Dr Bocari Treta à propos du dialogue national inclusif(DNI) dans les pages de notre confrère Procès-verbal : “Nous devons laisser nos intérêts partisans au profit du devenir de notre pays”

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C’est entre autres déclarations faites par Dr Bocary Treta, Président du Rassemblement Pour le Mali (RPM), non moins Président de la mouvance présidentielle « Ensemble Pour le Mali » (EPM) à l’issue des travaux du dialogue national inclusif qui se sont tenus du 14 au 22 décembre 2019, au Centre International de Conférence de Bamako (CICB). Il a aussi profité de l’occasion pour parler sur d’autres questions d’actualités. Lisez l’interview

Procès-verbal: Quelles sont vos impressions par rapport à la situation du pays en ce début du deuxième mandat du Président de la République ?

Dr Bocari Tréta : Comme le premier, ce second mandat se situe dans un contexte national difficile. Pendant le premier mandat, la préoccupation était de remettre l’État en place pour avancer ensemble et sortir de la crise, même si on a eu en même temps, l’ambition de dire que nous consacrons ce mandat à la lutte contre la corruption.

Dans un tel contexte, il y a toujours ce qu’on veut et ce qu’on peut obtenir. L’Accord pour la paix et la réconciliation, quand on analyse les rapports de force à l’époque des faits, est peut-être ce qu’on a pu obtenir et non ce qu’on voulait. À Alger, les positions étaient très claires. Pour les mouvements armés, ils ont mené une guerre contre un État et ont occupé 2/3 du territoire qui s’apparentait à un butin de guerre. Et ils avaient proclamé l’indépendance de l’Azawad. Je crois que c’est tout cela que l’Accord devrait régler.

Depuis la signature de l’Accord, on a au moins réussi la cessation des hostilités entre les belligérants. Maintenant, il faut se tourner vers sa mise en œuvre effective. Et beaucoup de choses ont été réalisées dans ce sens. On est même surpris de ce qui est fait, en si peu de temps. Mais, il y a aussi des points sur lesquels bute la mise en œuvre de l’Accord, parce que les parties ont des lectures quelquefois divergentes. Ceci a forcément impacté la gouvernance.

Le Président de la République a un projet politique qui contient ses engagements vis-à-vis du peuple malien et les ressources qui doivent l’accompagner. Mais ce contexte aidant, à peu près ¼ des ressources sont consacrées aux efforts de guerre. Alors, les secteurs sociaux qui devraient être les grands bénéficiaires de la gouvernance ont manqué de ressources. Donc, les ambitions que nous avions affichées pour le pays étaient réalistes. Cependant, des difficultés objectives n’ont pas permis d’atteindre les objectifs et ont eu un impact négatif sur les résultats de notre gouvernance.

Mais, fondamentalement, le cap est bon. Il est bon, parce que les indicateurs macroéconomiques sont au vert. Et ce, malgré le rétrécissement de l’espace sur lequel s’exerce objectivement l’activité économique. Peut-être qu’on aurait pu aller au-delà et atteindre un taux de croissance de 7%. C’était ce que nous ambitionnions. Malheureusement, ce taux reste encore entre 4 et 5%, ce qui n’est pas suffisant pour que les dividendes de cette croissance profitent au panier de la ménagère.

Procès-verbal: La mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation connaît des difficultés. A cela s’ajoutent les questions sécuritaires. Que pensez-vous de cette situation?

Dr Bocari Tréta : On avait une certaine lecture qui nous paraissait objective de notre crise, tant de ses origines que de ses manifestations. En avançant dans la recherche de solutions réalistes à la crise, on l’appréhende un peu plus dans toutes ses dimensions. Cette crise n’est pas que multidimensionnelle, elle est aussi multi acteurs. Nous sommes dans un contexte de mondialisation, dont notre pays est malheureusement un des maillons faibles. Nous devrons comprendre que notre pays n’agit pas seul dans son propre processus de développement.

L’autre enjeu est la situation du Sahel qui devient ainsi de plus en plus préoccupante au regard des attaques terroristes.

Au Mali, cet Accord signé entre le gouvernement avec des mouvements pour essayer de mettre ensemble les Maliens, est certes une bonne chose, mais ce n’est pas suffisant. Ce qui fait que, malgré les grandes avancées, l’Accord rencontre des problèmes majeurs. C’est à travers le dialogue national inclusif que les composantes de la nation pourraient chercher à comprendre pourquoi ces retards et s’accorder sur des choses pouvant accélérer sa mise en œuvre. C’est vrai que ce n’est pas le Président de la République qui va initier la relecture de l’Accord, mais il est dans son rôle.

Procès-Verbal: Vous, en tant que mouvance présidentielle,  qui avez pris part  au dialogue national inclusif du début à la fin, quelles appréciations faites- vous ?

Dr Bocary Treta: Depuis le début du processus, on avait envisagé de mettre le Mali au- dessus de tout intérêt  politique partisan. La situation politique nous a paru assez préoccupante et on a compris de toutes parts qu’il y avait une nécessité d’œuvrer à l’union sacrée. Cela pour mettre sur la table, les grands défis de la nation et se donner une période pendant laquelle nous allons tous, main dans la main, travailler à trouver les solutions les plus appropriées pour faire avancer notre pays et le sortir de la crise. L’initiative du dialogue national inclusif rentre dans ce cadre. Tout comme le gouvernement de mission et l’Accord politique de gouvernance.

Globalement, beaucoup a été fait. L’Accord politique de gouvernance a été signé par beaucoup de forces, mais pas toutes. Au sein du gouvernement de mission, siègent également beaucoup de forces politiques. Et quant au dialogue national inclusif amorcé, nous observons pour le moment de la retenue de la part de certaines forces politiques, mais l’espoir n’est pas perdu. Je note que le Président de la République a continué ses rencontres. Et nous, au niveau de la majorité présidentielle, venons de développer une dernière initiative visant à rassembler le maximum de forces politiques et sociales. Nous allons travailler, avant l’ouverture officielle des travaux du dialogue, à nous accorder sur l’essentiel. Parce qu’aujourd’hui tout est priorité, mais en même temps, nous sommes dans de grandes contraintes. Alors, il faudra hiérarchiser les priorités. Je crois que toutes les forces sont acquises à une telle perception de la question.

Alassane Cisse

Source : Notre Voie

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