Au moment où des opposants soupent à la table du pouvoir, un ne mâche pas ses mots. Le chef de file du Front pour le développement au Mali (FDM-Mali Nieta Jekulu a critiqué vertement les réformes institutionnelles engagées par le président ATT à un doigt de la fin de son mandat et l’a accusé sans le citer nommément de protéger les délinquants financiers. Il en veut pour preuve le scandale financier du Fonds mondial dont les principaux auteurs sont loin d’être inquiétés, notamment Oumar Ibrahim Touré, ministre d’alors de la santé dont il a demandé l’arrestation et son inculpation.
En trois ans d’existence, le Front pour le développement au Mali (FDM-Mali Nieta Jekulu), parti d’opposition, a tenu samedi dernier au Centre islamique de Hamdallaye sa première conférence nationale. Son président, Dr Harouna Sissoko a éprouvé un vrai bonheur à traiter la vie du parti et l’actualité nationale. D’une voix parfois étouffée, mais loin d’être hésitante, il a brodé sur les thèmes de la pauvreté « qui gagne chaque jour du terrain », les réformes institutionnelles, l’Assurance maladie obligatoire qui a soulevé des vagues de mécontentements de plusieurs corporations, l’échec des privatisations, l’emploi.
Sur un sujet aussi âpre que la pauvreté, il a établi un contraste fulgurant entre « le cercle des pauvres » qui « s’agrandit et le nombre des milliardaires de la démocratie » qui « croît de façon extraordinaire et inimaginable.» Cet état de fait s’apparente plus à des « insultes à l’endroit d’un peuple travailleur, discipliné et reconnaissant qui a versé son sang pour conquérir la démocratie en disant non à l’arbitraire, l’injustice, la gabegie, la corruption et les détournements de deniers publics. » Dans ce contexte de pauvreté rampante, le thermomètre social est monté d’un cran avec les contestations consécutives (grèves, marches) à la mise en route de l’Assurance maladie obligatoire (AMO) par le gouvernement. Qui tient un double langage. Puisqu’il « a annoncé qu’il la rend désormais facultative. Et pourtant, il continue à prélever sur le salaire de ses employés. »
En conséquence, le FDM-Mali Nieta Jekulu demande l’arrêt sans condition des prélèvements sur le salaire des travailleurs afin que le remboursement des sommes prélevées soit intégral. »
L’actualité, ces derniers temps, reste marquée par les réformes intentionnelles.
Les avis sont très divergeant sur le fond et le moment choisi. Dr Harouna Sissoko a ajouté sa voix au concert de protestations : « Au FDM-MNJ, nous pensons que les réformes politiques avec en toile de fond le référendum, ne sont ni opportunes, ni prioritaires surtout si elles doivent s’opérer à la fin du mandat du président sortant. » Ce point est évacué en quelques secondes. Aucun développement sur les aspects jugés controversés par le parti, aucune suggestion d’amélioration du document produit par la Cellule d’appui aux réformes institutionnelles (CARI) et rien sur la question lancinante : est-ce que le calendrier autorise le déroulement d’une telle réforme majeure.
Par contre, il a demandé un chronogramme précis des élections générales de l’année prochaine devant être organisées sur la base d’un fichier électoral fiable issu des données du Recensement administratif à vocation d’état civil. Du moins, tel est le souhait exprimé. Autre souhait, qui du reste est un sujet récurrent, l’adéquation entre la formation et l’emploi.
Ce refrain étonné par nombre de politiques et de membres de la société civile depuis des décennies a laissé le champ à une longue intervention sur le scandale financier du Fonds mondial. Là aussi, Dr Harouna Sissoko a retrouvé ses accents pointus : « Un phénomène non moins important qui handicape sérieusement le développement de notre pays est celui de l’impunité qui est cautionné par les pouvoirs publics comme un fait banal. Sinon, comment comprendre ce scandale financier du Fonds mondial dont les principaux auteurs circulent au vu et au su du peuple déçu et confus. C’est dire qu’il absurde de prôner la bonne gouvernance, la droiture, bref le respect de la loi, de la justice et des institutions si les plus hautes autorités continuent à protéger les délinquants financiers et les auteurs de troubles. »
L’usage veut que les partis politiques invités gardent une grande réserve et admettent qu’il ne peut s’agir que d’un simple échange de politesses. Les représentants des « partis amis » ont mis en exergue quelques traits de caractère des dirigeants de ce parti, à savoir « le sérieux et la constance. » Le FDM revendique des conseillers municipaux élus à Sadiola, Bendougouba (Kita) et Kontéla (Bafoulabé).