Suite à la démission du Premier ministre Cheick Modibo Diarra et de son gouvernement, le Président de la République par Intérim Dioncounda Traoré a prononcé un discours tout à fait instructif pour la conduite de la Transition. Et qui en conséquence mérite d’être décrypté pour l’histoire, pour les Maliens, nos frères égarés et la Communauté internationale. Qu’est-ce que Dioncounda propose aux Maliens et à leurs amis ?
Il faut retenir que Dioncounda part du postulat selon lequel ” le seul objectif qui vaille c’est le Mali et le seul sacrifice qui vaille, c’est le sacrifice consenti pour les intérêts supérieurs du Mali “. C’est alors qu’il a tenu à rassurer les Maliens sur la conscience aigüe qu’il a des urgences du pays et de nos attentes en raison du préoccupant enjeu de sécurité globale et de la nécessaire continuité dans la gestion des affaires publiques.
Dioncounda a notifié que dans les vingt quatre heures, le Mali connaitra son nouveau Premier ministre – Diango Cissoko est déjà nommé – et son nouveau gouvernement d’ici la fin de la semaine. Il a ensuite annoncé un nouveau report de la date des concertations nationales, assises dont nous ne pouvons pas faire l’économie, dit-il, et qui ont pour but de mettre en dialogue les forces vives de notre nation pour dégager une vision partagée et un consensus sur les voies et moyens de sortie de crise. Il affirme personnellement veiller à ce que, dans leur préparation, ces assises restent dans le cadre de la Constitution. Le message clair.
Et c’est pour permettre une approche plus inclusive et plus transparente qu’il a fait reporter leur tenue, car il n’a pas régné au sein des parties prenantes, ni la sérénité, ni l’humilité, ni l’esprit constructif sans lesquels ces concertations nationales ne sauraient que diviser davantage les acteurs de la vie nationale au lieu de les unir. On peut croire ici de la part du Président à un appel solennel à la retenue, à l’entente, au don de soi, au patriotisme…
Dioncounda de préciser que les organes, dont la création a été proposée, avaient pour but de drainer vers le même but toutes nos capacités et toutes nos volontés positives. Certains, dont la commission nationale aux négociations, seront mis en place incessamment, a-t-il déclaré. Tout comme il a indiqué des avancées notables concernant la feuille de route : ” Je mesure aussi l’urgence d’une feuille de route traduisant d’abord un consensus sur ce que nous devons faire immédiatement, avec qui, comment et quand, et donnant ainsi des gages à nos partenaires ainsi que plus de légitimité à leur accompagnement. Car ne nous y trompons pas ; le Mali n’est pas une île perdue aux confins des océans, le Mali ne peut pas vivre seul. Nous sommes membre à part entière de la Communauté des nations et tenus par là même à remplir nos contrats. Concernant la feuille de route nous sommes déjà très avancés et l’attente de la Communauté internationale trouvera une réponse à la mesure de l’urgence “.
Pour revenir aux concertations, Dioncounda a tenu à élucider la situation : ” Et pour prévenir de futurs désagréments, et ayant tiré toutes les leçons, j’ai décidé de mettre en place une équipe plus légère mais plus inclusive pour la tenue d’assises ayant les mêmes objectifs mais sans la conflictualité que nous avons tous déplorée ces derniers jours “.
En outre, le Président par Intérim a réitéré les requêtes envoyées à la CEDEAO, à l’UA, à l’UE et aux Nations unies de même que celles spécifiques envoyées à la France et aux Etats Unis d’Amérique. Et il a formulé un souhait ardent : ” Nous souhaitons plus que jamais que le CONOPS (Concept d’opération stratégique) élaboré par la CEDEAO et adopté par l’UA permette au Conseil de sécurité de prendre rapidement une résolution autorisant le déploiement des forces africaines et amies du Mali “.
A l’endroit des frères égarés, Dioncounda a été clair: ” Je voudrais également réaffirmer notre ouverture au dialogue avec tous ceux qui préalablement renoncent à toute idée d’indépendance et d’autodétermination et à toute velléité d’atteinte à la laïcité de notre république. Mais chacun sait, qu’il n’y a pas de dialogue possible avec le terrorisme, le crime organisé, les narcotrafiquants. C’est pourquoi le volet militaire pour la sortie de crise, parce qu’il est incontournable, doit être préparé avec autant de détermination et de célérité “.
A l’endroit de ses concitoyens, Dioncouda a déclaré : “ Nous devons nous préoccuper de l’image que nous renvoyons aux autres. Nous sommes un pays en crise certes, je suis le Président d’un pays en crise certes, vous êtes les citoyens d’un pays en crise certes, et de surcroît une crise multiforme et lourde de périls. Mais le Mali éternel doit demeurer parce que le sursaut est non seulement possible mais impératif de notre part à tous et à toutes : le peuple et chaque citoyen, l’armée et chaque soldat, les hommes, les femmes, les jeunes et les vieux. Si nous ne constituons pas dès aujourd’hui la chaîne sacrée de l’entente et de la cohésion nous resterons seuls, face à notre tragédie “.
Et Dioncounda de rappeler ce qu’il avait déclaré le 29 juillet dernier :
” Mes chers compatriotes, il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes. Mais aujourd’hui, aujourd’hui, c’est le temps de la mobilisation, de toutes et tous pour sauver notre pays en danger. C’est le temps du dépassement et de l’oubli de soi… Il s’agit de faire du Mali notre seule priorité. Il s’agit de ne plus perdre de temps dans les polémiques stériles… Il s’agit de se focaliser sur l’essentiel, c’est-à-dire notre intégrité territoriale et notre démocratie… Ce que notre attachement à notre pays, à notre intégrité territoriale, à l’unité de la Nation nous commande aujourd’hui, ce que les populations du Nord, nos compatriotes qui souffrent le martyr, ce que nos centaines de réfugiés et de déplacés nous demandent aujourd’hui, c’est d’être unis et solidaires devant l’adversité… “.
Alors, demande Dioncounda, unissons-nous pour sauver notre patrie, unissons-nous pour préserver notre démocratie. Et d’ajouter: “ Unissons-nous aussi derrière notre armée, qui malgré les difficultés du moment et les hoquets de l’histoire, s’est résolument engagée à accompagner loyalement le pouvoir civil de transition dans l’accomplissement de sa mission“.
Mamadou DABO
Il aurait pu être un bon poète. Le monde est plus attentif aux discours pompeux et infructueux: aimer son pays ne se dit pas mais il se vit, et seulement par des actes concrets.La vérité est que le Mali n’est plus respecté, quoique les gens disent, à cause de l’incapacité de ses dirigeants à s’imposer sur le plan national et international. Ils sont dépassés par les évenements parce qu’ils ont mis le matériel à la place de l’idée, le silence à la place du débat, la médiocrité à la place de l’excellence…Tous ces vieux doivent quitter en ce qu’ils ne pourront jamais sauver ce pays. S’ils ont de l’expérience comme certains le pensent, cette expérience se nomme immoralité ou ammoralité.
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