Guéant très influent sur les questions africaines, Kouchner marginalisé, selon Ruffin

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DAKAR (AFP) – dimanche 04 juillet 2010 – 21h50 – Le secrétaire général de l’Elysée Claude Guéant "est très influent sur les questions africaines" tandis que le ministère des Affaires étrangères est "complètement marginalisé", a affirmé dimanche l’écrivain et diplomate Jean-Christophe Rufin à une radio sénégalaise.

A la question "Vous semblez quitter votre poste d’ambassadeur de France à Dakar avec une certaine amertume?", M. Rufin a répondu dans une longue interview diffusée par la Radio Futurs Médias (RFM): "Je suis non pas amer mais un petit peu déçu par rapport aux espoirs que nous avions en 2007. Je pensais sincèrement que nous entrions dans une période de rupture -c’est ce qui avait été dit – avec des pratiques du passé".

"Ce qui me déçoit un peu, c’est de voir que le Quai d’Orsay a été complètement marginalisé sur les questions africaines, complètement!", a-t-il insisté. Le ministre des Affaires étrangères "Bernard Kouchner est obligé d’avaliser beaucoup de décisions qu’il ne prend pas, parfois c’est à contrecoeur, parfois c’est très difficile".

Selon M. Rufin, le président Nicolas Sarkozy, "pas très impliqué sur les questions africaines", avait "laissé une certaine marge de manoeuvre à ses collaborateurs". "Mais ce n’est pas le Quai d’Orsay qui a pris la direction des opérations, pas du tout, c’est le secrétaire général de l’Elysée, M. Claude Guéant, qui est très influent sur les questions africaines", a-t-il assuré.

Evoquant M. Guéant, M. Rufin a déclaré: "Ce n’est pas forcément un connaisseur de l’Afrique, il traite ces dossiers comme il en traite beaucoup d’autres, à la (manière) préfectorale. Mais bon, le Zambèze et la Corrèze, ce n’est pas tout à fait la même chose".

Au sujet de la "Françafrique", il a jugé qu’"autrefois, sous (Jacques) Foccart (secrétaire général de l’Élysée aux affaires africaines de 1960 à 1974, ndlr), c’étaient des réseaux qui partaient de France et allaient vers l’Afrique" et "la politique française était imposée à l’Afrique par ces réseaux".

Aujourd’hui, ce sont plutôt "des réseaux dans l’autre sens", "qui viennent d’Afrique", a-t-il affirmé. Des "lobbyistes rétribués ou sous contrat ou en amitié avec des chefs d’Etat africains essaient d’influencer la politique française (…) Je pense qu’ils ont trop de place", a-t-il conclu.

Jean-Christophe Rufin a quitté le 30 juin son poste d’ambassadeur au Sénégal où il avait vécu, durant trois ans, des périodes de tension avec le président Abdoulaye Wade, au pouvoir depuis dix ans.

Ancien médecin engagé dans l’action humanitaire, il est écrivain et a été élu à l’Académie Française en 2008.

AFP

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