Placée sous le thème, ‘’quelles perspectives dans un contexte d’accaparement des terres par la bourgeoisie nationale et l’impérialisme ?’’, cette quatrième édition a été consacrée exclusivement aux organisations paysannes dans l’optique d’échanger sur les difficultés du monde rural et de dégager des perspectives dynamiques pour le bien-être social. Faisant le compte rendu des deux jours de travaux, l’honorable Dr Oumar Mariko, directeur général du réseau Kayira, n’est pas passé par quatre chemins pour définir le concept de gauche. Selon lui, dans l’imaginaire collectif, les gens pensent que le regroupement de gauche se constitue uniquement des partis politiques qui se rencontrent pour poser le problème de gauche. « Les gauches se définissent par rapport aux tâches qui leur incombent dans le contexte politique national. Une véritable gauche ne peut pas accepter que les paysans restent là ou ils sont : sous équipement chronique, baisse chronique de la productivité, accaparement des terres au profit des argentiers nationaux et internationaux. Tout homme ou tout parti politique de gauche qui ne se bat pas pour que la terre appartienne aux paysans n’est pas de gauche », a-t-il souligné. Et d’expliquer qu’être de gauche, c’est de s’engager dans la défense de la souveraineté nationale impliquant entre autres : l’autosuffisance alimentaire, le refus des ingérences extérieures, la monnaie nationale, une armée nationale, un système éducatif orienté vers les besoins fondamentaux du développement du pays. Toutefois, il a précisé que tant qu’existeraient les classes sociales, des exploités et des exploitants, le capitalisme, les idées de gauche ne pourront jamais disparaitre. « La finalité de l’humanité ce sont les idées de gauches » a t-il ajouté. Par ailleurs, il a attiré l’attention que les terres maliennes font l’objet de beaucoup de convoitise de la part des richissime maliens et des organismes internationaux. Beaucoup de paysans, soulignera t-il, ont vu se faire déposséder de leur lopin de terre au profit des riches. « Ces paysans, victimes d’expropriation des terres, viennent gonfler les villes ou se lancer dans l’aventure pour aller mourir dans le désert ou dans la méditerranée », a t-il affirmé. Sur un tout autre chapitre, il a dénoncé le manque de démocratie dans les organisations paysannes caractérisées par l’ingérence du pouvoir pour installer aux structures faitières une aristocratie paysanne. Partant, il fera remarquer que l’agrobusiness tue l’agriculture familiale. Selon lui, l’agrobusiness est orienté vers la consommation extérieure. Car ²l’agrobusiness n’est pas engagé sur le chemin de la création d’unité industrielle pour la transformation des produits locaux. Ainsi, ce système agricole ne permettra pas d’assurer ni l’autosuffisance alimentaire ni la sécurité alimentaire et met en cause notre indépendance en matière de développement agricole. Concernant l’appui des banques aux paysans, il a dénoncé le schéma mis en place par les banques qui devraient aider les paysans mais les enfoncent davantage. Il a aussi regretté qu’à l’heure actuelle, 64 % des Maliens cultivent encore avec la daba, 1% avec le tracteur et 34% avec la charrue. « Aujourd’hui, nous sommes avec les paysans et on sera dans les jours à venir avec les autres couches de la société dans l’idéal de construire un véritable pôle de gauche. Un manifeste est en cours dans ce sens et qui sera soumis aux partis politiques, aux différentes organisations, afin d’enrichir notre vision pour que ce pays puisse définitivement basculer vers la gauche ».
Boubacar SIDIBE