Le pétrole constitue le premier produit d’importation du Mali. Par jour, notre pays consomme 4200 barils. Chaque année, la facture pétrolière du Mali va en augmentant. L’approvisionnement du pays se fait par des sociétés interposées. Celles-ci achètent le baril à 60 dollars et le revendent à 80 dollars. Pour éviter ce système commercial basé sur le capitalisme, le Vénézuéla vient de s’engager, par la voix de son président Hugo Chavez en visite officielle au Mali, de prendre en charge la consommation pétrolière du Mali dont le montant est estimé à 100 millions de dollars par an, en échange de coopérations de services dans le cadre de la production de l’or, du fer, du pétrole et de la bauxite, la dernière née des ressources minières au Mali.
La coopération entre le Mali et le Vénézuéla promet un bel avenir. Elle est essentiellement axée sur la solidarité, l’entraide afin de favoriser la croissance économique. La visite du président Hugo Chavez au Mali, du mardi 1er août au mercredi 2 août, a donné un coup d’accélérateur à cette coopération. Dans le programme des activités qui ont marqué la journée du mercredi, la visite du nouveau siège de la Banque Malienne de Solidarité (BMS) restera mémorable dans les annales du Mali. Cette cérémonie, qui était placée sous le haut patronage de Son Excellence Amadou Toumani Touré, a enregistré une allocution solennelle de son homologue Hugo Chavez de Vénézuéla.
L’allocution de ce dernier a porté sur les grandes orientations de la coopération que son pays vient de formaliser à travers un Accord-cadre avec les autorités maliennes. Les domaines concernés sont l’approvisionnement du Mali en pétrole et le développement de la micro-finance pour mieux lutter contre la pauvreté.
Concernant le premier point, Hugo Chavez, a été on ne plus, clair. Selon lui, le manque du pétrole est le premier obstacle au développement du Mali. Pour faire face à ce handicap, son pays a décidé de prendre en charge l’approvisionnement du Mali en pétrole en échange d’une coopération de services avec le Mali dans les domaines de la production de l’or, du fer et de la bauxite.
A rappeler que, par jour, le Mali consomme 4200 barils de pétrole. Par an, le montant de cette consommation est estimé à 100 millions de dollars. Selon l’orateur, cette somme pourra servir à financer l’éducation des enfants, à construire des centres de santé pour les populations. Il a poursuivi en disant que ce qui renchérit le prix du pétrole, c’est le système dans lequel il arrive dans les pays africains. Les sociétés qui s’occupent de l’approvisionnement achètent le pétrole avec les producteurs à 60 dollars le baril qu’elles revendent à 80 dollars.
Selon Hugo Chavez, ce système capitaliste est une perversion et son pays n’acceptera plus de faire des affaires avec les intermédiaires qui font la surenchère sur le marché du pétrole africain, mais que son pays va traiter directement avec les gouvernements. Pour réussir un tel pari, il a proposé la création d’une société publique du pétrole au Mali.
En outre, le président Hugo Chavez a annoncé l’arrivée prochaine des équipes vénézuéliennes de prospection de pétrole au Mali. "Nous allons venir faire la prospection au Mali pour que le pétrole malien devienne l’instrument de développement du Mali" a-t-il affirmé.
Concernant le développement de la micro-finance, Hugo Chavez a déclaré que la Banque Vénézuélienne pour la Solidarité (BVS) va travailler en collaboration avec le Banque Malienne de Solidarité (BMS). Ainsi, la BVS va mettre en place une ligne de crédit d’une valeur 10 millions de dollars avec la BMS pour financer les projets de développement des pauvres.
S’agissant du défi de développement, Hugo Chavez a déclaré : Il faut qu’on travaille dur. Le Mali, le reste de l’Afrique, l’Amérique du Sud constituent le même peuple. La formule de notre de développement, c’est partir de nous-mêmes. Donnons aux pauvres un point de soutien, on verra comment ils vont faire bouger le monde. Il faut renforcer la capacité des populations en formant et en promouvant l’entraide. C’est à ce prix que nous pourrions nous développer".
Rappelons qu’en prélude à cette déclaration du président Hugo Chavez, la délégation vénézuélienne et les invités, composés des membres du gouvernement, du gouverneur du district de Bamako, du maire central du District, du représentant de la BCEAO et des directeurs généraux des institutions de microfinance ont eu droit aux discours de Abou-Bakar Traoré, ministre de l’Economie et des finances et du PDG de la BMS, Babali Ba.
Selon Babali Ba, les missions assignées à la BMS-sa, sont, entre autres, de pourvoir aux besoins en crédits de petits promoteurs dépourvus de moyens financiers ne pouvant pas accéder au crédit bancaire, compléter l’édifice des systèmes financiers décentralisés, (SFD) en jouant le rôle d’un établissement qui assure le refinancement de leurs crédits à court et moyen termes, co-financer avec les SFD leur population cible et garantir les refinancements qui sont consentis par les banques aux SFD. Selon lui, le capital, d’un montant de 2 305 millions de F CFA est marqué par la prépondérance des SFD avec 72 %. La part de l’Etat et de ses démembrements est de 20 %. Il y a un actionnaire étranger avec 4 %. Il s’agit de la Société internationale pour le développement de l’investissement (SIDI). Les 4 % restants sont repartis entre l’ANPE et le FARE.
Rappelons que, un peu plus tard après la visite des locaux de la BMS par le président Hugo Chavez en compagnie de ATT, la cérémonie a pris fin par la signature du livre d’or et la remise de cadeaux par le PDG de la BMS-SA à la délégation vénézuélienne.
Abdoul Karim KONE“