DISCOURS DE NOUVEL AN DU PRESIDENT A LA NATION : Les omissions d’ATT

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Le président de la République Amadou Toumani Touré a fait sa traditionnelle adresse à la nation à l’occasion du nouvel an le 31 décembre dernier. La particularité de l’allocution de cette année réside dans le fait qu’elle est la dernière de son actuel mandat. Elle comporte des omissions délibérées ou non.

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Trente minutes durant, ATT a fait le « bilan » de son quinquennat. Mais, le bilan du 31 décembre dernier était très déséquilibré, en ce sens que, d’après la présentation de notre président, tout est beau dans le meilleur des mondes au Mali. Le président a évoqué ses réussites, ses acquis qui sont impressionnants et importants.

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Le bilan, selon l’acception, est l’actif et le passif. Pour qu’il soit équilibré, il faut qu’il comporte ces deux aspects. Dans le discours d’ATT, il n’y avait que du positif. Il y a lieu donc, avant de faire un bilan équilibré, de rétablir certains faits dans leur contexte.

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D’abord, par rapport à certains acquis présentés comme « prime » à la réussite au Mali. Parmi ceux-ci, la manne du Millenium Challenge Account (MCA). C’est de l’argent pour nous, mais, il n’y a nullement de quoi s’en enorgueillir. C’est une prime à la pauvreté et à l’indigence qui ira au Mali, à la Guinée, à la Sierra Leone et à tous les Etats indigents, pour peu qu’ils se conforment à des conditions édictées par l’oncle Sam.

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C’est pareil pour l’Initiative PPTE ou l’initiative du président américain pour la lutte contre le paludisme. Ces fonds sont des poches d’air qui nous permettent de tenir la tête hors de l’eau. Nous n’avons pas eu ces sous parce que nous nous appelons Mali ou parce qu’ATT est visionnaire ou plus convaincant qu’un autre, mais bien parce que nous nous trouvons dans une situation d’indigence matérielle qui nous attire la compassion de ceux qui lâchent ces morceaux. D’ailleurs, plus sous la poussée des activistes et autres altermondialistes et groupes de pressions organisées que par la volonté d’appuyer une politique comme la chose est présentée.

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En plus, le président a omis des questions essentielles, qui sont d’ailleurs à la base du fait que la majorité des fils du Mali lui ont accordé leur suffrage en 2002. Parmi les questions omises, on peut commencer par la lutte contre la pauvreté.

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Nous ne sommes pas le pays de Cocagne

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Le président n’en a pas parlé. Or, elle est fondamentale et il a même présenté son texte comme si les Maliens avaient, pour une fois, le bien-être total. Cela est loin du compte. Les Maliens sont pauvres et les fêtes de fin d’année, qui ont été moroses, en sont la parfaite illustration. Le panier de la ménagère est dégarni et aucune politique alternative n’est mise en œuvre pour nous permettre d’avoir un pouvoir d’achat, de mieux nous sentir, contrairement aux promesses.

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Le pendant de la lutte contre la pauvreté est la lutte contre la corruption. Le thème a également échappé au président de la République. A ce niveau, il y a beaucoup à dire, car, à son arrivée, l’espoir a été permis avec le Vérificateur général venu renforcer l’arsenal existant. Mais, à ce jour, le Vérificateur lui-même ne serait pas fier de son bilan. Il se dit qu’il a été empêché de faire son travail et les responsables chargés de sa sécurité lui ont vertement fait savoir qu’ils ne sont pas en mesure d’assurer, alors il est allé se confier à Dieu à La Mecque, disent les mauvaises langues.

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La crise du Nord a semé l’émoi dans les cœurs de nombre de nos concitoyens. Le président a oublié de nous rassurer lors de son intervention. Car cette situation a révélé tout le déficit d’informations au sommet de l’Etat et toute la difficulté pour un militaire de se muer. La question n’est pas tranchée et le peuple voudrait savoir ce que le président pense et comment il compte aplanir les difficultés et faire en sorte que cette question ne soit plus un serpent de mer.

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L’occasion devrait également être propice pour enterrer définitivement les interrogations d’honnêtes citoyens par rapport à ATT-cratie et par rapport au texte d’Arsène Lepigeon. Des accusations qui lui sont adressées personnellement n’ont pas été levées par les sorties tardives de quelques « partisans » qui se sont plus employés à insulter qu’à expliquer ou blanchir, laissant tous ceux qui veulent juste la vérité ou la version du président dans une situation encore plus confuse.

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Certainement que le 20 janvier sera mis à profit par le président pour revenir sur les omissions et éclairer l’opinion nationale par rapport à ces questions qui ont été pour la plupart oubliées.

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Une autre question sur laquelle on attendait l’avis du chef de l’Etat, c’est bien l’insécurité récurrente dans notre pays. A son arrivée, la lutte contre l’insécurité a démarré sur des chapeaux de roue. Le président a pris des mesures qui ont fait qu’il a été, à l’époque, applaudi des deux mains. Le temps a passé, ces mesures ont montré leurs limites et puis patatras !

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L’école a été une question biaisée. Les enseignants du supérieur sont en grève illimitée depuis début décembre. Un mot du président aurait certainement permis de faire avancer les choses. Mais, là également, motus et bouche cousue. Un silence assourdissant sur la question, qui frise à la limite le mépris.

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Les éléments qui ont été passés sous silence et qui méritaient des explications de sa part sont nombreux. Nous n’avons pas été exhaustifs, mais, certainement que ces omissions seront rapidement corrigées parce qu’il est des questions sur lesquelles ATT nous doit des explications ou à défaut des apaisements.

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Alexis Kalambry

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