Les relations entre le Mali et l’Algérie sont-elles réellement franches et sincères ? C’est la question que nous avons posée au ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, Moctar Ouane. Nous sommes partis du constant que l’Algérie semble jouer au chat et à la souri ave le Mali, notamment en acceptant de coopérer avec Ibrahim AG Bahanga, un bandit qui ne se reconnaît pas dans l’Accord … d’Alger et qui détient des otages maliens. A travers sa réponse, le chef de la diplomatie malienne révèle, avec diplomatie, que tout n’est pas rose entre les deux pays et que Bamako ne se laissera plus distraire : « Ce que nous voulons, c’est que nous traitions à part égale entre partenaires ».
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Voici l’intégralité de la réponse du ministre Ouane :
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« Je ne suis pas partisan de la langue du bois, donc je dis franchement que nos relations avec l’Algérie sont des relations historiques. Notre pays a joué un rôle majeur dans la lutte de l’indépendance de l’Algérie, parce que notre territoire a servi de base arrière à l’armée de libération de l’Algérie.
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L’indépendance acquise en Algérie, les premières années de la Républicaine démocratique algérienne ont été des années mouvementées, parce qu’avec un voisin les relations étaient assez tourmentées. C’est à Bamako notamment, en action résolue et intelligente du président Modibo Keita, que ces relations tourmentées ont été précisément rétablies, permettant ainsi à la jeune République de poursuivre son cheminement.
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Aussi, notre pays à une très longue frontière avec l’Algérie, précisément 1 376 kilomètres. Cette frontière commune a suscité beaucoup d’échanges en tous ordres entre l’Algérie et notre pays.
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Dans le même temps, l’Algérie aussi a joué un rôle constructif dans le développement de notre pays, parce que sur le plan de la formation, des élites et beaucoup de cadres maliens ont été formés en Algérie.
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Sur le plan politique, les troubles que notre pays a connus dans le nord ont vu, à chaque fois, l’Algérie joué un rôle important pour les transcender. Il s’agit de la signature du Pacte national en 1992, ou encore, récemment, de la signature de l’Accord d’Alger de juillet 2006. Ce sont aussi des faits concrets et historiques qu’on ne peut pas nier. Ces signatures ont permis de faire face à ces crises.
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Mais, au-delà de ce que l’un et l’autre de ces pays ont fait à travers les faits que je viens de rappeler, il reste que cela a pu apparaître comme insuffisant, compte tenu de la singularité de cette relation, historique, géographique, forte mais qui, peut être, ne se traduit pas toujours par une satisfaction de part et d’autre. Parce qu’effectivement, il y a un sentiment qu’on peut faire plus que ce qu’on a fait. C’est précisément ce que nous nous sommes dit, il y a quelques semaines, lors de la Commission mixte entre les deux pays, qui ne s’était pas réunie depuis huit ans. Donc, nous avons clairement dit à cette occasion qu’il faut que les deux pays soient purement satisfaits de la qualité de leurs relations qui leur permette de les hisser au niveau qu’ils souhaitent. Il est d’abord important que le dialogue politique entre les deux pays soit mieux structuré, c’est-à-dire que l’échange politique se fasse régulièrement entre les deux pays à tous les niveaux.
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La Commission mixte, qui se tient tous les deux ans, est certes, un cadre de concertation sûr, mais, ce n’est pas un cadre de concertation exclusif. Il faut qu’il y ait d’autres cadres. Avec l’intervalle des deux ans, il faut bien qu’en fonction des problèmes qui se posent, il y ait des solutions. C’est ainsi que des comités ont été institués. Mais, il faut d’abord qu’on développe les échanges de haut niveau, que les ministres et les deux chefs d’Etat se rencontrent pour échanger souvent. Renforcer le dialogue politique entre les deux pays, permettra de hisser au niveau voulu la relation publique. Face à cela, nous avons rempli des conditions meilleures à nos amis algériens. Nous leur avons dit, qu’il faut que nous dépassions l’état de nos relations aujourd’hui qui ne satisfait aucune des parties. Pour que nous transcendions cette histoire, il faut que le dialogue politique entre les deux pays soit un dialogue permanent.
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Ensuite, nous avons indiqué clairement à nos frères algériens qu’il est important que notre coopération se fonde sur un véritable partenariat c’est-à-dire que nos relations soient des relations de confiance, des relations fortes et de respect mutuel. C’est un partenariat que nous voulons avec eux et non pas une assistance, ni autre chose. Ce que nous voulons, c’est que nous traitions à part égale entre partenaires.
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Mais au-delà, il faut que les deux pays continuent de s’engager fortement pour que l’ensemble de la sous-région puisse avancer ensemble. Parce qu’il ne peut pas avoir des relations parfaites et convenables entre l’Algérie et le Mali, lorsque d’autres pays de la sous-région sont dans des difficultés. Donc, il faut que nos deux pays continuent de jouer un rôle important et actif dans la promotion de l’ensemble de la sous-région. C’est dans cette perspective que s’inscrit l’initiative du président Touré de tenir la Conférence sur la paix et la sécurité dans une perspective globale qui dépasse aujourd’hui les pays immédiatement concernés par l’actualité récente que chacun connaît ».
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Propos recueillis par Sékou Tamboura
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