Comme d’habitude, le vieux Ganglè donne son point de vue sur le sujet brûlant de l’actualité nationale ou internationale. Ce matin, il aborde les marches initiées par les organisations de la société civile relatives aux négociations qui se déroulent à Alger entre le gouvernement Malien et les groupes armés. Mais ces organisations se sont-elles réveillées à temps?
Také : Ces deniers mois furent marqués par des marches initiées, pour la plupart, par des organisations de la société civile en guise de soutien au gouvernement Malien qui est en discussion à Alger avecles groupes armés. Leurs voix servent-elles à quelque chose?
Ganglè : Depuis un certain temps, on assiste partout au Mali à des marches d’organisations de la société civile pour dire «non à un statut particulier pour Kidal». Encore une fois, on a attendu avoir le couteau à la gorge pour se faire entendre à travers des protestations. Où étaient-elles quand les négociations ont commencé à Alger le premier Septembre 2014? Lorsque les délégués du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont joué au chantage, il a fallu que leur ami Djibril Bassolé (le Burkinabè chargé des sales besognes de la France) intervienne. Il leur aurait dit ceci : «Vous devez tout faire pour que vous ne soyez pas à l’origine d’un échec des discussions».
Il leur aurait aussi rassuré que tous les points sont à discuter sur le fond. En ce moment, qu’est-ce que les organisations de la société civile malienne ont-elles pu faire ou dire? Rien du tout ! Pourtant, de nombreux gens ont su que les groupes armés se sont réunis en Août dernier dans l’arrière-base du MNLA (à Ouagadougou) pour convenir des modalités de discussion d’Alger. Parmi les points retenus, il y avait bel et bien ‘’l’idée d’un statut autonomiste’’ pour l’Azawad.
Aucune association, aucun parti politique n’a réagi. D’ailleurs, le pays patauge encore dans la mare boueuse de la division pour des sujets d’intérêt personnel. Autrement dit, la priorité n’est et sera jamais accordée aux questions ayant trait à Kidal. Chacun se soucie d’avoir d’abord ‘’sa sauce à manger’’ pour ensuite se préoccuper du sort, toujours triste, de son Maliba. Cette vision se comprend dans un pays où le slogan durant la campagne présidentielle du candidat IBK, en l’occurrence, «Le Mali d’abord» est vite devenu «Ma famille d’abord, le Mali ensuite.» Vous voyez maintenant le côté toujours triste du Mali.
Donc si tout le monde s’en fout, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) engrange forcément des points chez les partenaires surtout la France et l’ONU qui font de nous ce qu’elles veulent. Aussi irascible que cela puisse paraitre, dans notre pays, c’est quand la cause est presque perdue qu’on se met à faire du tapage. Ces marches de la société civile malienne s’organisent pour deux raisons principales.
Primo : elles offrent l’opportunité à certains leaders de se faire une place privilégiée en s’affichant dans les médias. Secundo : elles permettent à d’autres d’avoir des sous au nom des mouvements quand on sait qu’on obtient un financement pour l’organisation de chacune de ces sérénades. La société civile du Mali organisée en Groupement d’intérêt économique (GIE) ne cherche qu’à crier de façon hystérique afin de bouffer plus.
Cela se voit très bien. C’est pourquoi, ses manifestations ne changent rien ! C’est du pain béni pour la France qui poursuit sa volonté de faire main basse sur le Mali en s’ingérant dans ses affaires intérieures, et mieux encore, à travers des pressions. Quel parti politique ou quel média Malien peut se permettre de donner son point de vue sur les revendications de la minorité Corse qui, depuis de longues années, se démène pour se détacher de la France? Les autorités de Bamako peuvent-elles dire ce qu’elles pensent du ‘’Statut de la Corse’’ en France? Si elles en font, elles doivent s’attendre à la rupture de ses relations avec Paris et à la déstabilisation du Mali. Eh oui, le monde est injuste !
Après avoir libéré Kidal, le président François Hollande l’a offert au Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA). Puis il a interdit à l’armée Malienne l’accès à d’autres localités du nord. Pire, les autorités de Bamako n’ont plus le droit de décider du sort de ces zones qui font bien partie de son vaste territoire. Au lieu de dénoncer cette attitude d’annexion et de violation de notre souveraineté, certains cadres Maliens divergent sur l’approche adoptée par le gouvernement afin de résoudre ce problème. Comme le dit un proverbe Bambara : «Quand le mur se fissure, les margouillats en font un point de passage.» Také, ferme ton appareil, on se verra la semaine prochaine, plaise à Dieu.