Bisimilahi Rahmani Rahimi,
Monsieur le Premier ministre, Chef du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale,
Honorables Mesdames et Messieurs les Députés,
Messieurs les Présidents et Membres des Institutions de la République,
Excellences Mesdames et Messieurs les Membres du Corps diplomatique et consulaire, et les Représentants des Organisations Internationales,
Messieurs les Conseillers Nationaux et Honorables Elus des Collectivités décentralisées,
Mesdames et Messieurs les Représentants de l’Etat, Gouverneurs, Préfets, et sous-préfets,
Respectés dignitaires des Chefferies communautaires, coutumières et traditionnelles,
Distingués invités,
Chers participants, venus de toutes les contrées du Mali, des camps de réfugiés d’Algérie, du Burkina Faso, de la Mauritanie et du Niger.
Mesdames, Messieurs,
Lorsque le Mali appelle ses enfants, ils répondent toujours présents pour servir la patrie.
Moi, je vis cela comme un bonheur.
Dans cette salle, on sent la ferveur d’un peuple décidé à défendre son honneur, sa dignité, surtout, à se retrouver.
A ce moment précis, je vois la matérialisation de la devise de notre République : Un Peuple, Un But, Une Foi.
Ici, s’étale la belle étoffe tissée de notre Nation métissée, là, sous nos yeux, et surtout, dans les cœurs.
Bienvenue à toutes, bienvenue à tous !
Si le Mali a été fort, ce n’est pas le fait d’un seul homme, d’un seul groupe ni d’une seule communauté. Aux différentes étapes de notre évolution historique, des hommes et des femmes, de toutes origines, de toutes catégories, de toutes confessions ont marqué leur temps et se sont sacrifiés pour la postérité.
Leurs noms, en salves de dignité, résonnent encore dans les mémoires, gravés par le précieux travail de nos lignées de traditionnistes.
Le Mali d’hier, aujourd’hui et de demain Des hommes et des
Le nom de famille, patronyme qui fait le lien avec l’ascendance, est, pour cette raison, chez nous, un titre et, à la fois, une lourde charge.
La terre malienne a tiré sa force, et la tirera toujours, de sa grande diversité, faites de nuances, d’inflexions harmonieuses des identités mêlées. Nous sommes un carrefour de rencontres et une terre de civilisation millénaire.
Ici, les nomades Peuls, Maures, Tamasheq ; les commerçants Arabes, les pêcheurs bozos ont toujours vécu en bon entendement avec les sédentaires Sonrhaïs, Dogons, Samoghos, Bobos, Dafing ; mais, également, avec les Soninkés, les Malinkés, les Khassonkés, les Bamanans, les Miniankas, les Sénoufos… en plus, de nos frères Ouolofs, Haoussas, Mossis, ou Soussous.
Nous n’avons pas le droit de laisser s’abîmer cette belle symbiose.
Il nous faut nous hisser à la hauteur de dignes héritiers de nos devanciers qui ont su incarner la grandeur du Mali, sa dignité, son honneur, sa foi en l’Homme, bref, son humanisme soudanien.
Notre fierté aujourd’hui, c’est de voir dans tous les coins du Mali les noms Diallo, Konaté et Diarra ; Kanté, Ould et Cissé ; Coulibaly, Barry et Dicko ; Diabaté, Traoré et Dembélé ; Touré, Sogoba et Samaké ; Maïga, Sacko et Bakayoko ; Ag, Guindo et Tapo ; Théra, Kane et Bathily ; Camara, Ouattara et Sissoko ; Koné, Djiré et Fomba; Sylla, Sidibé et Kouyaté; Fofana, Baby et Haïdara… cette liste se prolonge avec d’autres en une chaîne humaine d’obligations mutuelles, de voisinage, de cousinage, de mariage, de partage…
Mesdames et Messieurs,
Nous voici, aujourd’hui, réunis dans le cadre des Assises Nationales sur le Nord.
Une concertation voulue et souhaitée par tous les composantes de notre société.
Les Assises nationales sur le Nord étaient attendues par les Maliens car, notre pays a connu en 2012 un cataclysme majeur, une crise multidimensionnelle effroyable, un coup d’Etat militaire, qui ont ébranlé les fondements mêmes de notre République.
Notre nation a subi l’humiliation la plus grave de son histoire avec l’occupation des trois régions du Nord où les groupes terroristes et criminels ont commis de graves violations des droits de l’Homme, détruit des monuments appartenant au Patrimoine mondial de l’humanité ; Monuments qui sont le témoignage vivant de la beauté et de la profondeur de notre riche civilisation, dont les piliers fondamentaux sont la Paix, la tolérance, l’Ouverture, l’Acceptation de l’Autre…
Il nous faut guérir le Mali des maux qui l’assaillent présentement et qui entravent sa marche en avant. Nous devons mettre fin à la répétition cyclique des crises dans le Nord du pays. Nous devons fonder une paix durable qui nous permette de nous dédier à la construction d’un avenir prometteur pour nos enfants et nos petits-enfants.
Mesdames et Messieurs,
Dans le cadre des Assises, j’appelle à un vaste dialogue national.
Nous avons ici devant nous une plateforme exceptionnelle où sont rassemblées toutes les composantes communautaires de notre pays, les forces politiques, les chefferies traditionnelles, les représentants de l’administration locale et centrale, des experts et des représentants de la société civile…
Nous sommes ici pour discuter, débattre, et échanger sur toutes les questions qui préoccupent notre Peuple.
Discutons, échangeons, dans la plus grande convivialité, de façon sereine et constructive, des grands défis que nous devons affronter : la résolution des questions liées au mal-vivre de certains, la paix entre toutes les communautés qui forment le tissu social dans nos régions ; l’amélioration des rapports entre l’État et les citoyens, le renforcement des pouvoirs des collectivités décentralisées, le développement économique, la prise en compte des spécificités, la lutte contre la criminalité transfrontalière et le narcotrafic, le renforcement de la coopération avec les voisins et frères…
Mesdames et Messieurs,
A travers les présentes Assises, nous voulons ensemencer le changement tant espéré et attendu par notre Peuple. Mais, le changement comporte des exigences fondamentales. Il implique un changement de mentalité, un changement de comportement… Oui, il nous faut abandonner les mauvaises habitudes qui entravent le progrès de notre société.
Mesdames et Messieurs,
Pour concrétiser le changement, j’ai instruis au Gouvernement de prendre des mesures strictes dans le sens du rétablissement de la discipline, de l’éthique et de la mise au travail.
Le Mali doit s’aider lui-même. Il doit être l’architecte de son destin. Nous devons acquérir une mentalité de pionnier afin de transformer le visage de notre Nation, afin de faire triompher une nouvelle éthique fondée sur l’excellence et le goût du travail bien accompli. Le Mali d’aujourd’hui et de demain, sera avant tout et principalement, l’œuvre des Maliens eux-mêmes, car le développement, c’est avant tout le fruit intelligent du peuple.
Il nous faut nous mettre au travail. Le Mali doit devenir un vaste chantier où, à chaque heure du jour, les hommes et les femmes de ce pays doivent être mobilisés, en tant qu’artisans, ouvriers, fonctionnaires, chefs d’entreprise, paysans… pour que notre nation sorte du sous-développement.
Je le redis : si la Communauté internationale, accourue au chevet de la République en danger, nous assure de son soutien et de son accompagnement, il faudrait que les Maliens s’aident eux-mêmes, d’abord. Nous devons nous entendre, nous comprendre, nous entraider; être solidaires les uns des autres, afin de nous tourner résolument vers la construction d’un meilleur avenir.
Nous devons abandonner les ressentiments du passé, nous débarrasser des frustrations engrangées au fil des ans. Je ne dis pas qu’il faille oublier le passé. Bien au contraire, nous devons avoir une mémoire vivante du passé afin de ne pas répéter les erreurs qui ont conduit aux meurtrissures actuelles. Lorsqu’on porte une cicatrice, on sait pourquoi. On sait que si on répète les mêmes erreurs, d’autres cicatrices viendront compléter les précédentes.
Alors soignons nos plaies, cicatrisons-les en ayant constamment en mémoire le fait que le passé est une source féconde d’expériences, des expériences que nous devons utiliser pour construire un meilleur présent et projeter un avenir radieux.
Aucun Peuple ne peut progresser en regardant uniquement dans le rétroviseur.
Mesdames et Messieurs,
Nous sommes à un tournant capital de notre histoire contemporaine.
Les moments de crise sont des moments de refondation, de sursaut fécond.
Plus que jamais, les leaders que nous sommes, nous devons nous dédier totalement à la résolution des problèmes de la société malienne. Nous devons construire un Mali nouveau qui soit la quintessence de nos légitimes aspirations de progrès matériel et spirituel.
Il nous faut bâtir un Mali nouveau, réconcilié avec son Histoire, ses valeurs traditionnelles positives. Un Mali respectueux du passé, mais résolument tourné vers l’Avenir et déterminé à écrire une nouvelle page de l’Histoire de l’Afrique.
Nous devons bâtir une Nouvelle Société fondée sur le Travail créateur de toute la Nation, sur la Justice sociale et le Bien commun.
Nous devons bâtir un État juste, impartial et solidaire, au service de Tous.
Mesdames et Messieurs,
La question du Nord constitue la priorité centrale de mon Gouvernement. Elle est la préoccupation principale de tous les Maliens soucieux du devenir. Elle mobilise l’énergie de nos voisins et de nos Partenaires techniques et financiers.
La stabilisation politico-institutionnelle du Mali passe par la résolution des problèmes du Nord, laquelle libérera les énergies pour le développement de tout notre ensemble national.
Immédiatement, après son entrée en fonction, mon Gouvernement s’est attelé à relever ce grand défi. Tout en poursuivant un dialogue intense avec toutes les parties prenantes à la crise, le Gouvernement a mis en œuvre une série d’actions visant à préparer, dans les délais des 60 jours, les négociations prévues par l’Accord préliminaire du 18 juin 2013.
Sans entrer dans le détail, il convient de retenir les actions suivantes :
Les Mouvements et groupes armés se sont rencontrés à Bamako du 15 au 17 septembre 2013. Lors d’une audience que je leur ai accordée à Koulouba, le 17 septembre 2013, j’ai dit avec force qu’en dehors de l’autonomie et de l’indépendance, tout était négociable dans le cadre d’un Mali Uni et Pluriel. Nous avons poursuivi la mise en œuvre des Mesures de confiance avec la libération de plusieurs personnes détenues le 18 septembre et le 03 octobre 2013.
Que l’on s’entende bien ! Qui dans ce pays peut nous accuser de brader les intérêts fondamentaux de notre peuple ? Ce n’est plus le temps des politiques stériles, mais le temps de la hardiesse, le temps du courage de décider, dans le seul intérêt de notre pays. Et c’est cela seul qui compte ! C’est pourquoi j’assume. Tout le reste est superfétatoire.
Par ailleurs, le Gouvernement a organisé à Tombouctou, Gao et Kidal et sur toute l’étendue du territoire national, les 15 et 16 septembre 2013, des fora de sensibilisation prévus par l’Accord préliminaire signé à Ouagadougou.
Plusieurs fora intra-communautaires se déroulent encore dans plusieurs régions du pays.
Nous allons restructurer la Commission Dialogue et Réconciliation. La nouvelle Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation organisera, dans les meilleurs délais, des forums intercommunautaires tout en menant des investigations approfondies sur les violations des droits de l’homme et les conséquences de l’occupation des trois régions du Nord. Elle se rendra dans les camps de réfugiés et auprès des populations déplacées pour appréhender toutes les questions relatives à leur réinsertion dans leur milieu d’origine. Elle fera des recommandations au Gouvernement pour que prévale désormais la Justice dans notre pays, et soit mis fin à la culture de l’impunité.
Dans le cadre de la préparation des Assises nationales sur le Nord, le Gouvernement a organisé du 21 au 23 octobre 2013, les États généraux de la décentralisation dont l’objectif central était de déterminer les mécanismes institutionnels devant permettre le renforcement des pouvoirs des Collectivités décentralisées afin que celles-ci répondent mieux aux aspirations fondamentales des populations.
Enfin, dans le même temps, le Gouvernement a achevé la préparation du Plan de développement accéléré des Régions du Nord, dont la première mouture a été approuvée le lundi 14 octobre 2013 lors d’un Atelier de validation ayant réuni le Gouvernement et les Partenaires techniques et financiers.
Les recommandations pertinentes des États généraux de la décentralisation ainsi que la synthèse des grandes lignes du Plan de développement accéléré des Régions du Nord sont à l’ordre du jour des présentes Assises nationales.
Mesdames et Messieurs,
Le Mali est désormais engagé sur le chemin de la construction d’un État de droit luttant résolument contre la corruption et l’impunité. La Nation est avant tout un espace de Solidarité fondé sur la Justice et l’Équité.
Nous allons parachever le processus électoral en organisant les élections législatives, le 24 novembre 2013 pour le premier tour, et le 15 décembre 2013 pour le second tour. Les listes définitives des candidats sont désormais arrêtées par la Cour Constitutionnelle.
Mesdames et Messieurs,
Notre ambition est de réconcilier les Maliens entre eux et avec eux-mêmes, car une Nation ne peut aller de l’avant qu’en étant unie et rassemblée autour d’une vision commune de son devenir.
Avec détermination et sagesse, nous allons refonder un nouveau Contrat Social afin de recréer les conditions du vivre ensemble entre toutes les Maliennes et tous les Maliens.
Ensemble, tous unis comme les cinq doigts de la main, nous devons emprunter le chemin de la Renaissance. Cela ne s’est jamais fait nulle part sans sacrifices de tous ordres, et nous ne ferons pas exception.
Premièrement, il faut reconnaître et réparer les fautes du passé afin de parvenir à une véritable réconciliation nationale et promouvoir la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Il nous faut combattre toutes les manifestations de l’extrémisme, bannir de notre sol toutes les formes d’exclusion, car un Malien ne saurait être étranger nulle part sur le sol du Mali.
A ceux qui ont pris les armes, je tends la main afin qu’ils s’inscrivent dans une dynamique de paix et de réconciliation.
Travaillons à faire en sorte de bannir les armes pour toujours de notre commerce social.
Le dialogue est supérieur au fracas des armes, car il fait appel à l’intelligence et au courage de l’Homme. Saisissons la chance de nous écouter, de nous comprendre afin d’être en mesure de faire face aux défis que l’Histoire nous impose.
Deuxièmement, nous allons refonder un nouvel État, en repensant la décentralisation pour aller vers une vraie régionalisation, faisant de la région le point nodal d’un développement économique qui tienne compte des réalités locales, tout en restant arrimé aux exigences nationales.
La régionalisation favorisera l’harmonie dans la cité. Elle permettra de mieux prendre en charge l’aspiration fondamentale des citoyens à un mieux-être collectif valorisant les cultures du terroir. Elle renforcera la solidarité entre les habitants d’une même région et entre celle-ci et la collectivité nationale.
Troisièmement, nous corrigerons les inégalités découlant du dénuement physico-économique à travers la mise en œuvre du Plan de Développement Accéléré des Régions du Nord.
Je tiens à préciser qu’il serait regrettable de croire que l’engagement à relever le défi du développement du Nord soit synonyme de privilège et d’abandon du reste du pays. Sûrement pas ! Tout le monde sera l’objet de notre soin le plus résolu. Ce disant, j’envisage entre autres, le Sahel occidental et toutes les autres régions.
Pour nous, le développement des régions du Nord sera un facteur d’accélération et de dynamisation du développement du Mali.
Nous devons prendre en considération la complexité de la situation dans le nord du pays, à travers la mise en œuvre d’une nouvelle politique d’aménagement intégrant la nécessité de corriger la faiblesse de la densité de peuplement, les conséquences de la désertification, l’immensité des distances…
Mesdames et Messieurs,
Je dois, une fois de plus, remercier nos amis de la communauté internationale qui nous honorent de leur présence, de leur accompagnement, de leur considération.
Félicitons-nous d’être l’objet d’une attention particulière. Et tirons avantage de cette opportunité historique singulière.
Demain, nous tiendrons la Sixième Réunion du Groupe de Soutien et de Suivi qui prendra en considération le fait que notre pays dispose désormais d’institutions légitimes et qu’il est résolument engagé dans la voie du progrès et de la Renaissance.
Le 5 novembre 2013, Bamako abritera la Première Réunion ministérielle sur le Sahel en présence du Secrétaire Général des Nations Unies, des présidents de la Banque mondiale, de la Banque Africaine de développement, de la Banque islamique de développement, de la Présidente de la Commission de l’Union africaine, ainsi que des représentants de l’Union Européenne et d’autres institutions internationales et régionales.
Le 7 novembre 2013, nous abriterons la première réunion de suivi de la Conférence de Bruxelles.
Tout cela démontre que le Mali a retrouvé une place de choix sur la scène internationale. Cette marque exceptionnelle de considération et de confiance nous impose une obligation d’excellence au plan national. Nous devons être à la hauteur des défis que nous impose l’Histoire.
Mesdames et Messieurs,
Les Assises constituent le second grand forum de l’Après-Crise.
Ensemble, forgeons les solutions concrètes aux maux de notre Société.
Toutes les compétences existent ici dans cette salle, dans cet aréopage multicolore, dans cette sublime mosaïque humaine.
Mesdames et Messieurs, la réconciliation est, et demeurera mon credo.
Ensemble, nous saurons ouvrir les portes de l’Avenir.
Sur ce, je déclare, ouverts, les travaux des Assises Nationales sur le Nord.
Nous sommes Vendredi ; Dieu bénisse ces Assises.
Vive la République unie !
Vive le Mali réconcilié !
Je vous remercie.
Mesdames, Messieurs,
Si la paix est Ie socle de la stabilité sociale, la sécurité est celui du développement économique et social. Depuis de longues années, nos insuffisances en matière de développement et de gouvernance ont été exploitées par des sources opportunistes et nuisibles.
Profitant de la faiblesse de nos capacités d’investissement et de la précarité de nos économies locales fragilisées par la sécheresse dont nous sortons à peine, elles ont tenté de nous déstabiliser, pour déstructurer notre société, pour nous imposer de nouvelles valeurs qui n’ont jamais été les nôtres.
Vous constatez comme nous, I’absence de nos partenaires au développement expatriés résidant à Kidal. Vous mesurez I’impact négatif de leur absence sur Ie développement local. Vous voyez tous les jours l’image et Ie poids de cette menace qui plane sur votre région et sur notre pays. Cette menace est beaucoup plus dangereuse que les séquelles d’une alternance démocratique au détour d’élections locales.
Mes chers compatriotes de Kidal,
Combien de sang et de larmes ont coulé depuis des décennies !
Que de douleur, de frustrations et d’injustices résorbées !
Que de veuves et d’orphelins !
Que d’espoir déçus !
Que de retard !
Que de doutes et d’incertitudes réels ou supposés !
Il faut que cela cesse. Cela ne peut plus continuer ! Arrêtons de nous faire souffrir par notre indifférence sous le couvert de l’impuissance !
Arrêtons de nous voiler la face et revenons à nos valeurs cardinales profondes, qui ont toujours fait la fierté du guerrier touareg, à savoir : l’honneur, la dignité, la bravoure qui est physique et le courage qui est moral. Nous ne pouvons plus accepter que Kidal soit identifié comme une zone d’insécurité et de menaces terroristes, de trafic de drogue et d’êtres humain.
Kidal ne peut et ne doit pas refléter cette image. L’action néfaste de quelques marginaux ne doit en aucune manière salir la saine réputation de toute une région.
L’Adrar des Ifoghas est riche de son patrimoine et de sa culture exceptionnelle incarnés par des « hommes braves » et des « femmes dignes », de sa jeunesse et de son potentiel humain qui occupent une place de choix dans notre communauté nationale. Cette richesse incarnée par la diversité de ses populations (blanches et noires) dans un brassage harmonieux.
La région de Kidal est riche aussi de son potentiel agro-pastoral et surtout de ses ressources minières qui peuvent être source de convoitise. Cependant, au-delà de ces richesses, nous devons être riches de l’essentiel : la PAIX et la SECURITE. Nous devons nous départir du doute du passé en nous ouvrant à un avenir radieux pour notre jeunesse, pour les générations futures.
LE PRESIDENT AMADOU T. TOURE (CEREMONIE DE CELEBRATION DU CINQUANTENAIRE A KIDAL 07/02/2011)
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