Le nouveau locataire de la primature sur les bords du fleuve Niger dans la cité administrative, n’a pas attendu un mois, après sa nomination par le Prési IBK, pour se présenter à la Place de la République en vue de présenter sa déclaration de politique générale (DPG) aux dépités tout en se soumettant à leurs questions. Le tout sera couronné par un vote de confiance.
En attendant, force est de reconnaître que le nouveau PM du Mali dispose d’une politique très ambitieuse qui touche tous les domaines du développement du pays. Cette politique est fondée,dit-il, sur le plan Mali émergent du Prési IBK.
Hier devant les dépités, le PM a affirmé que sa politique va donner la dignité au Mali. Il a suggéré la nécessité d’un sursaut national fondé sur l’action publique orientée par une vision mettant l’accent sur le Mali émergent, qui se fixe, entre autres objectifs, de restructurer l’armée, d’assurer le retour des populations réfugiées et déplacées, de redéployer l’administration, de lutter contre la corruption, de renforcer les institutions, de soutenir la revalorisation salariale, d’amener la confiance entre administration et usagers, d’arriver à un accord de paix inclusif avec les groupes armés.
Moussa Mara se dit prêt à s’attaquer à la défaillance du dispositif d’état civil par l’élaboration des pièces (carte d’identité et passeport) basées sur la biométrie. Il entend réhabiliter l’institution judiciaire et tenir des élections communales courant dernier trimestre 2014.
Il a fait sensation en affirmant qu’il va mettre désormais un terme au nomadisme des élus politiques à travers des reformes. Il promet de réviser la constitution très tôt pour que cette révision ne se fasse pas à la veille des élections de 2018. Par cette promesse, Mara tire la leçon des échecs des tentatives de révision constitutionnelle de 2OO1 sous la présidence AOK et de 2012 sous ATT. Il promet aussi de mettre en place une administration permanente de gestion des élections.Ce qui pourra corriger les limites de la CENI, de la DGE et de l’administration territoriale.
Réforme de la presse
Dans sa DPG, le chef du gofernement a touché du doigt la réforme du monde de la presse par la création de grands groupes de presse ouverts aux capitaux (comment pourrait-on lui rétorquer), la mise en place d’une imprimerie moderne au compte de l’AMAP, la création de nouvelles chaînes de télévision publiques et privées, la création d’une chaîne de télévision dans chaque région administrative, la mise en place d’une instance de régulation appelée HAAC (Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication), le renouvellement ou la remise en scène de l’instance d’autorégulation appelée ODEP (Observatoire pour la Déontologie et l’Ethique de la Presse).
Restructuration de l’armée
Par cet acte, le PM Moussa Mara entend donner vie à la loi de programmation de défense et à la loi de programmation de sécurité. Il trouve que le Mali a besoin d’un outil de défense. Sur ce terrain, il compte d’abord sur nos propres moyens financiers avant de chercher l’appui extérieur. A ses yeux : ”celui qui soustraite sa défense aura un réveil douloureux”. Ce qui, en soi, laisse entendre que le Mali ne passera par aucune force étrangère pour équiper ses troupes. Moussa Mara a affirmé qu’il compte mettre sur pied ce qu’il appelle une armée fonctionnelle et réactive privilégiant les renseignements et comprenant des forces spéciales bien équipées avec des hommes motivés et bien outillés. Pour cela le nouveau PM accorde, cette année, à l’armée un crédit budgétaire de l’ordre de 175 milliards de FCFA. Mais, il ne perd pas de vue qu’il a un besoin annuel de 240 milliards de FCFA et qu’il va falloir chercher les 65 milliards FCFA manquants dans le cadre de la coopération internationale. En attendant, Mara trouve que son pays compte, aujourd’hui, 8300 bidasses aguerris avec plus d’un millier de véhicules militaires dans le septentrion. Ce qui coupe d’avec l’ère ATT qu’il a fustigé en terme d’outils de défense nationale.
Accord de paix avec les groupes armés
Moussa Mara est convaincu qu’avec la nomination de l’ancien PM, Modibo Keïta comme Haut représentant du chef de l’Etat dans le dialogue inclusif avec les groupes armés, son gofernement sera en mesure de conclure un accord de paix avec ces groupes armés. Ces derniers, selon lui, seront cantonnés, démobilisés, désarmés et réinsérés dans la vie économique. Il trouve que les militaires, ayant maille avec la justice, seront exclus de l’armée et que les déserteurs ne seront pas repris. Il a averti qu’il n’est pas question de remettre en cause l’intégrité de notre territoire et le caractère laïc de l’Etat. Il compte achever le redéploiement de l’administration et établir la souveraineté de l’Etat malien sur l’ensemble du territoire d’ici la fin de l’année 2014. En attendant, le nouveau PM a affirmé qu’il dispose d’une enveloppe de 110 milliards F CFA pour assurer le retour des 300 000 personnes déplacées et réfugiées.
Autres secteurs – Pas de moindre
Dans sa DPG, le PM a fait cas de plusieurs mesures concernant divers secteurs de développement. Il se dit conscient que l’éducation va de mal en pis et que tout sera mis en œuvre pour que l’école fonctionne réellement avec des reformes ambitieuses qui seront mises en chantier. Il a soutenu que l’agriculture sera développée avec l’affectation d’un crédit budgétaire atteignant 15% du budget national du Mali. Ce qui permettra de porter la production nationale de la culture de rente de 450 000 à 800 000 tonnes. Il trouve que la politique de développement agricole aura un impact sur l’amélioration de la vie des populations.
Concernant le secteur minier, Moussa Mara compte y apporter plusieurs réformes à savoir la création d’une école africaine des mines, la diversification du secteur minier, la relecture du code pétrolier, la transformation sur place des ressources minières, le renforcement des capacités de l’administration minière, etc.
Il a aussi éclairé la lanterne de nombre de Maliens en affirmant que la route de Ségou sera réalisée à travers deux fois deux voies. Ce qui veut dire que l’autoroute prévue au départ est maintenue. Il s’agit d’une précision de taille qui apporte un soulagement à tous les usagers de l’axe Bamako-Ségou.
Pour ce qui concerne le secteur de l’habitat,en plus de la finalisation de la réalisation du nouveau projet de 1000 logements cofinancés par l’Etat et la BID, Moussa Mara a laissé entendre que 1922 logements sociaux seront réalisés à Bamako et à l’intérieur du pays avant la fin de l’année en cours.
Somme toute, dans sa DPG, le nouveau PM n’est pas allé par quatre chemins pour dire que lui et son équipe n’ont pas droit de décevoir et qu’ils ont chacun l’obligation de résultat d’abord en se faisant évaluer chaque semestre et en rendant compte. Il promet de communiquer sur les actions gofernementales c’est-à-dire les succès réalisés et les échecs .
Pour lui, rien ne peut être au dessus de nos forces. Il faut tout de même attendre après demain vendredi pour savoir si le PM Mara a eu la confiance et soutien effectif des représentants de la nation. Comme à l’examen, passera – passera pas ? Vivement donc vendredi!.
ILK
Moussa Mara: Nouveau Pape canonisé “Sursaut National” ou bonimenteur?
Moussa Mara, nouveau premier ministre du Mali, expert-comptable diplômé de formation française, cet “ingénieur des chiffres et des métiers de l’audit” très vite devenu politicien local à Hamdalaye, un quartier de la rive gauche de Bamako, s’essaye aux destinées de la nation en distribuant de manière désordonnée des médailles de “leadership” à qui il veut.
“un grand serviteur de l’Etat qui a dédié sa vie professionnelle à son pays et a développé des qualités de leadership”
Disait-il d’Issiaka Sidibé lors de sa déclaration de politique générale, le beau père du fiston national depuis peu bombardé président de l’assemblée national du Mali.
Je ne sais pas pour vous mais je n’ai pas connaissance de ces “qualités de leadership développés” chez l’honorable Issiaka Sidibé qui n’a même pas daigné nous dire quand est-ce que qu’il fut diplômé de l’ENA du Mali dans son CV de présentation à la nation.
Une fine barbe négligée sur un visage lucide, le ton nonchalant et le regard félin, Moussa Mara égraine des promesses aux maliens à coup de déclarations tonitruantes promettant ciel et terre au travers de
“La politique qui va rendre les Maliennes et les Maliens heureux.”
Poursuit-il et ce n’est pas fini.
“La politique qui va effacer des yeux et des mémoires de nos compatriotes les affres de la honte, de la peur, du désespoir, de l’inquiétude sur l’avenir du pays. La politique qui va redonner à notre pays sa dignité et sa fierté.”
Et je vous jure qu’il était en pleine forme et le meilleur c’est son “sursaut national” qu’il va “réussir” en ces termes:
“Le sursaut national est plus que nécessaire. Tous ensemble, chacun en ce qui le concerne. Nous avons la charge d’amorcer, d’organiser et d’encourager ce sursaut. Sous l’égide du Président Ibrahim Boubacar KEITA, nous allons nous y employer et réussir.”
J’ai retenu mon souffle et j’ai ouvert mes yeux pour voir comment il va y parvenir.
Côté investissement je n’ai pas noté grand chose, un programme d’investissements et une politique macroéconomique nettement moins ambitieux non seulement par rapport au PDES d’ATT mais aussi et surtout par rapport aux programmes économiques en cours dans la majorité de nos pays voisins.
Moussa Mara parle de 15 lycées très insuffisants pour accueillir les suppléments d’enfants maliens en fin de cycles de l’enseignement fondamental.
Il est resté évasif sur les efforts d’investissements dans l’enseignement fondamental (il songe plutôt à l’enseignement préscolaire, aux jardins d’enfants et oublie l’enseignement fondamental en tout cas en terme d’investissements concrets) alors qu’il veut orienter les enfants maliens vers les “sciences et les techniques”.
Cela demande des ateliers, des laboratoires des bibliothèques qu’il faut construire mais combien et comment?
Mystère de Dieu et mystère de Mara.
Idem pour les politiques sanitaires, agricoles, industrielles qu’il compte mener où les investissements concrets sont noyés dans des objectifs généraux sans moyen de voir clair dans les priorités en terme de construction d’hôpitaux, d’aménagements sylvo-agrico-pastoraux (combien d’hectares faut-il aménager où et quand) et d’aménagements de zones industrielles (combien, où et quand).
Pour financer sa politique, Mara écorche les pourcentages du budget d’état (40% pour l’éducation, 15% pour l’agriculture, pour la santé il ne donne aucun pourcentage).
Mais il oublie gentiment de nous dire le montant de ce budget d’état (qui est de 1559 milliards en dépenses pour 2014) et celui du budget spécial d’investissement.
Pour la défense et la sécurité il promet 4% de la richesse nationale qui vaut selon lui 240 milliards contre 175 milliards aujourd’hui consacrés par le budget d’état à la défense nationale.
Ces 240 milliards représentent actuellement 15% du budget d’état de 2014.
Donc 40% éducation, 15% agriculture, 15% défense nationale sans compter la santé, la diplomatie, l’environnement, l’administration, la justice, l’eau et l’énergie, l’entretien luxueux des institutions du pays notamment la présidence de la république, etc.
À ce rythme nous risquons vite de dépasser les 100% du budget national, c’est à dire que la moyenne de la politique de financement de Mara va dépasser le total de la capacité financière de l’état malien.
Alors en bon ingénieur du chiffre, il veut inventer une réforme fiscale mais sans daigner nous dire combien il compte accroître les recettes publiques avec la fiscalité intérieure et de celles issues de la fiscalité de frontières compte tenu des contraintes et engagements communautaires du Mali.
Il est courageux Mara, il est même très courageux et il continue et là le meilleur est ce qui suit.
Il sort de son chapeau, oh plutôt de son bonnet, ces fameux “Diaspora Bonds”.
J’ai pris ma tête dans les deux mains et j’ai prié le bon Dieu pour que ce ne soit pas une “Diaspora Bombe”!
Car Mara veut se lancer sur le financement d’un État corrompu (qu’il reconnaît “malade”) et dépensier par les marchés financiers en créant incognito une obligation d’état (c’est à dire un titre de dette publique) destinée aux maliens de l’extérieur.
En clair, il veut solliciter l’argent des expatriés maliens à travers un emprunt public pour financer les investissements publics.
Le problème est que la rentabilité et la sécurité des fonds investis par l’état malien ne sont pas encore garanties car le niveau de corruption, de laisser aller, de gaspillage de nos ressources publiques diminuent considérablement la rentabilité économique de nos projet d’investissement et sapent du coup la solvabilité de l’état malien.
Alors si la loi contre la corruption annoncée par Mara peut à elle seule garantir cette solvabilité de l’état malien pour sécuriser les fonds empruntés aux travailleurs immigrés sans mesures concrètes de redynamisation de la justice sociale, de l’efficience et de l’efficacité des actions publiques, nous seront là pour voir cela sinon nous sommes dubitatifs pour le moment.
Car pour faire passer un État “malade” à un “athlète” comme le veut super coach Moussa Mara, (le “special one” de la gouvernance en Afrique) il faut du COURAGE, du TRAVAIL et de la RIGUEUR alors que ces mots ne sont pas prononcés plus de deux fois dans le long discours de Mara devant la représentation nationale.
Wa salam!
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