Si Django Sissoko réussit sa mission, il rentrera et siègera définitivement dans l’histoire politique du Mali. Mais, s’il échoue et ce qui ne serait pas forcément de son ressort en raison de la grave confusion politico – institutionnelle en vigueur au Mali, personne ne l’en tiendra rigueur. Tout le monde sait par avance que, les empêcheurs de tourner en rond, tout comme avec le premier, rentreront très vite dans la danse si jamais, mal lui prendra de vouloir même pour le salut de la république, ramer à contre courant. Tout ce qu’il fera ou tout ce qu’il dira est décortiqué, pesé et sous- pesé à Kati.
Pour être franc et sincère avec ce grand de la république appelé enfin au chevet du malade qu’il connaît comme les poches de son boubou, il est bon de lui dire, qu’il a accepté pour la république mais, que cette même république à travers ses hauts d’en haut, ne lui pardonneraient aucune liberté. Tout ce qui ira contre leurs intérêts sera sanctionné. Seul Dieu sait à quoi elle ressemblera. En attendant, tous les maliens, comme un seul homme, sont debout derrière lui pour le salut du Mali. A sa nomination, ils sont très nombreux ici dans la capitale, dans les villes de l’intérieur et même dans la diaspora, à avoir applaudi des deux mains. Chacun allant de son petit commentaire sur les qualités morales et professionnelles de ce grand commis de l’état du Mali, son engagement patriotique pour la cause Mali. Mais à la tombée rapide de la fièvre nominative, les mêmes replongent dans les questionnements et les plus coriaces d’entre eux sont ceux – ci : Que pourrait – il réussir dans cette grosse confusion au sommet de l’état, duquel sommet trône le vrai président retranché dans un camp forteresse et sa photo siégeant à la Base B.
Pour le PM Diango, rien ne sera facile. Il se serait lui-même rendu compte au même moment que l’ensemble de ses compatriotes, le même jour, au cours d’une interview, le vrai président du Mali, l’homme fort et assurément très incontournable, le Capitaine Amadou Haya Sanogo, devant la caméra de la TV nationale, parlant de la chute de CMD et de la nomination d’un nouveau chef du gouvernement, levait le pan important du voile. Cheick Modibo Diarra selon Amadou Haya, est parti, un nouveau viendra et reconduira l’équipe sortante avec quelque changement. L’information quoique de première main, parce que sortant de la bouche du vrai chef de l’Etat, a dérangé jusque dans les salons de nos partenaires stratégiques. Avait – il tort d’aviser les maliens ? Le gouvernement sortant comme promis est revenu soulagé simplement des ministres considérés comme étant proches ou très proches de l’ancien PM. Seuls 6 ministres ont rendus le tablier.
Le lendemain de sa nomination, le nouveau PM, selon des sources généralement bien informées, s’est rendu à Kati pour non seulement saluer le boss mais sans doute pour prendre des consignes. Il n’a pas tort. Amadou Haya Sanogo, jusqu’à preuve du contraire est et reste le seul homme fort du Mali. Tout le reste est cliché et faire semblant. Note d’espérance, Django Sissoko, en homme civilisé et expérimenté, fondé sur une longue pratique du pouvoir d’Etat, n’est pas en terrain étranger. Il a travaillé aux côtés du tout puissant général Moussa Traoré jusqu’au lendemain des évènements du 26 mars 91 et n’a définitivement quitté le palais, que 24 ou 48 heures après le coup d’état. Passons sous silence son passage à la Primature en qualité de ministre directeur de cabinet et secrétaire général de la présidence de la république pour la deuxième fois en moins de 30 ans, garde ses bons reflexes et saura nous l’espérons, tiré son épingle du jeu à condition qu’il n’oublie jamais sa vraie mission ; à savoir libérer le pays et organiser rapidement les élections. Car, rien ne serait immédiatement possible tant que nous resterons dans le schéma de la Transition. Les partenaires étrangers, ceux – là qui, font vivre notre pays à travers leurs aides bilatérales ont avisé. Les robinets resteront fermés jusqu’à nouvel ordre. Pardon jusqu’à l’élection d’un président de la république et la nomination d’un gouvernement républicain.
Sory de Motti