La candidature à l’élection présidentielle d’Avril 2012 de Dr Hamed Sow, président d’honneur du Pdes, se précise au fur et à mesure que l’échéance approche. Du lancement officiel des activités de l’Association des amis et sympathisants de Ahmed Sow aux discours de l’intéressé lui-même, les événements s’accélèrent. Hamed Sow avance inéluctablement vers la course pour Koulouba. Après Jeamille Bittar, le conseiller spécial du président de la République pourrait être (dans les jours à venir) le deuxième cadre du Pdes à s’engager dans la conquête de la magistrature suprême, pour présider aux destinées du Mali, un pays pour lequel il a de nobles ambitions. Il s’est confié à notre reporter dans l’interview qui suit.
L’Aube : De plus en plus, votre éventuelle candidature à l’élection présidentielle d’Avril 2012 est évoquée. Êtes-vous candidat à cette élection ?
Dr. Hamed Sow : Comme je l’ai dit à mes amis et sympathisants, réunis au sein de l’association qui porte mon nom, l’Asas, nous sommes entrain de nous organiser d’abord. Pour moi, il ne s’agit pas d’être candidat pour être candidat, il s’agit de se lancer dans une action pour aboutir à des résultats probants. C’est la raison pour laquelle nous avons préféré d’abord mettre en place les structures de cette association. Nous avons fait venir, pour le lancement, les délégués de tous les cercles du Mali à l’exception de ceux de la région de Kidal. Ces délégués sont retournés et ont déjà commencé à mettre en place les structures locales. Nous sentons un certain engouement ; nous allons bientôt effectuer des visites de terrain, et nous verrons si la moutarde a pris. En ce moment là, nous déciderons en connaissance de cause s’il faut y aller ou pas. Mais, tel qu’on voit les choses aujourd’hui, ça nous amène à un certain optimisme.
Donc, c’est l’Asas (Association des amis et sympathisants de Ahmed Sow) qui a suscité votre candidature ?
L’Asas est une association qui adhère à ma personne et qui souhaiterait que je sois candidat. Mais, je suis sûr que si d’aventure je ne l’étais pas, ses membres resteront fidèles à ma personne et nous pourrons faire d’autres choses utiles.
L’Ajcr (Association jeunesse citoyenne et responsable) aussi serait très proche de vous ?
L’Ajcr a un objectif noble, à savoir mobiliser les jeunes pour qu’ils aillent voter. C’est une association de jeunes citoyens qui veulent lancer des actions citoyennes en amenant les jeunes à aller s’inscrire sur les listes électorales et à aller voter. Ils m’ont approché afin que je parraine le lancement de l’association. De commun accord, nous avons retenu le thème sur l’emploi et la formation professionnelle et j’ai demandé que la cérémonie soit placée dans le cadre du Pdes pour éviter des amalgames.
Le Pdes dont vous êtes le premier président d’honneur a décidé de ne pas présenter de candidat à la prochaine Présidentielle. N’est-ce pas vous allez à l’encontre de cette décision dans le cadre de votre éventuelle candidature ?
Le Pdes n’a pas pris cette décision. Le Comité directeur national avait mandaté une commission de réflexion de faire le point sur la question de la candidature. C’est cette commission de réflexion qui a fait une proposition au Cdn, qui n’a pas statué. Mais, cette commission a jugé utile de faire un communiqué de presse. J’ai été surpris de constater que les gens n’ont pas bien lu le communiqué et l’ont interprété à leur manière. Il y est stipulé que « la commission a décidé de proposer au Cdn de ne pas présenter de candidat ». Mieux, le Cdn ne peut même pas décider que le Pdes ne présente pas de candidat, pour la simple raison qu’une résolution dela Conventiondes 17 et 18 décembre 2011 demande clairement au Cdn de choisir un candidat interne, de convoquer une conférence nationale pour valider cette candidature interne. Le Cdn est chargé de l’exécution des résolutions de la convention. Maintenant ou le Cdn décide de piétiner une résolution de la convention, ou il convoque une nouvelle convention pour changer la résolution. Mieux encore, l’immense majorité du Cdn est pour une candidature interne. Cela est attesté par le procès verbal de la première réunion du Cdn après la convention. Tous les intervenants ont souhaité qu’on désigne un candidat interne et très rapidement.
Donc, une commission de réflexion ne peut pas se substituer ni au Cdn encore moins à la convention.
Nous pouvons donc retenir qu’il n’est pas exclu que le Pdes présente un candidat à la Présidentielle 2012 ?
Je dis quela Convention, qui est l’organe suprême de décision du Pdes, réunie en décembre 2011, a pris une résolution claire, nette et précise pour donner mandant au Comité directeur national de désigner un candidat interne et de convoquer une conférence nationale qui est notre instance qui valide les candidatures. Une commission de réflexion a été mise en place pour cela ; elle a été changée, à un moment, en une commission d’investiture, avant de redevenir une commission de réflexion qui vient de remettre sa proposition au Cdn. Le jour où le Cdn se réunira, on va demander à chacun de se prononcer, éventuellement par vote, pour voir s’il y a des gens qui respectent les textes du parti ou pas. Ce problème est une sorte d’impasse dans laquelle nous nous sommes mis nous-mêmes.
Les mouvements dans votre entourage laissent entrevoir que vous êtes réellement entrain de vous préparer à être éventuellement candidat ?
Nous, nous avons compris que les procédures au niveau du Pdes risquent de prendre du temps. C’est pourquoi, nous avons décidé de commencer le travail, parce que pour nous, la politique, c’est une question de terrain. Il faut mobiliser les militants, être à leur écoute constamment. C’est ce travail de terrain que nous avions fait au Pdes. Mais, dès que ce communiqué malheureux a été mal interprété, nous savons quels dégâts ça fait au sein de nos militants. Des gens sont venus de loin, pour se concerter avec moi sur le sujet et m’apporter leur soutien. C’est moi qui les contiens afin que nous restions et travaillions dans le cadre du Pdes. Pour moi, le plus important, c’est de sentir cette symbiose entre nos militants, les populations et notre personne. Si nous avons cette conviction là, nous allons y aller, nous serons candidat à cette élection présidentielle. Si nous ne sentons pas cela, il ne faut pas s’enfermer dans une candidature. Car, il ne s’agit pas pour moi de faire une candidature de témoignage. Il s’agit pour moi, de me lancer avec comme objectif d’être dans le tiercé gagnant, sinon je n’irai pas.
Est-ce que vous avez la caution du chef de l’Etat dont vous disiez, il n’y a pas longtemps que vous attendiez la bénédiction ?
Tous les actes que je pose, je les soumets au préalable au président dela République. Ence qui concerne l’Asas, le l’ai informé. Et le jour où je déciderai d’être candidat, avant de l’annoncer officiellement, je vais le soumettre au président dela République. Unechose est sûre et certaine aussi : ce que le président me donne comme conseil, c’est ça que je respecte. S’il estime que ce n’est pas une bonne chose d’y aller, je le ferai comprendre aux gens. Parce que je fais de la politique, certes pour le pays, mais aussi parce que je suis derrière un homme. J’estime que cet homme là a énormément fait pour le pays et que ce qu’il a fait mérite d’être poursuivi, voire amplifié. Moi, je peux me passer de la politique, s’il le faut, comme je n’ai pas hésité à quitter le gouvernement. Pourtant, j’ai fait des choses extrêmement importantes. J’ai mis en place un fonds d’investissements qui a mobilisé 465 millions de dollars en deux ans pour le Mali mais pour d’autres pays aussi. J’aurai pu continuer à gérer ce fonds tranquillement. Mais quand le président dela Républiquem’a demandé de venir à ses côtés pour l’accompagner dans la dernière ligne droite, je n’ai pas hésité à demander une mise en disponibilité jusqu’au 30 juin 2012 pour venir à ses côtés ; et je l’accompagnerai jusqu’au 8 juin. Je ne fais pas la politique par nécessité, ni pour avoir des places ; je fais la politique par conviction, et parce que je crois en ce que je fais et je crois en ATT.
Au cas où le Pdes déciderait en définitive de ne pas présenter de candidat, est-ce que vous vous présenteriez néanmoins ?
Ça c’est réglé par les textes du Pdes. Il est clairement dit que même si le parti ne présente pas de candidat, les candidatures individuelles sont permises. Bittar est déjà candidat ; demain, moi je serai candidat ; tout comme d’autres peuvent être candidats. S’il y a un point sur lequel nous sommes totalement d’accord, c’est que, si nous n’arrivons pas à une candidature de consensus, des gens qui se sentent capables peuvent être candidats et restent membres du Pdes.
Quelles ambitions vous avez pour le Mali en tant que probable candidat à l’élection présidentielle?
Le Mali est un pays qui a des atouts importants. Tout d’abord, je ferai en sorte que l’action qui a été entamée en matière de renouveau de l’action publique soit renforcée.
Pour ça, je voudrais utiliser la politique des revenus pour combattre efficacement la corruption.
Je voudrais aussi faire en sorte que nous ayons un système agricole très performant en mettant l’accent sur l’agriculture de base. Comme c’est précisé dansla Loid’orientation agricole, je ferai une reforme foncière dans le milieu rural en cédant les terres aux exploitants en bail. Je voudrais en même temps avoir une politique volontariste pour faire en sorte que nos exploitants agricoles puisse accéder à l’équipement de base qu’est la charrue et le bœuf. Il faut décomplexer le travail de la terre ; il faut réconcilier les jeunes avec le travail de la terre. Donc, produire suffisamment et exporter.
Il faut aussi asseoir une bonne politique semencière et développer l’élevage, et la pêche.
Ensuite, le Mali est un pays extrêmement riche sur le plan minier. Nous avons plus de 1,5 milliard de tonnes de fer ; 1,2 milliard de tonnes de bauxite ; il y a de l’or, du pétrole, du manganèse, du phosphate, du calcaire etc. Il faut donc mettre en place une véritable politique minière.
Tout ça doit être accompagné par une politique énergétique. Parce que sans énergie, il n’y a pas de développement. Aujourd’hui, nous avons à peu près 485 mégawatts, soit 18% de taux d’accès aux populations. Il y a de grandes actions en cours qui accroîtront le taux de couverture, mais ce sera toujours largement insuffisant si on ne pousse pas d’autres chantiers. Moi-même, je reçois des investisseurs espagnols qui viendront les 13 et 14 février prochains et qui sont prêts à installer des centrales sous forme de BOT, donc l’Etat ne paye rien. Le seul facteur important, c’est qu’ils arrivent à produire à des coûts assez bas pour nous. Nous voulons également développer le Solaire. Aujourd’hui, nous avons des technologies éprouvées. Mon fils est le chef du plus grand chantier quela Franceest entrain de mettre en œuvre dans le solaire. Il serait très heureux demain de venir avoir sa boite pour installer des centrales solaires au Mali. Il faut impérativement développement le secteur énergétique. C’est pourquoi, si nous sommes aux affaires ou si nous sommes dans une position qui nous permet d’agir sur les événements, nous nous donnons comme objectif durant les cinq prochaines années d’avoir 1 000 mégawatts complémentaires. Ainsi près de 35% de nos populations et plusieurs de nos unités industrielles pourront avoir accès à l’énergie.
Par ailleurs, nous allons poursuivre et amplifier l’œuvre grandiose faite par ATT dans le domaine des infrastructures routières.
Nous voulons également développer des secteurs d’avenir comme les Nouvelles technologies de l’information et de la communication.
Enfin, nous n’oublions pas les ressources humaines qui constituent la première matière. Et cela passe par la formation professionnelle.
Notre passion, c’est d’apporter quelque chose au pays.
Nous pensons que nous avons des idées et que nous avons les capacités de les mettre en application. C’est tout le sens de notre action.
Est-ce qu’il y a des candidats ou partis avec lesquels vous entretenez des relations qui peuvent aboutir à d’éventuelles alliances ?
Je suis ouvert et j’ai de bons rapports avec tous les grands candidats. Je n’ai pas de problème d’alliance. Et vu que je suis quelqu’un de nouveau, je n’ai pas de passé qui peut bloquer une alliance. Le critère qui va être déterminant, c’est de voir parmi les projets de sociétés de ces candidats, lequel s’approche le plus du nôtre.
L’autre sujet brûlant de la nation, c’est la crise au nord. Quelle est la première lecture que vous faites de la situation actuelle?
J’ai un sentiment de regret. Nous sommes dans un pays démocratique, on n’a pas besoin d’armes pour s’expliquer. Nous sommes un pays de dialogue, notre président dela Républiqueest un homme de paix et de dialogue. Donc, on aurait pu faire l’économie de cette guerre. On nous l’a imposés, on la fera et la mènera à bout. Nous avons une véritable armée de métier. De 2003 à maintenant, 14 000 recrues ont été formées. Nous avons des équipements. L’armée malienne est capable de régler le problème, mais ça ne nous empêche de vouloir le dialogue. Un mort, qu’il soit du côté de l’armée ou des rebelles, est un mort malien ; et c’est un mort de trop. C’est pour cela que le président a toujours prôné la paix, et c’est la raison pour laquelle il faut renouer le dialogue. Dieu merci, ce dialogue a commencé timidement à Alger. Tout est discutable, à l’exception notoire de l’intégrité territoriale. Le Mali est UN et INDIVISIBLE. Pour ce qui est du reste, tout ce qui peut être fait sera fait pour que nos braves concitoyens qui vivent dans le nord Mali puissent élever tranquillement leurs enfants, sans avoir besoin d’aller dans d’autres pays, dans des conditions très difficiles. S’ils font cette guerre au nom de ces populations, elle n’en vaut pas la peine d’être menée.
Est-ce que c’est réellement pour un problème de développement du nord ?
Si nous voulons une paix durable, il faut jouer sur les deux tableaux : sécurité et développement. Par rapport à l’aspect sécuritaire, il faut que nous soyons les plus forts. Pour le développement du nord, le président dela Républiquea lancé le Programme spécial pour le développement du nord qui, en définitive va nécessiter un investissement de plus de 40 milliards de FCFA. Au-delà de cela, le nord Mali regorge d’énormes potentialités. Le barrage de Taoussa, le potentiel pétrolier de Taoudénit, le phosphate de Tilemsi, le potentiel en uranium de Kidal, le manganèse à Hombori etc. sont autant de possibilités pour le développement du nord. Mais, cela se fait à une seule condition : la paix.
Est-ce que la situation est de nature à remettre en cause la tenue des élections ?
Le président dela Républiqueest catégorique la dessus : il souhaite que les élections se tiennent. Et, tout sera fait pour que les élections se tiennent. Cependant, à l’impossible nul n’est tenu. Mais, pour le moment, le seul schéma à retenir, c’est que les élections se tiendront.
Réalisée par Sékou Tamboura