Pour mieux se lancer dans le sprint final pour la conquête de Koulouba en 2012, le docteur Cheick Modibo Diarra a pris ce qu’il appelle lui-même un repos sabbatique à la NASA. Et, pour mieux affûter ses armes, il vient de démissionner de la présidence de Microsoft Afrique. Il compte en particulier sur le Rassemblement pour le développement du Mali (RPDM) un parti qu’il a créé il y a tout juste un an pour le porter au pouvoir. Ce natif de Nioro du Sahel a d’abord fréquenté le lycée technique de Bamako avant d’obtenir un PHD en génie mécanique appliqué à l’université Howard de Washington. Vice-président du comité scientifique mondial, il est, sans aucun doute, une sommité dont le mérite a été reconnu successivement par les présidents feu Omar Bongo, Abdoulaye Wade, Laurent Gbagbo, Blaise Compaoré qui lui ont décerné les plus hautes distinctions de leurs pays. Il a, en outre, reçu le prix de l’Education du Maroc. Le succès du robot Pathfinder, grâce à Cheick Modibo Diarra, a gravé pour l’éternité les noms de Nioro du Sahel, de Ségou, de Tombouctou et de Mégerve en France sur la planète Mars. Un petit pas pour l’homme, un grand pas pour les générations futures. Mais de la science à la politique, du ciel à la terre, Cheick Modibo Diarra veut s’élancer comme un météorite. Un rêve que caressait déjà Jules Verne.
Une vérité biblique dit que nul n’est prophète en son pays. C’est le cas du docteur Cheick Modibo Diarra pourtant rentré au bercail depuis 2003 pour participer à l’œuvre de construction nationale.
Un pays qu’il n’a jamais laissé depuis qu’il était professeur assistant à l’université Haward de Washington. Car pendant tout ce temps, il venait en vacance à Ségou pour cultiver le champ de son père.
Parti à la NASA en 1989, ce digne fils du terroir ne fut véritablement révélé à l’attention de sa propre opinion publique qu’avec la réussite de la mission "Mars Pathfinder" où il était navigateur dans la phase de conception. Mais, bien auparavant, ce continuateur du rêve de Jules Verne "De la terre à la lune" avait dirigé à l’agence spatiale américaine plusieurs autres programmes d’exploration de l’espace.
Il s’agit notamment des missions Magellan vers Venus, Ulysse dirigée sur le pôle du soleil, Galilée sur Jupiter, Observer sur Mars pour une cartographie très détaillée de cette planète. C’est en 2000 que Cheick Modibo Diarra a été promu navigateur interplanétaire. Puis, en tant que directeur des programmes d’éducation et de formation, il était à la tête d’une équipe d’éminents chercheurs chargés d’élaborer une feuille de route pour les cinquante ans à venir. Ce programme du millenium avait comme objectif de former une constellation autour de la terre pour prévenir les catastrophes naturelles comme les tsunamis, les cyclones, les tremblements de terre et les chutes de météorite sur notre planète.
Ayant quitté la NASA en 2002, Cheick Modibo Diarra devient le premier président directeur général de l’université virtuelle africaine avec siège à Nairobi grâce au concours de la Banque mondiale.
Ainsi de l’espace, le martien avait remis les pieds sur terre. Ce qui n’empêchera pas Bill Gate, le patron de Microsoft, de le contacter pour diriger son entreprise en Afrique avec comme quartier général l’Afrique du Sud, l’objectif visé étant d’aider le continent à se hisser à un certain niveau technologique.
Parallèlement, il était dans la ligne de mire de l’UNESCO qui en fit son ambassadeur de bonne volonté pour la science, la technologie et l’entrepreneuriat. C’est à ce titre qu’il donna de 1998 à 1999 des conférences dans le monde pour encourager les gouvernements à investir dans la science afin de créer des richesses. Son désir le plus ardent est de partager ses connaissances et de mettre son expérience au service des autres.
En tant qu’homme de science surtout, il a beaucoup souci de l’avenir de la jeunesse, notamment celui des filles. Les camps d’excellence ont commencé en 2000. Cinquante filles sont sélectionnées chaque année dans quatorze pays dont onze dans le pays d’accueil pour bénéficier d’une bourse d’étude dans des universités et instituts à l’étranger.
Le camp bouge chaque année d’un pays à un autre et depuis son installation environ 500 jeunes filles ont déjà bénéficié de l’aide de ses partenaires comme la BID, la BCEAO, Ecobank, la BOAD et l’UEMOA.
Dans son domaine, Cheick Modibo Diarra sait mieux que quiconque que la terre est un champ d’application privilégié de la science. Il le sait aussi depuis qu’il cultivait le champ de son père à Ségou.
Chez cet homme, l’atteinte de la sécurité alimentaire au Mali est devenue presque une obsession. Il en parle comme s’il était Bakary Togola, le président de l’APCAM. Depuis déjà un certain temps, il s’est lancé dans la recherche de semences améliorées qu’il expérimente dans son propre champ.
Cette expérimentation, il l’a étendue à 200 villages de toutes les régions du Mali en donnant gratuitement aux paysans des semences de maïs et des engrais. C’est un maïs qui peut donner 12 t/ha.
Selon Cheick Modibo Diarra, dans un pays fréquemment en proie aux aléas climatiques, il faut absolument passer par la maîtrise de l’eau pour parvenir à la sécurité alimentaire. Cela passe par des forages pour l’irrigation, la mécanisation de l’agriculture.
Le samedi 17 décembre dernier, le docteur Cheick Modibo Diarra a été invité par les femmes de Koulikoro à se porter candidat à l’élection présidentielle de 2012. Il n’y a pas de fumée sans feu. Cette sollicitation cache à l’évidence une autre facette de l’homme.
Ces femmes sont regroupées dans 82 associations qui s’adonnent à la fabrication de la pate d’arachide et du beurre de karité, à la teinturerie. Sans moyens, elles ont sollicité le concours de cet homme providentiel. "Il y a trois ans et demi, j’ai pris mes économies que j’ai mises à Ecobank pour garantir les prêts des femmes. C’est un programme de microcrédits pour la teinture et le karité. Ce système est aussi valable pour les jeunes. J’avais d’abord testé cette idée à Ségou". Même si les femmes de Koulikoro n’ont pas encore vu le bout du tunnel, leur joie atteste qu’elles ont saisi le monde par le bon bout.
Réponse de leur auguste bienfaiteur : il descendra bel et bien dans l’arène en 2012. Mais n’attendez pas qu’il l’annonce au son des tambours et des trompettes.
En effet, Modibo Diarra estime que sa candidature est purement personnelle et qu’il espère que le parti la soutiendra pour la simple raison qu’à un an seulement de sa création, le RPDM n’a pas encore fini son implantation pour organiser un congrès.
En tout cas, il sera investi en janvier 2012 probablement au cours d’une conférence des cadres.
Mamadou Lamine DOUMBIA