L’instauration de la démocratie coûte excessivement chère de part l’organisation des élections présidentielle, législative, locale avec la mise en place des structures et des infrastructures des institutions. Ce régime politique dans lequel le peuple exerce lui-même sa souveraineté est pratiqué dans presque tous les pays africains avec sa fortune. Ce régime est composé du pouvoir exécutif subdivisé en la Présidence de la République, du Gouvernement et des Conseils Régionaux, communaux ; du pouvoir législatif en Parlement et enfin du pouvoir judiciaire subdivisé en la Cour Constitutionnelle, le Conseil Economique Social et Culturel, la Cour des Suprême, et l’Instance de Régulation des Média.
Ces institutions pour leur fonctionnement et leur efficacité doivent s’installer d’où les infrastructures répondants à des normes de fonctionnalités professionnelles acceptées et aussi assurer l’entretien régulier des installations. Le fonctionnement des institutions nécessite un personnel administratif et qualifié et comme tout travail a droit au salaire, le traitement salarial des ministres, des élus du peuple et de leur collaborateurs doit être bien étudié. A Cela s’ajoute le financement des partis politiques, des campagnes électorales et de la production de l’information. Le coût de la démocratie mérite que les politiques ne piétinent pas les institutions car la démocratie exige des institutions fortes et non des hommes forts. Hier, l’organisation des élections ne se résumait qu’à l’impression des cartes électorales, aux bulletins de vote, aux urnes et au fonctionnement de la commission organisatrice des élections. L’afflue des élections tronquées a contraint les gouvernants à une élection transparente à leur sens d’où à la numérisation des cartes électorales et la transmission des résultats ce qui fait que le coût des élections a doublé. Par exemple pour l’élection présidentielle de mars 2007 au Sénégal, 30 milliards de francs CFA ont été nécessaires à raison de 15 milliards pour la numérisation des cartes et 15 autres milliards pour les opérations électorales, au Togo les législatives d’octobre 2007 ont coûté presque 20 milliards de francs CFA. Ce sont autant de montant faramineux qu’exige une seule élection alors que s’organise souvent trois élections (présidentielle, législative, communale).
L’anti-développement
Tout d’abord, le financement des élections est constitué en grande partie des prêts des institutions internationales ce qui constitue une dette énorme pour nos Etats. Ce financement répétitif des élections africaines malgré l’irrégularité visible et démontrable de ces élections cela porte à dire que ces bailleurs sont complices pour retarder le développement de ce continent. Sinon comme comprendre qu’on prête toujours l’argent encore beaucoup pour des gens qui s’en servent autrement parfois en complicité avec ces même prêteurs et qui ne cherchent pas à rembourser. Prenons le cas du Mali, en 2002 plus de 30 milliards ont servi pour les élections présidentielles pour lesquelles bon nombres d’observateurs n’ont accordé aucune crédibilité. Cependant, ces milliards pouvaient servir à renforcer les infrastructures hospitalières, les équiper et recycler le corps médical et doter des lycées publics de chaque ville d’une salle informatique avec une connexion internet à haut débit. Le cas présent de la Côte d’Ivoire, où des centaines de milliards ont été dépensés pour la restauration de la paix et le déclenchement du processus électoral jusqu’à cette imbroglio qui étouffe l’économie. A quoi servent les élections avec une telle fortune si les résultats sont connus d’avance ou seront purement frauduleux. Le cas du Niger aussi interpelle la conscience collective, pour un référendum dont les résultats sont connus d’avance, est -ce qu’il fallait que la junte au pouvoir utilise près de trois milliards pour organiser ce vote au moment où la sécheresse après avoir fait les victimes de la faim que les inondations sont survenues avec son cortège de morts et de sans abris. La démocratie c’est pour le peuple et elle ne doit pas se faire sans tenir compte de la situation dans laquelle se trouve le peuple. D’aucuns diront qu’il faille aussi organiser ces élections, certes c’est une nécessité mais il faut revoir certaines paramètres, est- ce qu’il faut organiser les élections pour plaire ou pour la vérité des urnes. Si c’est pour la vérité, il va falloir aussi chercher à organiser des élections moins couteuses.
Une alternative
La minimisation du coût de la démocratie a été l’objet d’un exposé d’un membre du Groupe de Réflexion d’Action pour le Dialogue, la Démocratie et le Développement (GRAD) Victor Toulassi lors d’un séminaire à Cotonou sur «la société et les défis de la démocratie» en mai 2007. L’exposant a suggéré quelques solutions pour minimiser le coût de la démocratie à travers les financements locaux comme des emprunts obligataires, des taxes spéciales, des prêts auprès des grandes fortunes locales ; la bonne gouvernance, une légalisation sur le financement politique, une expertise locale interne ou externe, et des solutions externes des organisations spécialisées. A ces propositions, il serait mieux que nos régimes présidentiels inflexibles deviennent parlementaires pour que le Chef du gouvernement soit proche de l’Assemblée nationale pour ne pas dire proche du peuple.
Paul N’guessan