Dossier 22 septembre : 4 chefs d’Etat, 4 styles différents mais un seul souvenir pour le Mali : Ils ont façonné le Mali de 1960 à nos jours.

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Les indépendances du continent africain ont permis à de nombreux dirigeants charismatiques d’émerger et de prendre en main les destinées de leurs pays. Ceci est particulièrement vrai au Mali où en cinquante ans, quatre chefs d’Etat se sont succédés à la tête du pays, ces fortes personnalités ont marqué la vie politique du pays. Sous leur influence, l’histoire du Mali sera jalonnée d’événements importants et de dates significatives dont chaque malien et malienne garde un souvenir vivace.

 

Modibo Keita

 

 (04 Juin 1915-16 Mai 1977).

Fils de Daba Keita et de Fatouma Camara, Modibo Keita est né le 04 Juin 1915 à Bamako. De 1925 à 1931, il fréquenta l’école primaire urbaine de Bamako (actuelle école fondamentale Mamadou Konaté). A partir de 1931, il entra au lycée Terrassons de Fougère (aujourd’hui lycée Askia Mohamed).

Trois ans plus tard, il partît pour l’école Normale Supérieure William Ponty de Dakar où il passa deux ans. Modibo Keita sortît major de cette école prestigieuse et deviendra instituteur en Septembre 1938. Ses professeurs le signalèrent comme « Instituteur d’élite, très intelligent, mais anti-français…Agitateur de haute classe, à surveiller de près »

En réalité, l’homme n’était pas anti-français. Il était viscéralement anticolonialiste.

En 1946 est créée à Bamako la section soudanaise du rassemblement démocratique Africain (R.D.A.), formation présidée par l’ivoirien Félix Houphouët Boigny.

Modibo est élu secrétaire général. En 1953, il est élu conseiller de l’union française. Devenu maire de Bamako en 1956, il est élu député à l’Assemblée Nationale Française dont il devient vice-président. Il siègera deux fois comme secrétaire d’Etat dans les gouvernements français de la quatrième république.

En 1958, il est élu président de l’assemblée constituante de la fédération du Mali qui regroupe le Sénégal, le Dahomey et la Haute-Volta. Après l’éclatement de cette fédération, il proclame le 22 septembre 1960 l’indépendance du Soudan Français qui devient la République du Mali. Il en prend la présidence.

Socialiste, il oriente le pays vers une socialisation progressive de l’économie avec, entre autres, la création de la société malienne d’importation et d’exportation (SOMIEX) en 1960 et le franc malien en 1962.

Le 19 Novembre 1968, il est renversé par un coup d’Etat militaire sous la direction du Lieutenant Moussa Traoré. Emprisonné à Kidal et à Bamako, il meurt le 16 Mai 1977 à l’âge de 62 ans. Il repose au cimetière d’Hamdalaye. Premier président du Mali indépendant, Modibo Keita, a été réhabilité en 1992 par les autorités de l’époque. Une statue géante a été érigée à son honneur à l’intérieur du mémorial qui porte son nom. Modibo Keita a œuvré toute sa vie pour l’unité africaine en participant à la création de la fédération du Mali et à la rédaction de la charte de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA). Illustre homme d’Etat et grand panafricaniste, Modibo Keita était un leader charismatique écouté sur la scène internationale. Il a acquit grâce à son action et ses idées, estime, prestige et respect. Il avait le verbe haut, le nationalisme à fleur de peau, de la dignité et de la distinction dans le comportement, le non alignement comme principe et le panafricanisme dans la peau.

Dort en Paix Modibo Keita

 

General Moussa Traoré

 

Né le 25septembre 1936 à sébétou (région de Kayes)

Moussa Traoré a fait ses études primaires dans son village natal, avant de les poursuivre à l’école des enfants de troupe de Kati d’abord, puis l’école préparatoire des officiers d’outre-mer. Il était aspirant lorsqu’il rentra au Mali nouvellement indépendant. Nommé sous-lieutenant en 1961, il passe lieutenant en 1963. Le Mali d’alors était engagé auprès de toutes les forces qui se battaient pour l’émancipation totale du continent et le jeune officier fut envoyé au Tanganyika (actuelle Tanzanie) en qualité d’instructeur auprès des combattants des mouvements de libération. Rentré au Mali, Moussa Traoré est affecté toujours comme instructeur à l’école militaire inter-armée de Kati.

Le 19 novembre 1968, à la tête d’un groupe de jeunes officiers, il renverse le président Modibo Keita. Il devient le président du comité militaire de libération nationale (MLN), nouvel organe dirigeant du pays. Devenu général de brigade entre temps, puis promis général d’armée en mars 1982, il créé un parti unique et constitutionnel dénommé l’Union démocratique du peuple malien (UDPM) le 30 mars 1979.

Le général Moussa Traoré connut son chant de cygne en 1988, année pendant laquelle il assuma la présidence de l’organisation de l’unité africaine, en même temps que se fêtait le 20ème anniversaire de sa prise de pouvoir.

Deux ans plus tard les associations politiques lançaient les revendications pour l’ouverture politique. Voulant à tout prix retarder l’échéance jusqu’au congrès ordinaire de l’UDPM de mars 1991, il se fit débordé par la montée des revendications. La répression sanglante du 22 mars et les jours suivants ont sonné le glas de son régime.

Renversé par le coup d’Etat du 26 mars 1991, il sera jugé et condamné à mort deux fois à l’issue de son procès de crimes de sang et économiques. Les peines seront, ensuite commuées en détention à perpétuité.  Détenu dans la ville de Markala, Moussa Traoré est libéré en 2002 à la faveur d’une grâce présidentielle.

 

ALPHA OUMAR KONARE

 

(2 février 1946)

Intellectuel panafricaniste Alpha Oumar Konaré, aura incontestablement marqué l’histoire récente du Mali, d’abord dans les années 1990, puis comme président de la République pendant une décennie (1992-2002). Né le 2fevrier 1946 à Kayes, il effectua ses études à l’école normale secondaire de Katibougou en section (lettres) puis intégra l’école normale supérieur de Bamako (section histoire et géographie) d’où il sortira en 1969. Militant syndicaliste il fut à cette époque l’un des fondateurs de l’association des élèves et l’école Normale Supérieure, puis du syndicat national de l’éducation et de la culture (SNEC) .En 1967, il est élu secrétaire General du mouvement de la jeunesse de l’U.S.R.D.A, le parti du premier président Modibo Keita. Enseignant, fils d’enseignant, Alpha Oumar Konaré est affecté à Kayes, sa ville natale, puis comme professeur au lycée de Markala.

En 1975, il obtient un Doctorat de 3ème cycle en histoire archéologique à l’université de Varsovie en Pologne. De retour au Mali, il est chargé de recherche à l’institut des sciences humaines puis de 1975à1978, chef de la division du patrimoine historique et ethnographique au Ministère de la culture. Il rentra au gouvernement sous le régime du général Moussa Traoré comme Ministre de la Jeunesse, des Sports, des Arts et de la culture en Mai 1978.

En 1983, il créa la coopération culturelle Jamana qui éditera le journal (LES ECHOS) et la revue jamana dont   il fut le directeur de publication.

Ce journal jouera un rôle déterminant dans la lutte pour l’ouverture démocratique.

En 1990, il participa à la création de l’association (Alliance pour la démocratie au Mali) (ADEMA) qui s’est transformé en parti politique sous le nom d’ADEMA/PASJ (Alliance pour la démocratie au Mali. Parti africain pour la solidarité et la justice) dont il fut le candidat à l’élection présidentielle et élu président en Avril 1992 avec 69,1% des suffrages au second tour, il est réélu pour un second mandat et dernier mandat en Mai 1997.

Panafricaniste convaincu, au parler direct et franc, il est élu premier président de la commission de la toute nouvelle union Africaine, le 10juillet 2003. En janvier 2008, au terme de son mandat il quitte l’organisation panafricaine pour une (retraite) à BAMAKO.

 

AMADOU TOUMANI TOURE

(4 Novembre 1948)

ATT : ce n’est pas un acronyme, non plus un surnom, mais plutôt un nom. Aucune personne, que ce soit du fin fond du marché rose de Bamako ou d’une lointaine piste aux abords de la guinée ne parlera du président, Amadou Toumani Touré, autrement qu’en l’appelant (ATT). En effet le 26 mars 1991, à l’issue des précédentes journées sanglantes du pouvoir d’alors, le chef parachutiste prend le pouvoir à la tête d’un comité transitoire de salut du peuple (CTSP). Au terme d’une transition réussit de 14 mois (l’une des plus courtes du continent), il organise l’élection présidentielle en juin 1992 et cède le pouvoir à un président démocratiquement élu. Le natif de Mopti (la Venise malienne), se retire des affaires de l’état. Le nouveau président Alpha Oumar Konaré le nomma général et médiateur de la république, c’est-à-dire (Ambassadeur des bonnes causes). A ce titre, ATT participe à diverses missions de médiation en Afrique, notamment dans la région des grands lacs avant de s’occuper de la crise en Centrafrique et du Tchad où il est l’envoyé spécial du secrétaire général des nations unies, Koffi Annam. Parallèlement, il œuvre dans l’humanitaire avec la fondation de l’ancien président américain Jimmy Carter pour l’éradication du ver de guinée, ou dans les associations en faveur de la démocratie et de la paix. Le 1er septembre 2001, il demande et obtient sa mise en retraite anticipée. Il décide de se lancer dans la vie politique en posant sa candidature pour l’élection présidentielle. Le 12 mai 2002, il est élu président de la république, puis réélu dès le premier tour avec plus de 68% des suffrages, le 29 avril 2007. Sa présidence est assez atypique, elle n’appartient à aucune formation politique.

 Né le 04 novembre 1948 à Mopti où il fréquente l’école fondamentale, Amadou Toumani Touré s’inscrit par la suite entre 1966 et 1969 à l’école normale secondaire de Badalabougou pour devenir instituteur. Finalement, le destin le conduit vers le métier des armes. Il intègre l’école militaire interarmées de Kati. Au sein du corps des parachutistes, il gravit rapidement les échelons avant d’effectuer plusieurs stages en URSS et en France, principalement à l’école de guerre de Paris. Revenu de ces différentes formations, il retrouve le commandement de ses troupes avec lesquelles, il mit fin dans la nuit du 25- 26 Mars 1991, au régime du général Moussa Traoré.

 

                                            Souleymane Kanouté               


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