Au lendemain de l’élection présidentielle de 2013 qui a vu l’élection de Monsieur Ibrahim Boubacar KEITA alias IBK à la magistrature suprême du Mali avec un taux historique de plus de 77% l’euphorie était à son comble, et les Maliens dans leur grande majorité fondaient un espoir fou sur celui qui leur avait promis à tout bout de champ le Bonheur, l’Honneur, la dignité etc. Les Maliens, traumatisés par les évènements dans le Nord du pays, le coup d’Etat de 2012 avec ses conséquences désastreuses sur la vie de la nation, trouvaient en IBK, le messie tant rêvé pour ne pas dire « l’appelé » pour résoudre les multiples problèmes qui assaillent le pays.
En son temps, dans un billet publié sous le titre: IBK, un Président fortement attendu!, nous avons attiré l’attention sur les immenses défis qui attendaient le nouveau Président et surtout insisté sur la lourde responsabilité qui était sienne face à ses engagements. « ….IBK en acceptant cette lourde responsabilité, en acceptant d’être le Président de tous les Maliens a scellé une sorte de pacte d’honneur, un contrat moral où il se condamne lui-même à réussir, car il faut le dire, aucune défaillance ne sera tolérée au regard de la situation du pays. IBK doit prouver qu’il est le bon choix et que les Maliens ne se sont pas trompés. ». Disions-nous.
Un an après, les Maliens déchantent, les Maliens s’inquiètent, les Maliens s’interrogent ! IBK est-il à la hauteur ? Les Maliens ont-ils misé sur un tocard ? IBK est-il capable de conduire à bon port le bateau Mali ? C’est au pied du mur que l’on voit le maçon a-t-on coutume de dire, et on ne peut juger de la compétence de quelqu’un qu’en le voyant à l’œuvre. Malheureusement aujourd’hui, les débuts du quinquennat d’IBK ne rassurent guère ! Le bateau Mali tangue, ne va-t-il pas chavirer avec tout ce qu’il y a comme ennuis ? Malgré tout, nous avons la faiblesse de croire que NON !!! Les choses peuvent changer et les choses doivent changer positivement !
Le Mali n’appartient pas à un clan encore moins à une seule famille. Il est à nous tous et ensemble nous devrions en prendre soin ! Il ne s’agit pas pour nous de clabauder, mais face aux dérapages pour ne pas dire dérives du pouvoir, la résistance doit être de mise et chacun en ce qui le concerne doit se manifester. Il est certain qu’il y a problèmes et qu’il faille agir sans complaisance! Le Mali s’enfonce dangereusement et l’on ne saurait se taire, rester inactif face à une telle éventualité. Il est de notre devoir de tirer la sonnette d’alarme pour rectifier le tir si les choses vont dans le mauvais sens.
Certes IBK a été bien élu, sa légitimité ne souffrait l’ombre d’aucun doute, mieux la communauté internationale accompagnait le Mali pour une véritable sortie de crise (politico-économique et sécuritaire). IBK avait toutes les cartes en mains pour triompher. Nous l’avions dit en son temps «…. IBK a l’occasion d’entrer dans le panthéon de l’histoire politique du Mali. Il est maitre de son destin. S’il réussit sa mission, il l’aura fait pour son peuple et pour lui-même, et la nation Malienne lui sera éternellement reconnaissante pour services rendus. »
Avec tous ces atouts et privilèges de faire « aussi bien » sinon mieux que ces prédécesseurs, IBK a, en un rien de temps réduit à néant ce précieux capital. L’on s’interroge à raison de ce qu’il lui est arrivé en l’espace d’un an, pour que les Maliens et même les partenaires du Mali déchantent si rapidement? Beaucoup de choses malheureusement et pas des plus réjouissantes et des plus reluisantes pour notre pays !
Nous écrivions dans notre billet : « …..Kankeletigui a dit entre autres, qu’il ne transigera pas sur l’intégrité et l’unité du Mali, il s’engage à réconcilier les Maliens (Les négociations prochaines avec les rebelles Touaregs nous édifieront). Il dit garantir la laïcité du Mali (La menace islamiste et l’immixtion du religieux dans la sphère politique sont une réalité à laquelle il faut rapidement trouver une solution. Attendons voir !). Il luttera contre la corruption, le chômage, il promeut la bonne gouvernance, assure le développement socio-économique etc. (vaste chantier à mettre en œuvre, mais déjà le choix des hommes qui l’accompagneront, les principes et valeurs qui seront mis en avant, les mesures fondamentales qui seront prises en début de quinquennat permettront aux Maliens de juger par eux-mêmes de la justesse de leur choix). »
Aujourd’hui, faire le bilan de l’AN I du Président IBK n’est pas sans intérêt pour apprécier et porter un jugement de valeur sur la gouvernance actuelle.
La question du Nord, un véritable casse-tête pour le pouvoir en place, peine à trouver solution. L’intégrité du Mali est-elle pleine et entière ? La réponse est NON même si une lueur d’espoir se fait jour à travers l’amorce des pourparlers avec les groupes armés pour une paix durable. Aujourd’hui une partie du territoire échappe à l’autorité de l’Etat. On peut même dire que la situation s’est empirée, le MNLA et ses affidés ont plus ou moins « confisqué » une large partie du territoire sous le regard complice de la communauté internationale et avec, suprême humiliation, l’accommodement apparent de l’Etat Malien toute honte bue ! Incroyable scenario que celui qui se passe dans la région de KIDAL, une première dans l’histoire de la rébellion au Mali. Les rebelles n’ont jamais été aussi proches de réaliser leur rêve loufoque de séparation à cause de la lâcheté et de l’incapacité de nos gouvernants. L’humiliation a atteint son paroxysme. De la quête de notre honneur perdu dixit IBK, c’est un déshonneur sans précédent qui nous assaille abruptement. IBK a tout intérêt à régler ce problème comme il l’a promis. Le Mali a été suffisamment humilié pour accepter en sus une partition de son territoire au profit d’apatrides sans légitimité aucune, si ce n’est leur propension à semer la terreur, à tuer, à voler, à violer etc. Le Mali et les Maliens ne pardonneront jamais à quiconque mettra sa signature au bas d’un quelconque « document de vente » de son territoire contre son gré. Ses groupes armés n’ont aucune légitimité pour exiger quoi que ce soit du Mali. Pas d’autonomie ou de statut particulier ! Toutes les régions se valent au Mali et le principe d’égalité vaut pour toutes sans exception !
Peut-on aussi parler d’unité et de réconciliation? Pas vraiment l’anarchie et la chienlit s’installent, l’insécurité va crescendo, le tissu social se déchire, l’Etat peine. La situation d’avant semble meilleure que celle que nous connaissons actuellement. La volonté nationale est peut-être là pour l’unité de tous les Maliens et pour une véritable réconciliation, mais les problèmes s’imbriquent, sont tellement liés que finalement le traitement est global. A ce niveau encore, les efforts déployés restent jusqu’à présent embryonnaires.
La bonne gouvernance, voilà l’os de la parole et en cela les supputations vont bon train. La lutte contre la corruption, contre le chômage, le développement socio-économique faisaient partie intégrante de la profession de foi du candidat IBK. Un an après qu’en est-il de tout cela ?
Déjà la formation du premier gouvernement a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Sans remettre en cause les compétences des membres de l’exécutif, il est quand même gênant et politiquement incorrect, de constater que par un heureux hasard plusieurs proches du Président se retrouvent dans les hautes sphères de l’Etat (Ministres et collaborateurs directs etc.) comme si les destinées du Mali ont été confiées à IBK mais aussi à sa famille et proches. L’ascension fulgurante de MOUSTAPH BEN BARKA, de BOUBOU CISSE, de MAHAMANE BABY, de HAMADOU KONATE, de MAHAMADOU CAMARA, de KARIM KEITA pour ne citer que ceux-ci, aurait-elle été possible sans IBK ? Autrement dit, ces personnes précitées pouvaient-elles être promues aussi rapidement si elles n’avaient pas de lien direct avec IBK ? Le doute est permis ! Sont-elles bien nées au contraire de certains fils du Pays aussi capables et aussi compétents qu’eux pour occuper ces hautes fonctions? IBK ne fait-il confiance qu’à son entourage immédiat et pas aux autres? En l’espèce IBK a fait fort, la ligne rouge a été allègrement franchie et son acte traduit ni plus ni moins un mépris profond pour son peuple. Etre élu ne veut nullement dire se permettre tout ! Il y a une limite à tout. Le Président fut-il premier responsable du pays est Obligé !!!!Bref comme dirait l’autre la « famille d’abord » a fait place au « Mali d’abord ». Bonne gouvernance ? Que nenni !!!
IBK a tout intérêt à être juste dans le choix des hommes aux postes de responsabilité. Le népotisme n’a plus sa place dans le cadre du renouveau. La justice sociale n’est pas un vain mot dans une démocratie et IBK doit y veiller pendant qu’il est encore temps.
La bonne gouvernance n’est pas une simple incantation. Il ne suffit pas de la brandir constamment. Elle est dans l’exercice quotidien du pouvoir et malheureusement pour la gouvernance d’IBK, quelques faits notables sont accablants et traduisent une certaine inconscience dans l’exercice du pouvoir, une certaine légèreté dans la gestion des deniers publics, et un certain manque de vision etc. le train de vie de l’Etat, surtout de la Présidence avec ses dépenses de prestige ( achat d’avion, travaux de rénovation etc.), les accointances du Président avec certains milieux mafieux, la polémique autour de l’achat de l’avion présidentiel ( inopportunité, coût, malversations, pots de vin etc.), ses agissements un tantinet dictatorial, ont fortement décrédibilisé sa gouvernance. Du coup la lutte contre la corruption et la délinquance financière sous les auspices de l’actuel Ministre de la justice démarrée sur des chapeaux de roue risque d’en pâtir. Certes l’initiative est louable, le Ministre est déterminé, mais les gaffes présidentielles rendent ce combat risible et pas sérieux aux yeux de l’opinion nationale.
Aujourd’hui, plus que jamais le Malien souffre, la pauvreté est une réalité, la misère s’incruste insidieusement. La croissance économique tarde à venir, et le pouvoir d’achat du Malien chute drastiquement. IBK a promis d’améliorer le sort du Malien, mais force est de constater que pour le moment c’est tout le contraire. Rares sont les Maliens qui peuvent dire aujourd’hui Alhamdoulilahi !!! Même ceux qui avaient un minimum de « situation » crient aujourd’hui famine. Quelle désillusion !
IBK doit se remettre en question. Sa forte personnalité, sa propension à décider en solo, à en faire qu’à sa tête souvent par des choix controversés expliquent en partie ce désamour. A près de 70 ans, un brin d’humilité, de sagesse, et de hauteur de vue ne feront pas trop de mal. Le tape à l’œil, la mégalomanie, les menaces à peine voilées, le fringant, le clinquant ne nous intéressent point ! Une gouvernance en mode vertical ou l’hyper présidentialisme conduit souvent à des dérapages sans compter l’hypocrisie ou peut être la lâcheté de son entourage à lui dire certaines vérités. Le pouvoir d’IBK patauge, il est dans la nasse et le seul et unique responsable de ce déluge est IBK lui-même. Oumar Tatam LY, un cadre chevronné au-dessus de tout soupçon qui a été son Premier Ministre démissionna avec fracas pour des raisons de divergences de vue par rapport justement à cette gouvernance controversée. Toute chose qui traduit si besoin en est, ce ramdam qui s’est installé au sommet de l’Etat.
« ……IBK a besoin du soutien de tous et en même temps, il ne doit pas oublier que c’est lui que les Maliens ont choisi, et que c’est lui qui sera le premier comptable de tout ce qui arrivera. Une obligation de résultat pèse sur sa personne et il y aura certainement un droit d’inventaire et un droit de suite de son action après. ». Une vérité tangible qui traduit le sens de ses engagements. IBK est le premier comptable en cas de succès ou d’insuccès. Winston Churchill disait : « La critique peut être désagréable, mais elle est nécessaire. Elle est comme la douleur pour le corps humain : elle attire l’attention sur ce qui ne va pas. »
A bon entendeur salut !
Makan DIALLO
Docteur en Droit Privé
Avocat au Barreau de Paris et du Mali.
les maliens traumatisés par les évènement dans le nord du pays, le coup d’Etat de 2012 avec ses conséquences désastreuses sur la vie de la nation a fait que le malien n’arrive pas a faire confiance au pouvoir d’IBK or comprenez qu’avec ses immenses défis et une lourde responsabilité qui l’attendait, il s’est condamné lui même a réussir pour redonné l’honneur a son pays. donc cher citoyens ayez confiance en lui il en n’est capable mais juste besoin du soutien de chacun
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