Mme Mama Koïté Doumbia, Présidente de Femnet Mali,
Pour la démocratie au Mali , il faut reconnaître que si nous avons réussi à donner plus de liberté d’expression aux citoyens et d’ouverture démocratique pour les Associations et Partis Politiques, nous avons échoué quant au changement de mentalités et de comportements.
Pour la liberté d’expression, la notion de démocratie est mal comprise. Des citoyens et citoyennes pensent que la chose publique ne mérite aucune attention. On piétine les valeurs fondamentales telles que la dignité, l’honneur, le respect mutuel, la discipline. Des hommes et des femmes se «prostituent « ou «vendent leur âme au diable’’, ou ne reculent devant rien pour avoir des postes, des faveurs, des honneurs, s’enrichir, chercher d’autres intérêts…C’est dommage que les idéaux pour lesquels nous nous sommes battus ne sont pas priorisées. Beaucoup sont venus pour accéder au pouvoir dans le sens d’en jouir et non de faire « le kokadjé «. On a exploité la souffrance des gens, on profite des efforts de masses laborieuses, on trompe les populations, on leur promet des choses jamais réalisables etc.
On a par ailleurs fait gangréner la Corruption, la gabegie, le Népotisme, le laisser-aller, le trafic d’influence et l’Impunité généralisée.
Le règne d’ATT est mitigé. Cet homme a eu de la chance avec le consensus qui l’a amené au pouvoir. Avec les grandes réalisations sociales, économiques et culturelles, il aurait gagné plus de notoriété s’il n’avait pas institutionnalisé la Corruption avec son corollaire d’Impunité. En tant que soldat, on avait cru à un régime plus pragmatique, proactif, capable de relever le moral des populations de façon générale et d’assainir la situation financière du pays. On aurait cru à une gestion plus équilibrée sachant utiliser « carotte/ bâton’’. ATT pouvait être plus heureux s’il n’avait pas adopté la politique de vouloir plaire à tous et croire ne pas avoir d’ennemis. Il ne veut faire mal à personne, «même à une mouche» et beaucoup en ont profité en lui faisant la cour pour réussir leurs sales besognes .Certaines personnes continuent à sucer le sang du Peuple ou de pratiquer toutes sortes de transactions dans ce pays en totale impunité.
Il devrait faire «la part des choses « et gagner plus de points.
Récompenser les plus méritants, les plus crédibles, les plus capables, les patriotes (il en existe) et punir ou livrer à la justice ceux ou celles qui ne veulent que profiter de son régime (Il en a vraiment eu !!!!!!!).
Les Maliennes et les Maliens doivent prendre conscience pour les élections à venir et donner plus d’espoir à ce Peuple ! ‘’Le Printemps arabe’’ n’est pas loin. Rien ne sera plus comme avant ! »
Abdoul Karim Karambé, juriste
« La démocratie est un système dans lequel le peuple aspire le bien-être ou l’avis du bas peuple compte beaucoup. Mais, cependant, nous peuple du Mali, avons bien compris la démocratie. Le Mali était un exemple de la sous-région après les événements de mars 91 où le peuple malien s’est dressé comme un seul homme, face à une dictature, c’est-à-dire au régime du Général Moussa Traoré. Et, c’est à partir de là, que la démocratie entre dans l’histoire du Mali, ou le peuple a vaincu. Après, mars 1991, chacun avait son mot à dire.
Ce n’était pas un seul qui dirigeait, l’avis de tout le monde était compté et chacun apportait sa contribution au développement du pays. Dix ans après, il n’y avait plus de démocratie au Mali. On parle de démocratie mais en réalité c’est de l’anarchie qui prône. Ce n’est plus Un Peuple-Un But-Une Foi. Alors qu’on doit respecter la démocratie. En plus, la démocratie c’est aussi le respect de l’autre. La démocratie n’existe plus ! La preuve même, ceux qui adoptent les lois ne les respectent plus. On se rappelle encore, le Mali était une étoile en matière de démocratie dans la sous-région et les autres pays prenaient l’exemple sur notre pays. C’est vraiment déplorable. Aujourd’hui, la démocratie, c’est pour les riches et le pouvoir. Qui est fou aujourd’hui de parler de démocratie dans les tribunaux, personne. Je déplore la démocratie malienne, j’espère que la génération montante fera de son mieux afin de ne pas oublier la mémoire de ceux qui sont tombés en 1991, qui doivent en train sûrement de pleurer dans leurs tombes à cause de ce qui se passe actuellement au pays. Néanmoins, bon vent pour le Mali et pour notre jeune démocratie. Parlant du régime ATT, je suis déçu de sa gestion du pays car on ne constate que le népotisme, le régionalisme et le sectarisme durant son mandat.
Avec ces systèmes, un pays ne peut pas aller de l’avant. Rien n’est comme avant, tout a été bafouillé à commencer par la formation militaire, ensuite l’éducation avec les sorties intempestives des élèves et étudiants et surtout la fonction publique ainsi que le chômage des jeunes. Au Mali, tout est devenu clanique. On ne peut pas avoir de travail si tu ne fais pas partie de ce clan là. C’est vraiment dommage et regrettable pour notre pays, le Mali. »
Mme Dembélé Assitan Traoré, Union des Patriotes pour la République (URP)
« La démocratie malienne bien qu’elle a 20 ans, c’est une démocratie naissante et à travers cela le Mali est un pays démocratique. Après l’avènement de mars 1991, le Mali a eu un Président démocratiquement élu. Mais, ce qui est regrettable est le fait que les gens n’arrivent pas à faire la différence entre la démocratie et la liberté. Je pense que la conception de la démocratie est mal comprise par les jeunes qui ont tendance à la confondre. Il faut que les jeunes comprennent que démocratie n’est pas synonyme de liberté. En un mot, il faut cultiver le civisme chez les jeunes. Il faut rappeler qu’avec la démocratie, on a vu le multipartisme naître où beaucoup de partis politiques ont vu le jour. Au delà, je dirai que dans l’ensemble ça va. Par rapport aux dix ans du Président Amadou Toumani Touré, je peux dire qu’il a fait beaucoup de réalisations au Mali. Il faut que les maliens soient reconnaissants envers lui. Toutefois, sur certain plan, tout n’est pas résolu comme par exemple, l’éducation, le problème du nord et le chômage des jeunes. Une initiative salutaire sous ATT : la création du Cadre de Concertation des femmes des partis politiques. Je peux dire sans risque de me tromper qu’il a beaucoup fait pour les femmes maliennes. Et on le sera éternellement reconnaissant. J’insiste tantôt sur la situation actuelle de l’école malienne. Il faut que cela soit résolu rapidement. Ce qui est regrettable aujourd’hui, c’est le fait qu’il y a des années maintenant, les gens ne font plus confiance aux jeunes diplômés des universités maliennes. Ils disent que les jeunes n’ont plus le niveau. Ça fait mal, mais c’est la vérité. Au-delà de tout ce que je viens de dire, et quelques insuffisances par-ci et par-là, les maliens doivent être fiers du Président ATT. J’espère que le futur président, son successeur suivra sa trace (comme on le dit, l’administration est une continuité) tout en lui disant merci et félicitation en lui souhaitant bonne chance et bonne continuation pour tout ce qu’il entreprendra après son mandat à la tête du Mali ».
Boubacar Sidiki Diarra, étudiant à l’IPR de Katibougou
« Je vais d’abord définir la démocratie, qui est le fait de message et de symbole entre le sommet et la base. C’est un échange fructueux entre ces deux. Si le message ne passe pas, le pouvoir devient dictatorial. Par rapport au mandat du Président de la République, je pense que son premier mandat a été assez bien car il y avait toujours l’échange fructueux entre le sommet et la base, et il prenait en compte les propositions de la base. Mais, le début de son second mandat vers 2007, le gouvernement a fait un rejet des propositions de la base alors que celle-ci a beaucoup aidé le Président à briguer un second mandat. Il y a aussi eu disfonctionnement concernant le code des personnes et de la famille. S’il y avait écouté la base, ce ne serait pas comme ça été. Et tout récemment, il veut obliger le port du casque. Je dis non, un gouvernement doit toujours consulter et sensibiliser son peuple et avoir une politique convaincante pour que les gens puissent savoir que le port du casque est vital pour tous et chacun doit s’y impliquer et non l’imposer. En tant qu’étudiant, l’école malienne est plus que malade. Il faut apporter une solution concrète pour que l’école malienne puisse se relancer. On se rappelle encore dans les années 1970 à 1980, le Mali était une référence dans la sous-région, on avait des cadres responsables. Mais aujourd’hui, on ne peut plus espérer dans les dix ans à venir que les cadres que le pays formera seront compétitifs surtout à l’extérieur et même chez nous. Parce qu’ils n’ont pas reçu de formation solide depuis à la base. Je pense que l’Etat doit trouver une solution pour que l’école malienne puisse sortir dans cette impasse. »
Mamadou Yattassaye, président de l’Association des jeunes pour la lutte contre le terrorisme et la drogue en Afrique de l’Ouest
« Je pense que la démocratie malienne avance et nous sommes une référence dans la sous-région. Je suis satisfait des dix ans du Président ATT et surtout de son programme. Parce que son régime a beaucoup aidé la jeunesse malienne surtout en matière d’emploi. C’est une œuvre salutaire et surtout à féliciter. Si cela ne tenait qu’à moi, il allait continuer à diriger le Mali pour l’avenir du peuple malien et surtout pour la jeunesse malienne. Il faut reconnaître qu’on ne peut pas satisfaire tout le monde. Je pense qu’il a fait de son mieux. »
Propos recueillis
Par Salimata Fofana