Un mois après la conférence des donateurs à Bruxelles sur le développement du Mali, cette visite visait à faire le point sur l’avancée des projets mis en œuvre par l’aide française au développement
Le ministre français délégué chargé du Développement, Pascal Canfin était en visite la semaine dernière dans notre pays (13-14 juin). Il s’agissait du quatrième déplacement du responsable français au Mali. C’est par la ville de Gao que Pascal Canfin a commencé ce nouveau séjour malien. Il était accompagné par Anne Paugam, la toute nouvelle directrice générale de l’AFD (Agence française de développement).
Dans « la Cité des Askia », le ministre français a notamment visité la station de pompage d’eau dont la réalisation est financée par l’AFD et la station de radio locale, « Annia ». La délégation française a aussi rencontré les élus de la Région de Gao (maires, conseillers communaux et régionaux), avant d’être invité à un déjeuner organisé par les responsables de l’Opération Serval avec les autorités locales, les élus locaux et des représentants de la société civile.
Avant de quitter Gao, Pascal Canfin a présidé une cérémonie de signature de conventions avec des Ong locales (Tassagh et GARI) intervenant dans la protection en appui aux populations démunies de la zone pastorale de la Région de Gao et pour la protection des ressources naturelles. La cérémonie de signature des conventions a eu lieu à l’aéroport de Gao.
Un mois après la conférence des donateurs à Bruxelles sur le développement du Mali (15 mai), cette visite du ministre Cafin visait à faire le point sur l’avancée des projets mis en œuvre par l’aide française au développement.
Après Gao, la délégation française a mis le cap sur Bamako où le ministre s’est rendu à Missabougou, précisément au Centre de formation professionnelle sur les métiers du bâtiment. Toujours à Missabougou, le partenaire français a notifié au ministre de l’Economie, des Finances et du Budget, au ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, des offres de financements relatives au projet d’amélioration de la compétitivité des entreprises, dénommé ACEFOR et financé par l’AFD. Cette initiative comprend un prêt concessionnel de 3,3 milliards de Fcfa et une subvention de 2,6 milliards de Fcfa.
Le Centre de formation professionnelle sur les métiers du bâtiment de Missabougou est financé par l’Etat malien avec l’appui de la coopération luxembourgeoise. Il est l’un des centres de formation appelé à mettre en œuvre la dernière composante du projet ACEFOR qui a été intégrée au projet à la demande des autorités maliennes.
Le ministre de l’Education, de l’Alphabétisation, de la Promotion des Langues nationales, Bocar Moussa Diarra, représentant son collègue des Affaires étrangères et de la Coopération internationale a assuré que le Mali peut compter que sur la capacité d’initiatives et d’interventions de ses enfants préparés pour relever les nombreux défis qui s’inscrivent aujourd’hui dans un contexte de compétitivité aux niveaux sous-régional et international.
ACEFOR est un projet conjoint du gouvernement et de la France dont la formulation s’est déroulée au cours de l’année 2011. Ce processus a été conduit dans une collaboration dynamique entre le ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle, l’Agence française de développement et les conseils régionaux de Sikasso et de Ségou.
Il vise à former sur deux ans des jeunes dans les métiers du bâtiment et des travaux publics. Les sessions de formation d’une durée de 6 à 9 mois, doivent permettre de répondre aux besoins urgents nés de la crise que notre pays connait depuis mars 2012.
Crée en août 2003, et dirigé aujourd’hui par Mme Touré Diahara Drahamane, le Centre a formé à la date du 27 février 1204 jeunes. L’objectif du centre de Missabougou est de contribuer à améliorer les conditions de vie des populations en mettant l’accent sur la promotion des activités socio-économiques des couches défavorisées à travers la formation professionnelle.
Le projet ACEFOR concerne les régions de Ségou, Sikasso, Mopti et Bamako. Il comporte cinq composantes : l’amélioration de la qualité du dispositif de formation professionnelle en région ; la création d’une nouvelle offre de formation visant les métiers ruraux ; la construction d’infrastructures et leur dotation en équipements (construction et équipement de deux centres de formation professionnelle à Markala et Sikasso) ; des formations professionnelles rapides.
Après l’étape de Missabougou, le ministre français délégué chargé du Développement, Pascal Canfin a mis le cap sur la Cité administrative où il s’est entretenu avec le Premier ministre Diango Cissoko. Une conférence de presse organisée dans la l’après-midi à la résidence de l’ambassadeur de France a mis fin au séjour du responsable français.
Au cours de cette conférence, Pascal Canfin s’est réjoui des constats qu’il a pu faire sur le terrain. « J’ai constaté à Gao que les choses avancent. Nous sommes sur le bon chemin. Mais il reste beaucoup de choses à faire comme la fourniture des services sociaux de base », a-t-il dit, relevant cependant que seulement 45% des écoles fonctionnent dans Gao et alentours.
Le point de presse a donné l’occasion d’aborder les négociations entre le gouvernement et les groupes armés qui sévissent à Kidal. Le déblocage des financements promis par la communauté internationale à Bruxelles le mois dernier est-il lié à la signature d’un préaccord avec les rebelles touaregs ? Réponse du ministre : « L’engagement de la communauté internationale est endossé par la Feuille de route. Nous avons bon espoir qu’un accord sera rapidement trouvé. Nous trouverons des modalités pratiques pour que les élections aient lieu partout au Mali, y compris à Kidal. Il faudra passer des compromis. Il n’y aura ni vainqueur, ni vaincu».
Pascal Canfin a par ailleurs annoncé que dans quelques semaines, un site internet sera lancé afin de suivre la traçabilité des fonds qui seront investis avec l’argent du contribuable des pays donateurs. « La France va rendre publiques sur un site internet les traces des fonds de la communauté internationale. C’est un contrat entre la communauté internationale et la France.
Au cours de la conférence de presse, la nouvelle directrice de l’AFD, Mme Anne Paugam été présentée par le ministre Cafin. L’AFD est un établissement public au cœur du dispositif français de coopération. Elle agit depuis 70 ans pour lutter contre la pauvreté et favoriser le développement dans les pays du sud et dans l’Outre-mer. Au moyen de subventions, de prêts, de fonds de garantie ou de contrats de désendettement et de développement, elle finance des projets, des programmes et des études et accompagne ses partenaires du Sud dans le renforcement de leurs capacités.
A. DIARRA
LA NOUVELLE PATRONNE DE L’AFD
Inspectrice générale des finances, Anne Paugam a été nommée directrice générale de l’AFD par le Conseil des ministres français du 29 mai. Cette décision intervient à la suite de son audition le 22 mai par les commissions des Affaires étrangères du Sénat et de l’Assemblée nationale. Première femme à diriger l’AFD, Anne Paugam, a effectué l’essentiel de sa carrière professionnelle au service du développement. Elle devient le dixième directeur général de l’Agence française de développement, créée en 1941.
Née en octobre 1966, diplômée de l’Institut d’études politiques de Paris, Mme Paugam a rejoint l’Inspection générale des finances en 1993 à sa sortie de l’ENA (promotion Léon Gambetta). Elle intègre la Banque mondiale à Washington via le Young Professionnals’ Program en 1997. Elle y exerce des fonctions liées au pilotage stratégique puis des fonctions opérationnelles. Elle sera notamment en charge des projets de réforme du secteur public au bureau de la Banque mondiale à Rabat. De septembre 2001 à mai 2002, en tant que conseillère technique puis directrice adjointe au cabinet du ministre délégué à la Coopération et à la Francophonie, Charles Josselin, elle suit notamment les questions relatives au financement du développement.
Elle rejoint l’AFD en 2002 pour y exercer successivement des responsabilités en matière de pilotage stratégique (création et direction du service chargé de la programmation et du pilotage stratégique), en matière opérationnelle (directrice du département finançant les projets dans les secteurs éducation, formation professionnelle et santé) puis comme secrétaire générale et membre du comité exécutif, en charge du budget, des moyens, des finances et des risques.
Depuis 2010, elle était l’inspectrice générale référente pour le développement à l’inspection générale des finances où elle conduit un dialogue régulier avec les administrations chargées de la politique bilatéral et multilatérale de l’aide publique au développement. Elle a piloté des missions sur des sujets internationaux, notamment sur les enjeux de l’aide, et participé au rapport réalisé à la demande du parlement français sous la présidence de la conseillère d’Etat, Christine Maugüé, sur les opérateurs français d’expertise publique à l’international.
A.D