Il existe une sorte de rhétorique qu’entendent les responsables politiques et étatiques maliens lorsqu’ils viennent à la rencontre des maliens de France. Celle-ci concerne la fameuse et éternelle question de l’accueil et du traitement des demandes de passeports, carte d’identité consulaire et autres document administratifs. Difficile d’échapper aux interpellations de leurs hôtes qui ne sont jamais contents de leurs relations avec nos services consulaires. Chacun y va de son anecdote et certains ne daignent voir autre chose que le mépris des autorités vis-à-vis de leurs citoyens.
Le jeudi 19 février dernier a donné du grain à moudre à ces insinuations souvent exagérées, mais dont il convient de reconnaître les réalités. Ce jour-là donc, une jeune dame vient chercher son passeport qu’elle aurait déposé depuis plusieurs mois. Après l’avoir fait attendre plus d’une heure, l’agent consulaire en charge du dossier l’amène dans son bureau. Et puis on apprendra que la pauvre dame s’est fait molester par la fonctionnaire qui n’aurait pas supporté la façon dont elle a été mise en cause. Au lieu de trouver les mots justes pour expliquer les difficultés actuelles concernant la délivrance des passeports, l’agent consulaire n’a pas trouvé mieux que de maltraiter physiquement l’usager. Alerté, le Consul général M. Traoré prendra les choses en main.
Après avoir mis hors de danger la victime, il informera son agent de l’adoption de mesures disciplinaires à venir. Lesquelles ne tarderont pas à se concrétiser par une mise à pied préalable à d’autres sanctions probables. D’autant plus que l’agent en question n’en serait pas à ses premiers écarts irrespectueux vis-à-vis du public.
Dans la foulée le Consul général de prendre soin de présenter les excuses de son service et de l’Etat à la victime, puis à ses proches. Avec l’appui de l’Ambassadeur, M. Traoré proposera aussi à la famille une prise en charge financière d’éventuels frais de soins des séquelles causées par l’agression violente perpétrée par l’agent consulaire.
Prenant la mesure de cet incident grave, le Consul général M. Traoré prendra des dispositions règlementaires concernant les agents et le fonctionnement des services consulaires : pointage et respect des horaires, badges d’identification des employés, accueil structuré, etc. Des efforts, qui méritent d’être soulignés, car souvent le comportement des agents consulaires laisse à désirer.
Au moment où, les autorités maliennes, des responsables associatifs et maliens de France lambda expriment leur indignation suite à cet incident grave qui, selon eux, ternit une fois de plus l’image de notre pays et de ses services, quelques vérités s’imposent tout de même, pour une meilleure appréciation de la situation globale.
D’abord, il serait juste de dire aussi que certains usagers dépassent les limites de la correction vis à vis des agents consulaires. La gifle infligée au vice-consul par une dame est une des illustrations les plus affligeantes de cette relation compliquée et difficile entre les usagers et les services consulaires. Do bè Nya laa. Do bè Nya tiela kaw laa!
Ensuite, il est inacceptable que l’on s’en prenne au Consulat pour des questions de délais de délivrance de passeports ; lorsqu’on sait que ces documents sont confectionnés à Bamako, donc en dehors de tout contrôle du Consulat de France. A Bamako, où le Premier ministre Oumar Tatam LY, en son temps, a été obligé de faire prendre en charge par l’Etat les frais de plus 150 passeports destinés à la France, mais qui se sont volatilisés, dont on n’a jamais su : où ils ont été expédiés ? Par qui ? A Bamako, où actuellement les passeports déposés en novembre et décembre 2014 sont en train d’être délivrés pendant que ceux d’octobre de la même année sont en souffrance. Mystère !
Enfin, les problèmes d’accueil et de services dans nos Consulats ne sauraient trouver de solutions durables que dans la formation des personnels accueillants qui infligent souvent des traitements inacceptables aux usagers. Certains de ceux-ci, se croyant en terrain conquis, devraient aussi se comporter en citoyen responsable. En plus de la formation du personnel consulaire, il serait temps de revoir les procédures de délivrance des documents administratifs ; et surtout il faudra pourvoir à leur sécurisation qui empêcherait la fraude massive dont ils font l’objet actuellement.
M. Cissé PARIS