Dans une lettre datée d’hier, 26 décembre, l’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire du Mali en Côte d’Ivoire, le Colonel Sada Samaké, a remis sa démission au ministre des Affaires étrangères et la coopération internationale, Moctar Ouane.
En donnant le motif de cette démission, Sada Samaké de relever : "De mon entrée dans mes fonctions actuelles à ce jour, je m’étais scrupuleusement gardé de réagir à quelque attaque que ce soit venant de certains de mes collaborateurs.Tout cadre honnête et objectif saura me rendre justice à cet égard. Or que n’ai-je pas subi ? Que n’a-t-on pas entendu ? Que n’a-t-on pas entrepris pour me nuire et ternir par tous les moyens avouables et inavouables, publics, privés et secrets une image qui semble déranger singulièrement ? Je dois dire que j’aurais pu allègrement continuer à n’accorder aucune importance à ce qui ressemble à une entreprise méthodique, organisée et systématique de déstabilisation". Le désormais ex-ambassadeur du Mali en Côte d’Ivoire, poursuit en disant qu’il continue à se poser des questions de fond sur le but recherché par la constance et la systématisation de l’acharnement de ses collaborateurs.
"Cependant, depuis le départ de la mission conduite par le Secrétaire Général du Département, les attaques et les défiances à mon autorité ont atteint un degré d’acuité, de constance et de violence rarement égalé. Je suis quotidiennement accusé de tous les maux d’Israël et d’Egypte. Au passage, tous ceux qui me sont proches ne sont pas épargnés.
Les règles élémentaires de l’administration sont foulées aux pieds. Je crois même lorsqu’on pense être assuré des soutiens des plus puissants, on doit toujours raison garder. Je ne suis pas l’engeance de ceux qui n’ont aucun scrupule à se servir de leur fonction pour faire main basse sur les deniers publics en espérant ainsi changer, au vu et au su de tout le monde, leur statut économique et surtout social" a souligné Sada Samaké dans sa lettre de démission.
Sada Samaké est-il victime de la campagne en cours depuis belle lurette au ministère des Affaires étrangères contre ceux que les diplomates de carrière appellent avec condescendance "les non-diplomates".
A-t-il commis des fautes de gestion ? N’a-t-il pas fait assez pour la protection de nos compatriotes résidant en Côte d’Ivoire, le premier pays d’immigration pour le Mali ? Ou en a-t-il trop fait au point de commettre des impairs ? Jusqu’à plus amplement informé, l’on est réduit à se perdre en conjectures. Toujours est-il que cette démission survient à un moment où Sada Samaké est inscrit au tableau des avancements de l’armée pour être nommé Général de Brigade.
Membre du Comité de Réconciliation Nationale (CRN) qui laissera place au Comité de Transition pour le Salut du Peuple (CTSP) il fait partie des officiers de l’armée malienne qui ont contribué, fin mars 1991, à la chute du régime dictatorial de Moussa Traoré et à l’avènement de la démocratie pluraliste dans notre pays.
Ce rôle déterminant lui vaudra de figurer dans les gouvernements successifs de Alpha Oumar Konaré à la tête de départements stratégiques tels l’Administration territoriale et les collectivités locales (où il jouera un rôle majeur dans la mise en œuvre de la décentralisation) et la Sécurité intérieure. Pour raffermir les pas de la jeune démocratie malienne. Après le gouvernement, il sera redéployé dans la diplomatie malienne en qualité d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire en Côte d’Ivoire. A cause de son intégrité et de son sens du devoir, il jouit d’une popularité certaine dans l’armée malienne.
Les jours à venir devraient nous édifier sur les véritables raisons du ras-le-bol du futur Général de l’armée malienne.
Yaya Sidibé
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