’un des acteurs du Mouvement démocratique qui a entrainé la chute d’une dictature pour l’instauration de la démocratie. C’est donc à juste raison qu’il dénonce les graves conséquences du consensus. Le Bara avait dépeint la société malienne d’aujourd’hui, d’échec. Surtout que les partis politiques ont tous abdiqué.
En effet, le président du Bara justifiait cette situation par des raisons alimentaires, de trahison des élites intellectuelles et des leaders politiques à la recherche de subsides et de prébendes.
Quelles sont les causes profondes de cette déconfiture politique ?
La société malienne est définitivement divisée en trois groupes sociaux. Celui des riches, celui des pauvres et des extrêmes pauvres. Le Bara avait dénoncé le concept de solidarité et de lutte contre la pauvreté, la faim, la crise scolaire, l’absence d’opposition, l’unanimisme parlementaire et le consensus politique.
Les causes profondes de ce qui arrive à ce pays, se trouvent dans l’égoïsme, l’hypocrisie, la malhonnête et surtout la mauvaise foi des leaders politiques. Et pour mieux comprendre cela, revenons au 26 Mars 1991. Les acteurs de la chute du régime dictatorial sont bel et bien vivants.
Un parti politique ne se résume pas au récépissé. C’est plutôt les hommes qu’ils mobilisent, sa représentativité aux postes électifs. Sans cela, tout le reste n’est que comédie, malgré le respect enveloppé d’hypocrisie.
Kantéba