Discours du représentant spécial du secrétaire général, Mahamat Saleh Annadif – cérémonie en l’honneur des soldats tchadiens décédés à Aguelhok 27 janvier 2019

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MAHAMAT SALEH ANNADIF
MAHAMAT SALEH ANNADIF

M. le Président, votre présence nous honore et nous réchauffe les cœurs,

M. le Premier Ministre,

Mesdames, Messieurs les Ministres,    

Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des O.I., chers Amis

Chers Partenaires des Forces de Défense et de Sécurité du Mali, de Barkhane, EUTM, EUCAP Sahel, G5 Sahel,

Chers Collègues de la MINUSMA, Civils, Polices et Militaires,

C’est avec une tristesse partagée que nous nous trouvons ce matin pour saluer nos 10 camarades casques bleus tchadiens tombés au combat le dimanche dernier, 20 janvier 2019, lors de l’attaque du camp d’Aguelhok.

Permettez-moi tout d’abord, Au nom des NU et particulièrement des collègues de la MINUSMA et des Agences des Nations Unies au Mali, de vous remercier du fond du cœur pour cette marque de solidarité et de compassion dont vous avez preuve depuis une semaine et votre présence si nombreux aujourd’hui en est la parfaite démonstration.

En ces moments de deuil et de recueillement, ma pensée pieuse, va d’abord vers les familles des disparus, au gouvernement et au peuple tchadien, mais aussi à leurs compagnons dont quelques-uns sont encore à l’hôpital et auxquels je souhaite un prompt rétablissement.

M. le Président, Mesdames, Messieurs

Pour beaucoup d’entre nous, les cérémonies de ce genre sont familières. Néanmoins, nous reconnaissons que cette fois-ci, le bilan est lourd. Certains vous diront que ce lourd bilan est une preuve supplémentaire que la MINUSMA évolue dans un environnement difficile, et qu’elle est toujours dans position défensive, oubliant les réussites et les améliorations opérées pour plus de performances et pour une meilleure protection de nos Casques bleus. Ils ont surement raison, mais les choses sont plus compliquées.

Ce qui s’est passé à Aguelhok dimanche dernier, est une vraie bataille qui a été minutieusement préparée par des assaillants venus avec l’idée d’occuper le terrain. Leur nombre, le type de matériel, le lieu et le moment choisis, le prouvent. Non pas seulement qu’ils n’ont pas pu atteindre leurs objectifs, mais ils ont été défaits en laissant plusieurs morts derrière eux sans compter leurs blessées et les morts qu’ils ont réussi à embarquer les corps dans leur fuite.

C’est l’occasion de rendre un vibrant hommage au courage de ces jeunes casques bleus qui n’ont été déployés à Aguelhok que 10 jours avant l’attaque du 20 Janvier. Le plus âgé a 36ans et le plus jeune a 20 ans. Ils ont réussi cet exploit parce que psychologiquement, ils étaient venus préparés pour ces éventualités.

Pour preuve, c’est pleinement conscient du respect des règles d’engagement onusiennes et des principes de droits de l’homme, que les casques bleus d’Aguelhok ont accompli leur mission dans une zone peuplée sans causer aucune perte civile.

J’ose croire que cette performance, contribuera à éloigner l’image du Casque bleu passif, toujours à la défensive. En effet, l’on oublie que le porteur des valeurs et principes des Nations unies ne peut agir ou se comporter comme ces ennemis de la paix qui sont sans foi, ni loi et qui utilisent le nom de la religion sans l’appliquer à eux-mêmes. Il suffit de les voir égorger des êtres humains avec une cruauté qu’on ne peut appliquer, même à un animal dans un abattoir.

M. le Président,

Mesdames, Messieurs,

Les réseaux sociaux ont fait circuler les noms de ceux des assaillants qui sont morts et il se murmure que beaucoup sont connus dans le milieu. Ça veut dire tout simplement que parmi ceux qui commettent ces forfaitures, il y a aussi des gens qui sont parmi nous, qui observent nos faits et gestes.

Ceci doit nous pousser à interroger notre capacité d’anticipation, tout comme à revisiter notre collaboration et notre coopération avec les mouvements signataires de l’Accord présents dans les régions du nord.

Certes, c’est un jour de recueillement et de deuil, mais j’estime que désormais, à savoir quatre (4) ans après la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali, il importe de se poser un certain nombre de questions et leur trouver les réponses idoines pour que ça ne répète plus. Pour qu’il n’y ait plus ce que nous avons connu à Nampala, à Tombouctou, à Kidal, à GAO, à Ber, à Aguelhok et j’en passe.

M. le Président,

Mesdames,

Messieurs.

Avant de finir, j’aimerais saluer la mobilisation de l’ensemble des composantes de la MINUSMA ainsi que celle de nos partenaires de Barkhane, particulièrement au niveau des évacuations médicales et des chaines de ravitaillement, ce qui a surement sauvé des vies, sans oublier le niveau de préparation du contingent lui-même.

Quant à mes Chers compatriotes tombés au combat, j’aimerais leur dire qu’ils resteront un exemple pour nous tous. Que leur sacrifice nous inspire à se mobiliser encore plus pour contribuer à la sortie de crise au Mali et à la stabilisation du Sahel dont leur pays fait partie intégrante.

Que leurs âmes reposent en paix.

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