Dr Bokary Tréta : Portrait d’un politique

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Ce n’est pas l’homme de la surprise, mais de logique qui se confirme à la tête du Rassemblement pour le Mali (RPM). Son élection apparaît, pour le peuple du Tisserand, comme un grand soulagement après une bonne pluie bienfaitrice pour hommes et animaux dans le sahel.
Lui, c’est Docteur Bokary TRETA, un des architectes de l’Atelier de tissage Secrétaire Général du parti depuis sa création.
L’homme qui prend les commandes du parti majoritaire au pouvoir est connu et respecté des siens, des alliés et même de ses adversaires politiques. Craint et souvent vilipendé pour sa rigueur militante, sa loyauté et sa fidélité aux idéaux socialistes, celui qu’on taxe souvent d’apparatchik sans concession, est un démocrate avisé et un républicain.
Ce technocrate sexa, il est né en 1954, est détenteur d’un doctorat en alimentation et nutrition animale (PhD), obtenu à l’Université Loumoumba de Moscou. Natif de Diondiori, dans le cercle de Ténenkou, en fin-connaisseur des us et coutumes du Mali, il est par dessus tout un redoutable Politique. Son militantisme est éloquent.
Politique précoce, il l’est. Leader et précepteur, mais aussi et surtout militant dévoué et discipliné, il l’a été. Membre depuis 1979 de l’Amicale des Etudiants et Stagiaires maliens de l’Université de l’Amitié des peuples Patrice Lumumba de Moscou (EX-Union soviétique), Bokary Tréta est élu en 1980 secrétaire à l’Organisation de l’Association des Etudiants et Stagiaires Maliens en ex- URSS (AESMUS) avant devenir secrétaire général trois ans plus tard. Un mandat qu’il va cumuler à partir de 1985 avec celui de secrétaire Général de l’Union Générale des Scolaires Maliens (UGSM)… à jusqu’à la fin de son cursus universitaire soviétique.
Une année avant sa thèse de doctorat, il est repéré en 2086 par les recruteurs du Parti Malien pour la Révolution et la Démocratie (PMRD), une composante du Front National Démocratique et Populaire (FNDP), dirigée par Feu Mohamed Lamine Traoré.
Son retour au pays coïncide avec la jonction des démocrates et des patriotes en lutte pour l’avènement de la démocratie dans notre pays. Le Dr Bokary Tréta ne chômera pas.
Le jeune bozo, « gros bosseur ayant le sens de l’organisation et de la discipline, patriote d’une rare éthique et probité morale» (selon un de ses camarades de lutte) gravit rapidement les échelons. En 1988, il intègre le saint des saints en devenant membre du Secrétariat National du PMRD à l’issue de sa troisième conférence, tenue à Tombouctou.
À la suite de la victoire des forces progressistes et patriotiques en janvier-mars 1991, le Dr Bokary Tréta et son parti, le PMRD, appellent l’union et à la cohésion du Mouvement démocratique et décident créer l’Alliance pour la Démocratie au Mali (A. De. Ma) avec le Parti Malien du Travail (PMT, parti d’origine d’un certain Ibrahim Boubacar Keïta) et l’Union soudanaise RDA. Tréta est aux avants postes. Aussi, à la création, le 25 mai 1991, du parti ADÉMA, Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (Adema-P.A.S.J), il est logiquement élu Secrétaire à l’organisation du Comité Exécutif (CE) qui parvient à élire son candidat à la présidence et à obtenir la majorité absolue au parlement.
Pendant que ses autres camarades courent derrière les postes ministériels ou juteux dans les hautes sphères, le Dr Bokary Tréta demandera et obtiendra à s’occuper du parti. Plusieurs années après, lorsque nous lui avons demandé les raisons de ce choix, le « SECRÉGÉ » nous dira en substance : « si tout le monde va au gouvernement, qui va s’occuper du parti ? Tout ce que nous avons c’est grâce au parti, donc il faut bien que quelqu’un s’en occupe. Et moi j’étais volontaire pour cette mission ».
On comprend dès lors que lorsque sa mission a pris fin au sein du gouvernement Modibo Keïta que le même Tréta qui n’a pas changer de conviction et d’idéal se soit empressé de revenir au siège du RPM pour reprendre les choses en main comme l’il l’avait toujours fait depuis la naissance du Rassemblement pour le Mali (RPM) un certain 30 juin 2001.
Cette mission militante qu’il s’était assignée, le Dr Bokary Tréta va la conduire avec rigueur militante et pragmatisme, loyauté et fidélité à l’idéal du Parti Africain pour la Solidarité et la Justice (ADÉMA-PASJ). Aussi, même lorsque « les frelons ont envahi la Ruche », en septembre 1994, et qu’une bonne partie du PMRD a claqué la porte de l’Adéma, le Dr Bokary Tréta a joué franc jeu et a choisi de rester à la manœuvre, les premiers responsables du parti étant en mission à la tête de l’État.
Lors des assises du second congrès ordinaire des Abeilles, tenues au Palais des Congrès les 27, 28 et 29 octobre 1999, le Dr Tréta est plébiscité Secrétaire Général du Comité Exécutif National de l’Adema/ P.A.S.J.
Mais voilà au sein de l’Adema surgissent de profondes divergences idéologiques mais surtout une remise en cause des principes élémentaires de la démocratie. Secrétaire général, à cheval sur les textes du parti, Bokary Tréta rappelle à l’ordre par lettre circulaire N°072/2000 en date du 14 septembre 2000, les secrétaires généraux des sections.
La mise en garde s’adressaient tous ceux qui font «circuler des documents au niveau des sections, pour un éventuel positionnement avec des sommes d’argent en faveur du congrès extraordinaire pendant la conférence nationale ». Pour le Dr Tréta, « cette manipulation des putschistes est contraire aux principes démocratiques ; et le travail fractionnel qu’ils sont en train de faire est un acte d’indiscipline » qui mérite une sanction suivant les textes du parti…
Peine perdue, le ver était dans le fruit.
Aussi, le 9 octobre 2000, le président de l’Adéma, Ibrahim Boubacar Keita, lui même, dénonce les-dites manœuvres et les coups bas, venant d’où chacun sait ; et rend son tablier. Organisé autour du SÉCRÉGÉ, plusieurs cadres, élus et militants quittent la Ruche.
C’est lui, Dr Bokary Tréta qui sera désigné Coordinateur de l’Association politique- Alternative 2002 pour fonder leur nouveau parti politique politique : le Rassemblement pour le Mali.
Ce n’est donc ni un hasard, ni une surprise encore moins une sinécure que le Peuple du Tisserand après 15 ans de présidence de son leader historique accepte à l’unisson de mettre son destin entre les mains de celui qui aura été de tous et parmi tous le plus que second du président IBK dans le parcours… Presque son ombre, son homme de confiance, son confident et plus logiquement son successeur.
Trajectoire logique d’un secrétaire général, mais aussi défi titanesque pour un président qui n’est pas IBK. De lui, le président IBK a dit un jour : «Tréta n’a été déloyal envers moi ; jamais il ne m’a trahit quand bien même il en a eu l’occasion».
Reconnaissance et estime d’un ainé envers son puiné. Mais aussi lourde responsabilité. Aussi, Tréta doit-il désormais apprendre à défaut d’être IBK imiter son inimitable prédécesseur.
Pour réussir le challenge, il aura besoin de sentir soudé et déterminé tout le bloc derrière. C’est à ce prix que le RPM remplira sa mission historique.

Par El Hadji Sambi Touré

 

 

 

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3 COMMENTAIRES

  1. Le parcourt de l’homme est éloquent politiquement, mais le comble dans ce parcourt est son départ de l’ADEMA pour une nouvelle formation politique? Il y a du quoi à s’interroger sur un tel choix.
    Aujourd’hui au Mali la source du mal c’est le manque de conviction politique chez les faux politiciens, la chose qui vaille est le poste dans l’administration publique tant que cela n’est pas servit on quitte le parti pour un autre parti.
    Ceux la qui vous ont empêché dans le parti d’origine et qui est une minorité par rapport à la population malienne, ce n’est pas en contournant que vous allez réussir à les convaincre politiquement.
    Nous pensons que les vrais politiciens ce sont ceux la qui restent dans le parti se battent pour accéder au pouvoir.
    Mr Treta et tout ce grand bureau du RPM sont la moitié de l’ADEMA qui a dirigé pendant une décennie le Mali et voir une vingtaine d’année parce que tous était d’accord avec ATT
    Tout de même nous souhaitons bon vent à Treta et son équipe, mais la seule chose qui vaille est le faire play politique, nous n’avons pas besoin de truquer des élections pour quel motif que cela soit, nous avons besoin de paix et de sérénité dans ce pays.
    De 2012 à maintenant cela fait déjà beaucoup pour les maliens qui attendent des moments meilleurs ou qui n’ont plus à manger.
    Tous les partis politiques faits pour les maliens doivent avoir à l’esprit l’intérêt des maliens c’est à cette seule condition que la politique devient un instrument de développement.
    Chers politiciens aidés nous à avancer

  2. Tant qu’on mettra les hommes à la place qu’il leur faut, les choses iront bien en meilleur.
    Bon vent et courage au nouveau bureau installé.

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