Dispositif institutionnel de la Transition: Les ajustements nécessaires

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Le Conseil national de Transition va se pencher sur les projets de modifications portant sur la suppression du poste de vice-président, la suppression du nombre de membres du gouvernement, l’augmentation du nombre de membres du CNT, l’adaptation de la durée de la Transition.

L’adoption de ces amendements ouvre la phase de la mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation

Un décret du président de la Transition daté du 4 février 2022 a convoqué le Conseil national de Transition (CNT) en session extraordinaire pour l’examen de plusieurs projets de loi. Il s’agit de la révision de la Charte de la transition ; du projet de loi portant loi électorale ; du projet de loi portant modification de l’ordonnance n°2019-011/P-RM du 27 mars 2019 portant création de l’Institut national de santé publique. 

Les membres du CNT plancheront également sur le projet de loi relatif au sang humain et ses dérives ; le projet de loi portant règlement du budget d’État 2018 ; le projet de loi portant institution de la police territoriale.

L’examen du projet de loi portant création du fonds de réhabilitation et de fermeture de la mine d’or de Yatela figure également dans l’agenda de la session extraordinaire. 

La révision de la Charte de la Transition ouvre donc la phase de mise en œuvre des recommandations des Assises nationales de la refondation (ANR) ayant réuni au mois de décembre dernier nos compatriotes de l’intérieur et de la diaspora. 

La première mission de la Transition, convient-il de rappeler, est le rétablissement et le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national.

La suppression du poste de vice-président n’entamera pas en principe les progrès réalisés récemment en matière de sécurité. 


Dotées d’équipements adéquats et de l’établissement de partenariats stratégiques, les Forces de défense et de sécurité maliennes ont, en effet, enregistré ces dernières semaines des résultats probants dans la lutte contre le terrorisme. Le maintien du dispositif institutionnel actuel en matière de défense et de sécurité semble donc répondre à une certaine logique.

Par-delà des réponses à la question sécuritaire, le Mali est résolument engagé dans le processus des réformes politiques et institutionnelles. L’adoption par le CNT du projet de loi portant loi électorale corrigera les insuffisances relevées ces trois dernières décennies dans l’organisation des élections dans notre pays.

La solidité du système démocratique malien et la stabilité de notre pays passeront également par la mise en place d’une gouvernance électorale plus vertueuse. La nouvelle loi électorale institue donc opportunément un organe unique de gestion des élections appelé Autorité indépendante de gestion des élections (Aige). 

SOUTIEN DE L’ENSEMBLE NATIONAL- Pour relever ces défis et bien d’autres, le président de la Transition, le colonel Assimi Goïta, n’a eu de cesse de prôner l’union sacrée des Maliens autour de l’essentiel. Nul doute que le futur élargissement de la base sociale et politique du gouvernement et du Conseil national de Transition participe du souci de l’inclusivité.

Aussi, les autorités de la Transition sont-elles conscientes que face à l’orientation politique qu’elles ont prise dans un contexte de sanctions contre le Mali et surtout après l’adoption de leur (courageuse) posture sur le plan diplomatique, le soutien de l’ensemble national est plus qu’un impératif. Capitaliser les acquis de la légitimité que leur a conféré l’impressionnante et l’historique mobilisation du peuple le 14 janvier 2022 est sans doute la meilleure attitude à avoir.

En décembre 2021, le chef de l’État affirmait que les ANR sont une aubaine pour instaurer entre tous les enfants de ce pays un dialogue franc, direct et fécond, afin d’atténuer les querelles infécondes qui tendent à miner le processus de Transition en cours et nuire à l’espoir de renaissance du peuple malien. Cet appel combiné à d’autres initiatives d’ouverture pourront-ils changer la posture adoptée par certains acteurs politiques et sociaux qui émettent des réserves sur la conduite de la Transition ? 

Si on ne peut, à ce stage, apporter une réponse tranchée à cette interrogation, les autorités pourraient “surfer” sur la vague des messages de protestation formulés par des forces politiques et sociales du Mali et d’ailleurs suite aux sanctions de la Cedeao et de l’Uemoa, pour davantage appeler au “Rassemblement national”. 

Même adossées à la “confortable” proposition issue des ANR sur la durée de la Transition, les autorités semblent privilégier une approche d’ouverture sur la question du chronogramme.

Pour avoir présenté la volonté des Maliens de fixer la durée de la transition entre six mois et cinq ans, notre pays a été lourdement sanctionné le 9 janvier par des organisations sous-régionales. 

Depuis, entre la proposition de la médiation algérienne, la récente visite au Mali du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat, il est permis d’espérer que notre pays et la Cedeao trouveront un terrain d’entente.

Le Premier ministre avait, il y a quelques jours, d’ailleurs réitéré la disponibilité du gouvernement à discuter avec l’organisation communautaire ouest-africaine. “Rien ne doit nous dévier de la volonté de négocier avec les partenaires africains. Ces sanctions seront levées tôt ou tard”, avait insisté Dr Choguel Kokalla Maïga.

Le plus tôt sera le mieux avant que ces sanctions n’affectent durement notre économie. 

Les incertitudes sur la disponibilité et le niveau des prix de denrées de première nécessité doivent être levées au plus vite car le mois de Ramadan approche à grands pas. Sanctions ou pas, cette période de grande consommation est d’ordinaire un moment de tension sur certains produits de première nécessité.

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