La lune de miel du couple de l’opposition Parena-Sadi n’a été que de courte durée. Pour les observateurs avertis, cette dissolution était prévisible parce que le parcours du parti du bélier est parsemé d’embûches. De la création du Parena en 1995 à la date d’aujourd’hui, son ascension sur l’échiquier politique reste minime voire inexistante à travers le pays. C’est surtout le parti qui a toujours fait beaucoup de bruits pour récolter des strapontins.
Le parti du bélier blanc est à l’image de ses fondateurs qui tiennent à jouer les premiers rôles sans avoir l’étoffe nécessaire. Sinon, ça casse. Je crois qu’en créant le groupe parlementaire de l’opposition avec le Parena, le parti Sadi n’a pas suffisamment réfléchi avant d’opter pour une aventure, qui s’annonçait pourtant périlleuse.
En 1998, lorsque Alpha Oumar Konaré entreprit de procéder à une révision constitutionnelle, le Parena a eu à participer à toutes les rencontres et débats initiés à cet effet. Cependant, le jour du vote du projet de loi sur ladite révision constitutionnelle à l’Assemblée nationale, les députés Parena sont tous sortis de la salle, manifestant ainsi leur désaccord par rapport au vote du projet de loi.
Autre acte, qui étale le manque de sérieux du parti du bélier blanc, est la volte-face par rapport à la Loi d’orientation agricole. L’opinion se rappelle, qu’après la campagne de sensibilisation organisée, dans la région de Sikasso, par le Parena sur la Loi d’orientation agricole, le parti s’est ensuite rétracté avant de le vomir, suite à la production d’un rapport par le Contrôle des services publics sur la gestion des fonds d’organisation du Sommet France-Afrique dont Tiébilé Dramé était le président de la Commission d’organisation. Et depuis, le divorce était consommé entre le bélier et le général.
Ruiné et n’en pouvant plus faire face aux dépenses de fonctionnement, le Parena entame des négociations pour une fusion dans la ruche. Bon raisonnement, car le président du parti du bélier blanc est l’époux de la fille d’Alpha Oumar Konaré, ancien président des abeilles. Toujours acculés par des problèmes financiers, Dramé et ses béliers étaient obligés de lorgner du côté de la mouvance présidentielle par peur d’être des moutons de sacrifices.
Dans un passé récent, le bouillant secrétaire général du Parena, Djiguiba Keïta dit PPR avait réagi par rapport à la cession des terres irriguées à l’Office du Niger par une longue contribution à la presse, avec une critique sévère à l’endroit du Gouvernement. La suite ! PPR et son Parena serrent la main tendue du président ATT, choisissant ainsi de quitter l’opposition parlementaire au bénéfice d’un strapontin, poste de ministre de la Jeunesse et des Sports dans le gouvernement de Cissé Mariam Kaidama Sidibé.
Sur ce tableau, je crois que le docteur Oumar Mariko et le parti Sadi n’ont pas fait une bonne lecture de la scission du CNID, qui a conduit à la création circonstancielle du Parena conduite par l’ADEMA en 1995. Selon certaines sources, le Pr. Yoro Diakité, président de ce parti qui venait de naître, aurait même bénéficié de 60 millions de F CFA dans un bureau à l’hémicycle.
Dernier acte de déloyauté, c’est la tenue d’une conférence de presse par le PARENA à la Maison de la presse pour signifier son inquiétude par rapport au fichier électoral. A partir du moment où Tiébilé Dramé et ses compagnons sont membres du gouvernement, ils n’ont plus le droit de critiquer ce gouvernement. Ils doivent le faire en conseil de ministres.
Il ne fait l’objet d’aucun doute que pour la construction nationale, les Maliens ne doivent pas compter sur le Parena, où l’éthique est loin d’être la chose la mieux entretenue.
Le Parti SADI
Ce parti exprime son appartenance à l’opposition et s’assume. Les responsables de ce parti pèsent lourds sur l’échiquier politique malien que ceux du Parena. Depuis sa transformation en 2001 en formation politique, SADI est un parti qui progresse dans son implantation à l’intérieur du pays. Sa force demeure son réseau de communication Kayira qui compte à travers le Mali plus de quinze (15) radios.
Avec ses quinze radios, il est évident que Sadi seul peut bien animer l’opposition en dehors du Parlement et éveiller les consciences des Maliens. Sadi, c’est aussi un parti d’avenir où sont rassemblés des jeunes diplômés sans emploi, des militants de la demande Sociale. Nul doute que s’il y a un parti politique que le général président craint, c’est sûrement Sadi.
Le président ATT craint l’ascension fulgurante de SADI. Et pour cause : en 2002 à Koutiala, grâce à la radio Kayira, Sadi a gagné six (6) députés. Avant la fin du mandat, ATT par l’entremise de son ministre Tangara a «acheté» cinq (5) députés pour former un autre groupe parlementaire et l’unique député (Sogoba) restant a fusionné dans le groupe parlementaire Mouvement citoyen.
Récemment avec cette entrée au gouvernement du Parena, le groupe parlementaire SADI-PARENA également est dissout pour de bon. Qui a dit qu’ATT est un démocrate sincère et convaincu ?
Safounè KOUMBA
Déclaration du bureau politique du Parti Sadi à propros de la formation du nouveau gouvernement
Le Bureau politique du Parti SADI et l’ensemble de ses militants ont été fort honorés de la sollicitude du président de la République du Mali à leur endroit depuis son accession à la magistrature suprême de notre pays.
Le parti SADI croit avoir répondu avec responsabilité, sérieux, honnêteté et abnégation au travail qui lui a été confié au gouvernement du Mali de 2002 à 2007.
Le Parti SADI apprécie encore une fois, qu’il l’ait associé au dialogue dans un esprit de républicain pour le remaniement ministériel en cours.
Après de larges concertations en son sein, le Parti SADI a décidé de ne pas accepter l’offre du président de la République d’entrer au gouvernement. Le Parti SADI va continuer à assumer sa position de parti de l’opposition pour les raisons suivantes :
1. L’action gouvernementale portera légitimement l’empreinte du Programme de développement économique et social (PDES) qui est différent du Pogramme politique du gouvernement du Parti SADI ; nous avons publiquement et officiellement signifié notre désaccord lors de la Déclaration de politique générale à l’Assemblée en décembre 2007.
2. Les luttes menées dans notre pays par les forces sociales et syndicales dans lesquelles le Parti SADI est partie prenante n’ont abouti à aucun résultat probant malgré la douleur de la pauvreté et de l’injustice qui les porte, l’évidence de justice et de la légitimité de ces revendications reconnue par le président de la République lui-même (HUICOMA, Office du Niger, partants volontaires à la retraite, déguerpis, Maliens de l’extérieur, école, etc.).
3. L’érection de la corruption en système de gouvernement et la totale impunité qui l’encourage, détruisent notre tissu économique et financier, accentuent la misère sociale. Les rapports édifiants faits par le Vérificateur général sortant Sidi Sosso Diarra relèvent qu’en six ans d’audit, notre pays a connu une saignée à blanc à travers un manque à gagner pour les caisses de l’Etat de plus de 360 milliards de F CFA.
A ce sujet, le choix porté sur le nouveau Vérificateur général ne nous incite pas à croire à une plus grande volonté de mettre fin à la culture de l’impunité. Pour preuve, le nouveau Vérificateur général a été juge anti-corruption sous le régime d’Alpha Oumar Konaré, il ne s’était alors illustré que par le silence sur les grandes malversations à l’époque des 21 milliardaires de la démocratie malienne !
4. L’absence de l’autorité de l’Etat qui a favorisé la naissance de cartels mafieux de la drogue et de l’armement, l’insécurité généralisée surtout au Nord du pays.
5. La cherté de la vie et la détérioration du pouvoir d’achat de la population.
Le Parti SADI est conscient de l’immensité des défis à relever pour notre pays, il assure le résident de la République et le gouvernement à œuvrer à leurs côtés pour la satisfaction des besoins d’indépendance et de souveraineté de notre pays et à organiser des élections régulières libres et transparentes.
Bamako, le 04 avril 2011
Pour le Bureau Politique
Le Président, Checik Oumar SISSOKO