«Les Constitutions du Mali, à savoir celle du 22 septembre 1960, du 2 juin 1974, du 25 février 1992, ont été promulguées en temps de crise. Et la nouvelle Constitution en gestation ne fera pas en principe l’exception », a déclaré le président du Cercle de réflexion et d’information pour la consolidation de la démocratie au Mali (Cri-2002), Dr Abdoulaye Sall.
C’était hier à l’occasion d’une conférence de presse sur le thème :«Avant-projet de la Constitution: enjeux, défis, opportunités pour le Mali du 21ème siècle», organisée à la Maison du partenariat Bamako-Angers, dans le cadre du projet «Think tank associatif».
Le conférencier principal, Dr Abdoulaye Sall, a remercié et félicité les autorités de la Transition pour avoir initié la rédaction d’une nouvelle Constitution. De ce fait, il a salué les efforts fournis par l’équipe de rédaction de cet avant-projet. Indiquant qu’après les phases de conception et d’élaboration l’avant-projet de Constitution rentre de plain-pied dans celles de la redevabilité et du contrôle citoyen.
La Constitution est un document écrit dont le contenu porte essentiellement sur l’organisation de la démocratie et de l’État de droit dans un pays donné, a expliqué Dr Abdoulaye Sall. Selon lui, la Loi fondamentale est à la fois désirable, redoutable, imparfaite et imperfectible.
De son avis, il s’agit de réussir le pari de la séparation des pouvoirs: l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Et cela en référence à la pensée de l’écrivain français du XVIIIè siècle, Montesquieu. « Il ne faut pas confondre l’État avec la société», a-t-il dit, ajoutant qu’au Mali c’est la nation qui précède l’État. Dans son argumentaire, Dr Abdoulaye Sall a fait savoir que l’État est laïc dans sa dimension politique et territoriale. Tout de même, il a affirmé qu’il n’est pas laïc dans sa dimension population. Pour pallier cela, il préconise que le Mali soit laïc, mais multiconfessionnel.
Se prononçant sur la problématique des langues nationales, le président de Cri-2002 estimera qu’il est difficile de dissocier la langue de la culture. Pour lui, l’on ne promeut pas une langue pour des besoins administratifs, mais plutôt pour créer de la richesse. Ainsi, a-t-il soutenu, il n’y a pas de barrière pour transformer une langue nationale en langue officielle.
«Si les Maliens arrivent à s’entendre une fois en comprenant que la démocratie commence par le dialogue, le compromis et la tolérance en évitant les jeux partisans et les coups bas, le Mali sortira de cet imbroglio constitutionnel», a noté Dr Sall. À ce niveau, il a fait remarquer qu’il y a deux types de référendum. Relativement au référendum constitutionnel sur les 195 articles de l’avant-projet de Constitution, il y a bien de choses qui divisent les Maliens, a reconnu le conférencier, suggérant qu’il faut qu’on arrive à s’accorder et s’entendre et aller de l’avant.
Alors que l’orateur trouve que le referendum législatif, c’est oui ou non sur une seule question. à ce titre, il a donné comme exemple de ramener l’âge du vote de 18 à 16 ans. Il a dit que sur cette question, les deux chambres vont statuer et résoudre l’équation. Il est revenu à la charge en martelant qu’un referendum constitutionnel est fait de plusieurs questions qui divisent la nation et l’ensemble des Maliens.
«Il faut que chacun puisse faire violence sur soi, mettre l’intérêt du Mali au-dessus de tout pour qu’on puisse sortir de ce « cul-de-sac», a recommandé Abdoulaye Sall.
D’après lui, il y a trois instruments qui sont des contraintes en ce XXIè siècle. Il s’agit de l’opinion, de la manipulation et du fond de sac. «Nous avons été écoutés, parce qu’il y a la création d’une Cour des comptes et le fait d’accorder une place aux légitimités traditionnelles », a-t-il fait connaître.
Namory KOUYATÉ