Pour avoir exprimé ses opinions sur le pouvoir d’achat des Maliens lors d’une conférence-débats qu’il a animée le samedi 13 janvier 2007 au Centre Djoliba, Ibrahima Sissoko, chef de division à la DNCC et membre d’Action solidarité, responsabilité, intégrité (Asri) a été relevé de son poste juste après la rencontre.rn
La liberté d’opinion et d’association sont normalement des principes fondamentaux de la démocratie. Mais au Mali d’ATT, où la démocratie s’exerce depuis mars 1991, exprimer ses idées est un sacrilège sanctionné par le limogeage. Désormais, l’épée de Damoclès pend sur la tête des agents de l’Administration publique qui ne peuvent tenir… leur langue.
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Ibrahima Sissoko, chef de division à la direction nationale du commerce et de la concurrence (DNCC) et membre d’Action solidarité, responsabilité, intégrité (Asri) a été relevé de son poste parce qu’il a osé animer une conférence-débats le 13 janvier dernier sur le pouvoir d’achat des Maliens. C’était à l’occasion de l’anniversaire de l’Association. Principal conférencier, M. Sissoko avait seulement asséné les vérités connues de tous ; à savoir : les conditions précaires dans lesquelles vivent la majorité des Maliens, nonobstant les potentialités réelles du pays.
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Il avait lancé un appel aux autorités pour une exploitation et une répartition judicieuses des richesses du pays qui appartiennent à tous les Maliens afin que le pouvoir d”achat puisse être amélioré.
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La rencontre a été l’occasion, pour de nombreux citoyens, de dire leur ras-le-bol sur la gestion du pays. Bien sûr que sur la décision de relève de M. Sissoko, il n’y a aucune mention des raisons de son limogeage. Mais, il est certain que sa mise à l’écart s’explique bien par ses prises de position à la conférence-débats.
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Prévoyant une sanction contre le conférencier, certains intervenants n’ont pas caché leur appréhension sur de possibles représailles de la part des tenants du pouvoir. « Si on le relève qu’allons-nous faire pour lui ? » s’interrogeait Dr. Oumar Mariko, connu pour son engagement dans la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance.
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Ce que le pouvoir ignore, c’est qu’il y aura toujours des Ibrahima Sissoko pour dénoncer le mal vivre des Maliens, le népotisme, le clientélisme et la corruption généralisée, qui ont pris corps et racines dans notre pays. Aurions-nous oublié que des Maliens ont versé leur sang pour plus de liberté d’expression, d’opinion, d’association ? Cet acte digne de l’Inquisition ne grandit pas le président de la République qui, par son silence, apporte de l’eau au moulin de l’auteur de « ATT-cratie, la promotion d’un homme et de son clan », qui regrette, entre autres incongruités, que seuls les faibles payent. C’est bien la loi de l’Omerta.
rnAmadou Sidibé“