La problématique des élections régionales, locales et du district de Bamako constitue un enjeu fondamental dans la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale au Mali. L’année 2016 qui débute, sera un tournant décisif pour la matérialisation de ce processus. C’est dans cette perspective que nous avons tendu notre micro au Dr Ali Kouriba, secrétaire général adjoint de la section I du Rassemblement Pour le Mali. Dans cet entretien, il nous livre ses impressions sur la faisabilité de ce grands rendez-vous électoral et le congrès de son parti.
Cadre du bureau politique national du RPM, Dr Kouriba précise qu’il faut faire le distinguo entre les élections régionales locales et du district de Bamako dans un contexte particulier comme le notre.
Le Pouce : Comment se porte le RPM en commune I ?
Dr Ali Kouriba. Le RPM se porte bien en commune I. Il vient de finir le renouvellement des organes jusqu’au niveau de la section. En commune I, nous avons une section, neuf (09) sous-sections, et pratiquement une centaine de comités. Chaque comité a trois volets : le volet parti et organes affiliés, c’est à dire les femmes et les jeunes. Au moment où je vous parle, l’ensemble des organes à été renouvelé à part quelques petits problèmes qu’on a pu rencontrer dans la sous-section de Sikoro. Cela est tout à fait normal pour une formation politique. La gestion de cette affaire est en bonne voie. A part ça, le parti se porte bien.
Le Pouce : Quelle lecture faites vous de la faisabilité des élections à venir, compte tenu des dispositions de l’accord pour la paix ?
Dr Ali Kouriba. Je pense qu’il faut faire le distinguo entre les élections. La tenue des élections communales n’est pas tellement en rapport avec la mise en œuvre de l’accord de paix. Par contre, les élections locales et régionales restent liées à la mise en œuvre de certaines dispositions de l’accord, dont l’élection au suffrage universel direct. Alors que par le passé, le Conseil de cercle et l’Assemblée régionale étaient mis en place par le système du scrutin indirect. La nouvelle donne renvoie à la modification de la loi électorale. Cela fait partie des éléments de l’accord. Cette situation demande un certain nombre de processus. Par contre, pour les élections communales, cela a été toujours au suffrage direct. De ce fait, les élections communales ne font obstacle à aucune disposition de la mise en œuvre de l’Accord. C’est dire que les élections communales peuvent être organisées. D’ailleurs, c’est pour cette raison que la conférence nationale extraordinaire du Rassemblement Pour le Mali (RPM), tenue le 27decembre 2015, a recommandé l’organisation de ces communales pour fin mars 2016, compte tenu de cette réalité technique et politique.
En ce qui concerne les aspects sécuritaires, nous pensons que déjà au mois d’octobre, lorsque le collège avait été convoqué, pratiquement tous les partis avaient déposé leur liste dans les circonscriptions.90% à 97% des circonscriptions étaient couvertes. A ce stade, il est possible d’organiser aujourd’hui des élections communales parallèlement à la mise en œuvre de l’accord. Pour les autres types d’élections, il faut revoir les textes qui supportent leur organisation.
Le Pouce : Après plusieurs reports, le RPM se décide enfin à tenir son 4ème congrès ordinaire. Qu’en dites vous ?
Dr Ali Kouriba. Au RPM, le congrès qui est statutaire, est organisé tous les trois ans. Le 4ème congrès ordinaire a été plusieurs fois reporté pour des raisons objectives que le bureau politique national a eu à examiner. C’était des reports justifiés. C’est pourquoi, la conférence nationale du 27 décembre dernier a insisté sur la tenue de ces assises courant premier semestre 2016. Nous sommes dans cette ligne de préparation de ce congrès. Tous les cadres et militants du parti attendent avec impatience ce congrès qui va consacrer la remobilisation de tous les militants.
Le Pouce : Quel appel avez- vous à l’endroit des militants du parti et de la population malienne en cette période de mi-mandat du président IBK ?
Dr Ali Kouriba. Nous avons fait la revue à mi-parcours du pouvoir de SE Ibrahim Boubacar Keïta. Nous l’avons évalué avec beaucoup de satisfaction. Pour rappel, je voudrais indiquer qu’en 2013, lorsque le président IBK venait au pouvoir, il n’y avait pas d’Etat. L’Etat était à terre. IBK a pu remettre les institutions debout, dans des conditions que tout le monde connaît. Ensuite, on a pu négocier et arracher un accord pour la paix et la réconciliation nationale. Ce sont des actes politiques majeurs. Au début, les gens n’y croyaient même pas. Mais, grâce à Dieu, à la persévérance et la capacité de conviction d’IBK, à l’appui de la communauté internationale, à la communauté nationale, y compris tous les partis politiques, cet accord a été signé. Actuellement, il est en train d’être mis en œuvre, même si quelque part, on pense que ça traîne. C’est parce que l’enjeu est très important. Et aussi compte tenu de la multiplicité des partenaires, il est toujours difficile de s’accorder sur les pas qu’on pose. Il faut comprendre la chose de cette manière.
Pour nous, sur le plan politique, c’est vraiment un succès. Sur le plan économique, nous avons dit en son temps que le taux de croissance avait été porté à 7%. L’inflation a été ramenée à 1,8% contre une moyenne de 3% dans l’espace UEMOA. Cette performance a été d’ailleurs saluée par le FMI et la Banque mondiale.
En ce qui concerne l’agriculture, nous sommes cette année à 8 millions de tonnes de céréales et à peu près 550.000tonnes de coton. C’est la deuxième fois que le Mali arrive à faire cette prouesse au niveau de la production cotonnière. Ce qui veut dire de progrès ont été réalisés dans le secteur de l’agriculture. Le Mali étant un pays agro- pastoral, quand l’agriculture va, tout va bien. Ceci est à l’actif des politiques volontaristes du président IBK, qui a non seulement renforcé la subvention des intrants, mais l’a ensuite étendue aux autres composantes de l’agriculture à savoir, l’élevage, la pisciculture. Cette subvention a été innovée par l’opération des1000 tracteurs, qui ouvre ainsi la voie à la grande mécanisation de notre agriculture. Ces tracteurs ont été subventionnés à hauteur de 50%.
Les gens disent ce qu’ils veulent, mais en réalité, nous visons les objectifs, les faits divers ne nous intéressent pas. Mille tracteurs dans un pays comme le Mali, ce n’est pas rien. Cette initiative sera accompagnée par d’autres actions par la motorisation intermédiaire pour faire en sorte que la pénibilité du travail de la terre soit réduite et que la performance agricole soit augmentée. Ce qui permettra au Mali de passer d’une agriculture de subsistance à une agriculture d’affaires. Dans cet environnement, il sera bon de créer des richesses, des emplois, pour le bonheur de tous les Maliens et pour l’honneur du Mali, comme l’a dit IBK.
Entretien réalisé par Jean Goïta