Discours du président Cheick Oumar Sissoko / Au 4ème Congrès Ordinaire du Parti SADI (Solidarité Africaine pour la Démocratie et l’Indépendance)

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Cheick Oumar Sissoko
Cheick Oumar Sissoko

Chers invités des partis amis présents parmi nous,

Camarades membres du Comité Central du Parti,

Camarades membres du Bureau Politique,

Camarades congressistes,

C’est avec une immense joie que nous nous retrouvons ici à Sikasso, la capitale du Kénédougou, pour y tenir les assises de notre 4ème Congrès ordinaire.

La qualité cardinale pour un parti politique est la responsabilité à l’égard de sa finalité et des exigences qui s’imposent à lui pour atteindre ses objectifs. Il réalise sa finalité grâce à la qualité de ses analyses, à l’efficacité de sa stratégie et de sa tactique, à sa capacité de se solidariser avec les larges masses de citoyens en résistance et en lutte contre toutes les formes d’injustices, d’oppressions, d’exploitation, de corruption, de bradage ou de dilapidation des richesses et ressources du pays ; il doit se souder à elles, les aider à s’organiser, défendre de façon intransigeante leurs intérêts et mériter ainsi leur confiance.

Sa ligne de conduite doit être en priorité subordonnée à tout cela à tout moment et en toute circonstance. Ce qui n’exclut nullement des compromis qui lui permettent d’avancer et de se rapprocher de son but final. Notre Parti en a donné un bel exemple au Mali :

– démarcation dès la manifestation des premières dérives antidémocratiques et antipatriotiques du régime de l’ADEMA,

– participation à un gouvernement du régime dirigé par ATT pour contribuer à la construction du Mali et montrer un exemple de gestion et de création à suivre ; mais en refusant le «consensus» moutonnier, poison de la lutte politique,

– défense intransigeante sur tous les terrains (Parlement, entreprises, villes, campagnes, syndicats, presse, etc.) des intérêts du peuple malien, du Mali et de l’Afrique,

– respect scrupuleux des biens publics,

– lutte pour l’indépendance et la souveraineté nationale et contre la domination,

– participation à la Majorité Présidentielle malgré nos différences et l’ostracisme dont nous faisons l’objet, parce que nous avons le souci de la sauvegarde de l’intégrité territoriale, de la cohésion nationale et de l’unité du Mali.

 

Camarades, chers compatriotes,

L’enjeu essentiel et fondamental de nos jours demeure la question de la souveraineté, de l’ingérence et la mainmise étrangère sur notre pays par différents artifices. Ce fut d’abord une rébellion armée  et commanditée qui a achevé le délitement de l’Etat. Il s’en est suivi un Coup d’Etat. Une transition chaotique, orientée et contrôlée a été imposée à notre peuple meurtri et à notre pays menacé de partition.

Notre Parti a toujours dit et répété que pour rendre à notre peuple la maîtrise de son destin, il nous faut sacraliser, entre autres, quatre principes non négociables :

– qu’il puisse, en toutes circonstances, décider souverainement de la conduite des affaires nationales ;

– que les intérêts matériels et moraux du Mali et des maliens (de partout dans le monde) soit le référentiel primordial et absolu de ses dirigeants ;

– que notre pays est et restera toujours un et indivisible ;

– que chaque malien puisse avoir une place reconnue dans son pays, y avoir la possibilité de manger à sa faim, de se loger, d’y être soigné et éduqué, d’y travailler, d’y entreprendre, d’y accomplir ses projets, bref, de s’y épanouir, enfin, d’y avoir une fin de vie digne et honorable.

Pour traduire ces principes sacrés dans la réalité, cela exigera des engagements collectifs, des pactes nationaux, négociés et acceptés par tous :

– un pacte national de solidarité horizontale et verticale/intergénérationnelle ;

– un pacte national de développement des forces du travail, de la création et de l’innovation ;

– un pacte national de respect scrupuleux et de sauvegarde du bien public ;

– un pacte national de fidélité au Mali et à l’Afrique.

 

Chers camarades,

Le 4ème congrès ordinaire de notre Parti débattra de la situation politique nationale, de la vie du Parti, des choix et nouvelles orientations politiques à prendre afin de renforcer son action et sa vision, orienter sa lutte, et doter le nouvel organe dirigeant d’outils d’analyse indispensables pour éclairer sa marche. C’est-à-dire :

– la crise sécuritaire qui frappe notre pays avec la rébellion, les djihadistes, le trafic de drogue, la présence étrangère,

– la crise de l’Etat qui perdure et qui exige une nécessaire refondation,

– la gestion des affaires publiques au niveau du Gouvernement marquée par des scandales financiers. Nous exigeons comme notre peuple, que les fauteurs soient punis, membres du Gouvernement soient-ils,

– la crise de notre système éducatif…

De façon concrète, notre parti a déposé auprès du Gouvernement une proposition de sortie de cette crise financière, sécuritaire, économique et financière. Elle a porté sur la réduction des charges de l’Etat, le règlement des problèmes sociaux, du conflit avec le MNLA le 05 juin 2014.

Le Mali peut, de nouveau, redevenir un pays, moderne et fier, maître de son destin et qui prend toute sa part dans la construction d’une Afrique souveraine, unie et puissante, partie prenante d’un monde multipolaire, de paix, de coopération véritable et de solidarité.

Face à la vulnérabilité et à la précarité qui frappent nos concitoyens, le Parti SADI propose dans son programme :

– une couverture maladie pour tous ;

– une assurance risques de la production pour les secteurs agricole (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs…).

– un office de régulation et de stabilisation des prix pour les denrées de première nécessité : Il doit être acquis que chaque malien ou résident au Mali puisse, à tout moment, manger à sa faim. Notre dignité et notre honneur, c’est d’abord que soit éloigné à tout jamais les risques de pénurie de vivres dans notre pays. L’alimentation de base doit être mise en dehors des Programmes d’Ajustement structurels -PAS (CSLP ou autres).

– examiner les possibilités concrètes de l’indispensable augmentation des salaires pour garantir une vie décente et contribuer à éliminer les bases de la corruption et de l’inconscience professionnelle ;

– revaloriser la fonction enseignante, de toute urgence, pour sauver enfin notre école et la réformer au profit du développement du Mali ;

– instituer un fonds national pour l’utilisation et la valorisation des compétences et expertises des travailleurs retraités. En sus de la pension de retraite, une rémunération complémentaire doit être accordée à tous ces talents confirmés pour services rendus à la collectivité (appui-conseil dans leurs domaines de spécialité, cours de soutien gratuits aux enfants des familles à bas revenus, etc.)

– protéger le statut socioprofessionnel et l’identité des agriculteurs en le codifiant par un dispositif juridique et réglementaire adéquat qui sécurise l’accès des vrais agriculteurs au foncier sur la base du principe : la terre aux paysans et non à ceux qui la travaillent en tant que simples agriculteurs/exploitants !

Pour la préservation et la défense de nos richesses nationales et de notre patrimoine écologique, nous devons absolument dénoncer les conditionnalités de la dette extérieure et renégocier ses conditions et mécanismes usuraires qui renforcent la dépendance à l’égard de l’extérieur et privent nos gouvernements de tout pouvoir de négociation par le chantage au crédit ou la menace des sanctions financières.

Cette tâche doit être réalisée en s’appuyant sur une mobilisation de toutes les forces de la nation.

– Renégocier nos accords de libre-échange (bilatéraux et multilatéraux) afin de protéger notre secteur agricole et nos activités industrielles ou artisanales des menées de la concurrence internationale car ils nuisent au développement des productions locales. L’Etat malien doit recourir à des mécanismes de protection interne et de régulation des marchés intérieurs et assurer des prix rémunérateurs et justes aux producteurs de tous les secteurs de l’économie nationale.

– Réviser impérativement le code minier actuel car il est très défavorable au Mali (et aussi le code général des investissements.

Assurer la biosécurité nationale par un dispositif national de lutte sans merci et sans répit contre les compagnies minières qui n’accomplissent pas leurs obligations de restauration de notre capital écologique qu’ils détruisent sans vergogne, portant gravement atteinte à la santé de nos populations, contre, aussi les éventuels dépôts de matières toxiques, la pollution industrielle, la dégradation de nos terres agricoles, de nos faunes et flores, de nos eaux souterraines par les pesticides ou autres produits chimiques. En outre, il est indispensable d’inclure dans les conventions d’exploitation minière, géologique et hydrologique l’exigence de respecter les normes sociales établies et d’assurer la mission de développement local par la construction d’infrastructures routières, sanitaires, éducatives, culturelles qui étaient naguère prise en charges par les organismes étatiques d’encadrement du monde rural comme la CMDT.

Elaborer et appliquer une politique concrète visant à  préserver les équilibres écologiques, et réaliser un développement rationnel, durable des ressources naturelles et humaines (un schéma d’aménagement du territoire national intégrant les activités du secteur agricole, celles des industries et des compagnies minières, prévoyant la production de paysages et d’espaces pour les besoins d’épanouissement socioculturel des hommes…)

Dans le cadre d’une politique économique nationale souveraine, autocentrée et planifiée, il est impératif pour le Mali de :

– placer sous le contrôle effectif de l’Etat les secteurs stratégiques qui sont des  instruments indispensables de notre souveraineté et du développement national ;

– résoudre les enjeux énergétiques, hydrauliques et monétaires aux niveaux régionaux (UEMOA, CEDEAO) et panafricain. Ils prendront une importance des plus cruciales dans les toutes prochaines années parce que l’Afrique, dont notre pays, est au centre des convoitises et rivalités planétaires. D’où l’impératif vital pour les africains de construire une Afrique indépendante et souveraine sur la base de l’héritage philosophique, politique et scientifique laissé par nos pères et nos aînés (Modibo Keïta, Kwamé N’krumah, Cheikh Anta Diop, Nelson Mandela, etc.).

– Mettre en place une contribution nationale pour la formation et l’éducation de tous nos enfants, qu’elles que soient leurs conditions sociales. Ce sera un prêt à rembourser par eux lorsqu’ils seront dans la vie active pour prendre en charge leurs cadets. Mais avant, il servira à leur assurer une formation et une éducation de qualité ;

– Constituer un fonds national de garantie pour le financement de l’activité économique. Totalement indépendant de tout engagement extérieur de l’Etat (sources de contributions à étudier), ce fonds soutiendra les initiatives non «bancables» :

  1. a) appui à la recherche d’emploi, à la formation permanente et au recyclage des jeunes diplômés et des chômeurs (sécurisation des parcours professionnels) ;
  2. b) organisation et promotion du secteur informel ;
  3. c) soutien technique à nos opérateurs économiques dans la concurrence internationale (formation à la modernisation de leur gestion, appui-conseil à la participation aux appels d’offres internationaux…, compléter les efforts de l’Etat pour leur assurer un bouclier fiscal, c’est-à-dire un plafond raisonnable de taxes et d’impôts afin d’accroître leur compétitivité) ;
  4. d) aide à l’importation de matériels et équipements de production (matérielle, technique, culturelle)
  5. e) garantie aux crédits bonifiés à la production et à la commercialisation des produits locaux ;

installer un fonds pour la promotion de la recherche, de la création et de l’innovation dans tous les domaines.

– Renforcer, potentialiser davantage et développer les dispositifs et mécanismes de sauvegarde et de valorisation de notre patrimoine culturel. La culture est un secteur vital, car c’est le fondement de notre humanité ; le référentiel qui donne un sens à nos existences individuelles et collective, grâce auquel nous construisons notre rapport au monde et pouvons nous projeter dans l’avenir ; c’est la base de notre mémoire collective, le levain fédérateur de notre nation sans lequel nous ne pouvons rien bâtir de grandiose ; c’est, enfin, un outil de développement, de rapprochement et de compréhension entre les peuples, partant de paix.

Chers camarades,

Notre continent fait face à de nombreuses épreuves : la Lybie a été complètement détruite par certaines  puissances occidentales. Il y règne le chaos, l’anarchie. Le Mali continue de payer un lourd tribut à cette guerre coloniale livrée injustement à ce pays qui a complètement basculée dans la guerre civile. Le Centrafrique avec des milliers de morts et de réfugiés, la destruction du tissu économique, les affrontements inter-ethniques ; la Somalie où une guerre civile sévit depuis plus de deux décennies ayant entraîné des centaines de milliers de morts et de réfugiés ainsi que la disparition de l’Etat.

La guerre en Somalie déstabilise toute la Corne de l’Afrique, notamment le Kenyan qui ne cesse de compter ses morts du fait des attentats perpétrés par les milices Shébabs ; le Soudan du Sud ; le Nigéria où Boko Haram continue son entreprise macabre avec des attentats sanglants contre de civils innocents, des enlèvements. Cette secte étend son influence vers d’autres pays comme le Cameroun, menace plusieurs autres Etats : le Benin, le Niger, le Tchad, le Centrafrique etc…

Visiblement, c’est la stratégie du chaos qui est marche sur notre continent et ailleurs, avec l’objectif de s’emparer des ressources stratégiques comme le pétrole, le gaz et d’autres minerais. L’Afrique a été le théâtre de plus de 55 interventions étrangères qui n’ont fait qu’aggraver la situation, multiplié l’insécurité, crée des entités chaotiques, les guerres civiles aux conséquences dramatiques pour les populations, l’instabilité politique permanente ou récurrente et la régression politique, sociale, culturelle, morale et économique.

Les Africains doivent se pencher sur les causes des conflits qui secouent notre continent depuis plusieurs décennies, esquisser des solutions durables qui répondant d’abord aux intérêts des populations africaines.

Au plan international, le parti SADI exprime son soutien total à la lutte du peuple palestinien pour sa souveraineté et son indépendance. Cette année, rien que pendant l’offensive israélienne contre l’enclave de Gaza déclenchée au mois de juin, l’armée israélienne a tué plus de 1.875 personnes dont 1.176 civils parmi lesquels 448 enfants et 214 femmes ; 9.500 ont été blessés dont 2.744 enfants ;

142 écoles ont été touchées par les bombardements. Le monde entier a en mémoire les frappes contre trois des écoles qui avaient été  transformées en centre d’accueil pour réfugiés à Beit Hanoun, Jabaliya et Rafah avaient fait plusieurs dizaines de victimes malgré le fait que leurs localisations exactes avaient été communiquées par les Nations-Unies aux autorités militaires israéliennes plusieurs fois de suite. Des hôpitaux, des mosquées, des dizaines de milliers de maisons d’habitation, des infrastructures économiques et sanitaires ont été systématiquement détruites par des raids aériens et des pilonnages d’artillerie.

La brutalité et la cruauté employées par l’armée israélienne contre la population désarmée de GAZA dépasse l’entendement humain de même que la passivité et l’indifférence de la communauté internationale face à  des crimes d’une telle ampleur.

Nous exprimons également notre solidarité à Cuba, au Venezuela et tous les autres peuples d’Amérique Latine et des Caraïbes qui nous montrent chaque jour le chemin de l’indépendance véritable.

Nous n’oublions pas la Syrie qui est également victime de la stratégie du chaos : des centaines de milliers de morts, 3 millions de réfugiés, des infrastructures économiques détruites.

Malgré ce tableau noir, l’espoir demeure : Notre parti, à l’instar d’autres partis en Afrique et dans le monde, croit en la lutte. C’est la foi en un avenir meilleur pour  la nation malienne qui habite le cœur de chaque militant du Parti SADI. Elle structure notre conscience politique et nous renforce chaque jour dans notre lutte pour un Mali libre, uni, ouvert au monde, partageant avec tous les autres peuples du monde les valeurs de liberté, de solidarité, d’humanisme sans lesquels on ne pourra jamais bâtir un monde de paix et de justice.

Oui, nous croyons à la lutte. Celle qui redonnera à notre cher pays sa souveraineté, son indépendance, sa dignité, son honneur. Hier comme aujourd’hui, notre Parti est convaincu que personne ne viendra sauver le Mali ! Personne ne fera notre bonheur à notre place !

Vive le 4ème congrès ordinaire du Parti SADI !

Vive le Mali ! Vive la République !

Vive la solidarité et l’amitié entre les peuples !

La lutte continue jusqu’à la victoire finale !

Je vous remercie…

 

 

 

LISTE DES MEMBRES DU BUREAU POLITIQUE SADI

Président : Dr. Oumar MARIKO

Secrétaire général : Pr. Rokia SANOGO

Secrétaire Politique : Mohamed Ag AKERATANE

Secrétaire Administratif : Nouhoum KEITA

Secrétaire aux Relations Extérieures : Yéhia Ag Mohamed ALY

1er Secrétaire aux Elections chargé des Elus : Massa SOGOBA

2ème Secrétaire aux Elections chargé des Elus : Nanko Amadou MARIKO

Secrétaire chargé du Développement Rural et de l’Environnement : Bafèrèmé SANGARE

Secrétaire à la Communication : Amadou Araba DOUMBIA

1er Secrétaire à l’Organisation : Samou SIDIBE

2ème Secrétaire à l’Organisation : Dora DIARRA

Secrétaire à la Promotion de la Femme : (à proposer par bureau des femmes)

Secrétaire chargé des Syndicats et des Luttes Sociales : Allaye BOCOUM

Secrétaire à la Promotion de la Jeunesse : (à proposer par le mouvement des jeunes)

Secrétaire chargé de la Santé, des Droits Humains et de la solidarité : Samba TEMBELY

1er Secrétaire à l’Economie et aux Finances : Yacouba SOGOBA

2ème Secrétaire à l’Economie et aux Finances : Souleymane DIARRA

Secrétaire chargé des Mines et de l’Industrie : Dr. Aly Boubacar DIALLO

Secrétaire chargé de la Culture et de la Recherche : Balla KONARE

Sikasso, le 14 décembre 2014

LE CONGRES

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