Invité sur le plateau de l’émission «Débat Politique» de la radio «Klédu», sur les 23 ans de la Démocratie, Dr Etienne Fakaba Sissoko n’a pas fait dans la dentelle face à ce qu’il qualifie d’acquis mitigés par rapport aux sacrifices des martyrs de mars 1991. Avec l’amplification du phénomène de la corruption et la naissance de nouveaux milliardaires contre l’augmentation du taux de pauvreté, les échecs du système scolaire, le manque d’accès aux soins de santé, l’insécurité alimentaire, etc. les acquis de la Démocratie malienne ne peuvent être satisfaisants, selon lui, grâce aux seules libertés d’expression, syndicales et du multipartisme. «Pour être fier du 26 mars, il faut trouver une réponse aux préoccupations majeures de nos populations», tranche-t-il. Décryptage.
«23 ans après mars 1991: Quel bilan pour notre Démocratie?». Tel était le thème de l’émission de débat politique de la radio «Klédu» de ce jeudi 20 mars 2014. Autour du présentateur, Kassim Traoré, Hommes politiques et militants de la société civile ont croisé leurs regards.
D’entrée de jeu, le président du Parti Socialiste «Yelen Kura» (non moins porte-parole du FDR), a rappelé les péripéties qui ont marqué l’avènement de l’ère démocratique dans notre pays. Pour Amadou Koïta, les acquis sont indiscutables avec le vent de liberté et de Démocratie dont le peuple avait besoin. «Une Démocratie se construit, et les difficultés ne peuvent justifier le coup d’Etat du 22 mars 2012», a déclaré M. Koïta qui a rendu hommage à l’ex président Amadou Toumani Touré, chassé du pouvoir par une mutinerie menée par l’ex capitaine Amadou Haya Sanogo.
Pour le président du Collectif des Patriotes (COPA), cette mutinerie n’est que la résultante d’une culture d’impunité entretenue depuis de nombreuses années par les dirigeants. «La révolte populaire était donc inévitable; car, les Maliens n’en pouvaient plus», analyse Makan Konaté qui s’incline devant la mémoire des dizaines de soldats maliens égorgés en janvier 2012 à Aguel-Hoc et dans plusieurs autres localités du pays.
Dramane Diarra est de ceux qui estiment que le coup d’Etat du 22 mars 2012 a consacré une rupture constitutionnelle. Pour le président de l’Alliance des Générations Démocratiques, ce coup d’Etat restera une tache noire de l’Histoire de notre Démocratie. Aussi, l’invité du débat a rendu un vibrant hommage aux précurseurs de la lutte démocratique marquée par l’engagement, dit-il, d’hommes et de femmes de conviction. « Nous devons travailler à renforcer nos acquis démocratiques», a recommandé le militant de la société civile, qui salue «les avancées notables».
«La Démocratie des nouveaux milliardaires»
Si Dr Etienne Fakaba Sissoko partage ces acquis (liberté d’expression, syndicale, multipartisme, etc.), il regrette, en revanche, que 23 ans après, les mêmes revendications sociales soient encore d’actualité au Mali. Car, argue le représentant du parti SADI, le niveau de vie du Malien moyen peine à s’améliorer à cause de l’extrême pauvreté, du manque d’accès à une éducation de qualité, aux soins de santé, à l’insécurité alimentaire qui frappe des foyers, à la difficulté pour l’Etat malien d’exercer la plénitude de sa souveraineté sur toute l’étendue du territoire national, etc. En clair, explique Etienne Fakaba, le sacrifice du 26 mars nous impose de faire face à ces multiples défis. «On ne peut pas se satisfaire du bilan actuel en sachant qu’une personne meurt chaque jour du fait de l’insécurité alimentaire. Et que 100.000 jeunes sortent chaque année de nos grandes écoles et se retrouvent dans la rue sans emploi, etc.», dénonce Dr Sissoko qui s’insurge que, depuis mars 1991, les indices de développement ne soient pas favorables au Mali. Pour preuve, il s’appuie sur le classement de l’Indice de Développement Humain (IDH) du PNUD en 1990-1991 qui classait le Mali 174e pays le plus pauvre au monde sur 177 pays classés. « Le drame est que la situation s’est empirée», constate-t-il; puisqu’en 2011 le même classement donne le Mali 175e pays le plus pauvre sur 177. Economiste de formation, Etienne Fakaba rappelle que ce classement prend en compte les secteurs sociaux de base (éducation, santé, sécurité alimentaire, etc.). Bref, pour lui, cet indice s’appuie sur des indications sur le niveau de vie de la population. «Les chiffres parlent et prouvent que nos conditions d’existence n’ont pas changé du tout», constate-t-il.
Selon le Commissaire chargé des relations extérieures de la jeunesse SADI, cet anniversaire du 26 mars doit donc servir d’une occasion de remise en question à partir d’un certain nombre de constats d’échec. Ce constat, précise-t-il, est établi après les menaces sur les libertés (telle l’arrestation et l’agression de journalistes), l’amplification du phénomène de la corruption avec de nouveaux milliardaires nés sous la Démocratie. «Il est inadmissible que c’est sous la Démocratie qu’il y ait de nouveaux riches et, paradoxalement, plus de pauvres. Ceci pose véritablement la problématique de la gouvernance économique dans notre pays et la répartition équitable des ressources nationales. La croissance économiques est là; mais, les Maliens sont de plus en plus pauvres…Quel paradoxe!», s’exclame Dr Sissoko, qui renchérit que l’un des principes essentiels de la Démocratie demeure la bonne gouvernance. « Malheureusement, le Mali est loin d’être un champion», tranche Etienne Fakaba qui interpelle le régime actuel face à la nécessité de mettre un accent particulier sur la lutte contre l’impunité, et d’accroitre le développement humain durable à travers les secteurs prioritaires tels l’éducation, la santé, la sécurité alimentaire, etc.
Tony Camara
je partage l’avis l’avis de Dr SISSOKO sur la question, il est vrai cette révolution de mars 91 n’était pas seulement pour avoir la liberté, création de multipartisme et autres mais c’était aussi pour améliorer les conditions sociaux de base telles que la santé, l’éducation, le niveau de vie des maliens etc. Depuis 1991 nous constatons que notre pays est entrain de régresser voire incapable d’améliorer ces conditions sociaux de base. quel est ici l’intérêt de cette révolution de Mars 91?
je partage l’avis l’avis de Dr SISSOKO sur la question, il est vrai cette révolution de mars 91 n’était pas seulement pour avoir la liberté, création de multipartisme et autres mais c’était aussi pour améliorer les conditions sociaux de base telles que la santé, l’éducation, le niveau de vie des maliens etc. Depuis nous constatons que notre pays est entrain de régresser voire incapable d’améliorer ces conditions sociaux de base. quel est ici l’intérêt de cette révolution de Mars 91?
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