La rencontre, qui s’est achevée dimanche, a permis aux participants de relever la nécessité d’améliorer le niveau des élèves à l’école primaire et fondamentale ; d’envisager des mesures et stratégies pour que de plus en plus de filles soient scolarisées. Il a également été question de l’amélioration du niveau général de l’enseignement primaire et fondamental.
Cela est d’autant plus indispensable que la situation de l’enseignement dans les États du Sahel a été compliquée avec le terrorisme et la Covid-19. «D’où la nécessité d’harmoniser les positions des différents États. La Banque mondiale s’est engagée à aider les États à investir massivement pour maintenir ou élever le niveau de l’enseignement», a assuré le Premier ministre.
Le Mali affiche des résultats encourageants par rapport au pourcentage du Produit intérieur brut (PIB), du budget national, de façon générale, qui est consacré à l’école de base. Pour le Premier ministre, cela ne donne pas entièrement satisfaction, étant donné qu’on a des pans entiers du territoire où il n’y a pas d’écoles. Pour améliorer ces bons résultats, les techniciens des ministères de l’Éducation et des Finances travailleront avec la Banque mondiale.
Sur un autre registre, le Premier ministre s’est exprimé sur les échanges qu’il a eus, en marge du sommet, avec les présidents mauritanien, Mohamed Ould Ghazouani et nigérien, Mohamed Bazoum et les responsables de la Banque mondiale. Dr Choguel Kokalla Maïga a confié avoir privilégié la pédagogie pour expliquer à ses interlocuteurs la situation spécifique de la Transition malienne.
«Nous devons éviter, en tout cas, c’est l’avis de notre gouvernement, d’avoir un schéma standard de transition à appliquer à tous les pays ; des délais standards à appliquer à tous les pays : 18 mois, 24 mois, 6 mois, etc», a-t-il recommandé.
La raison ? Les causes de la survenue de la Transition au Mali ne sont pas les mêmes que dans un autre pays. À ce propos, il rappellera qu’au Mali, les militaires ne se sont pas levés, du jour au lendemain, pour venir prendre le pouvoir. Mais, expliquera le chef du gouvernement, il y a des conditions qui ont conduit à un soulèvement populaire.
Pour Dr Choguel Kokalla Maïga, il est important de tenir compte de la satisfaction des revendications exprimées par les populations : l’amélioration de la sécurité sur l’ensemble du territoire, la lutte contre la corruption et l’impunité, le besoin de réformes politiques et institutionnelles, l’organisation d’élections crédibles.
«Donc, il faut prendre et traiter l’ensemble de ces questions. Parce que si on ne les traite pas et qu’on fasse les élections pour les élections, on va se retrouver avec un nouveau pouvoir qui peut être renversé à tout moment, on reviendra à la case départ», a-t-il averti. Avant de soutenir qu’au Mali, la durée de la transition doit être définie en fonction de la résolution des maux qui ont été à la base de ce processus.
En appui à cet argumentaire, il présentera un tableau fort peu reluisant de la situation sécuritaire du pays. Ainsi, ceux parmi nos compatriotes qui arrivent à aller dans leurs champs sont malheureusement empêchés de faire des récoltes. Qui plus est, des citoyens sont attaqués et tués. «Dans ces conditions, est-ce qu’on peut raisonnablement parler d’élections dans ces zones, sans avoir rétabli un minimum de sécurité ?», a questionné le chef de l’administration malienne, avant d’indiquer que c’est ce à quoi le gouvernement s’attache aujourd’hui.
Le Premier ministre confiera avoir dit à nos partenaires que «notre bonne foi peut être difficilement mise en doute». Ainsi, il a énuméré un certain nombre de points qui peuvent être considérés comme des avancées. Il s’agit notamment de l’adoption par le gouvernement de la loi sur l’organe unique de gestion des élections, de la poursuite de la lutte contre l’impunité, de l’inculpation de certaines personnes en lien avec les disparitions forcées de journaliste.
Ce n’est pas tout : ceux qui sont présumés impliqués dans les pertes en vies humaines pendant les manifestations de 2020 sont sous le coup de la justice, la lutte contre la corruption est engagée à divers niveaux…
«Les Assises nationales de la refondation (ANR) discuteront des réformes pour que les Maliens aient le sentiment d’avoir tous participé à la définition des éléments du nouveau contrat social qui doit y avoir entre les gouvernés et les gouvernants», a tranché le Premier ministre. D’où son étonnement face à la pression et aux menaces de sanctions brandies contre notre pays.
À la fin des assises, les autorités de Transition reviendront vers ces partenaires en fin décembre, début janvier avec un agenda, le calendrier des élections sur la base duquel nous avons discuté.
«Nous estimons que nos partenaires et nos frères de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) feront l’effort de nous comprendre. Deux semaines dans la vie d’une nation, pour un processus de Transition aussi incertain, je pense que ce n’est pas exagéré», a espéré Dr Choguel Kokalla Maïga.
Selon lui, le président de la Transition et le gouvernement ne souhaitent pas donner le sentiment aux Maliens que leur destin se décide ailleurs. «Nous avons dit à nos partenaires qu’il faut tenir compte de ce fort besoin de restauration de la dignité des Maliens», insistera-t-il.
Le chef du gouvernement a le sentiment d’avoir accompli sa mission de pédagogie, d’explications. «On ne se lassera jamais de faire la pédagogie, d’expliquer jusqu’à ce qu’un terrain d’entente soit trouvé», a-t-il rassuré. Et Dr Choguel Kokalla Maïga de souhaiter que tous les Maliens se donnent la main, estimant que l’échec de cette Transition n’est pas bon pour notre pays et pour les différents acteurs.
Par ailleurs, le Premier ministre s’est réjoui que la Banque mondiale ait repris sa coopération avec le Mali depuis septembre 2021. En dépit des difficultés, il a salué le soutien de l’institution à notre pays dans la lutte contre la Covid-19 et l’insécurité alimentaire.
Envoyé spécial
Massa SIDIBÉ