Ben Laden est mort, mais on ne sait pas de quoi sera faite la réaction d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). La rébellion au nord Mali est finie, mais du fait de l’insurrection en Libye, des armes du Colonel Mouammar El Kadhafi détournées se retrouvent en territoire malien. Ce grand nord du Mali a constitué aussi un couloir pour le passage de la drogue, des armes et un cadre de négociations pour la libération des hommes enlevés.
Sans être alarmiste, le ministre, c’est peut-être son côté journaliste, partage sincèrement la réalité des choses qu’on nous cacherait inutilement : « nous avons enregistré sur notre territoire un afflux d’armes lourdes volées dans les arsenaux libyens. C’est une menace de plus, non seulement pour les étrangers, mais pour l’Etat malien lui-même », a déclaré Soumeylou Boubeye Maïga, dans une interview accordée au journal Le Monde, le 4 mai dernier. Les événements de Libye ont eu comme impact, dans la région sahélienne, un accroissement du potentiel de violence. De nouvelles menaces viennent se greffer à celles anciennes, rendant la situation assez préoccupante, potentiellement explosive. Ces armes de la Libye viennent tomber tout simplement entre les mains des combattants d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) qui grâce à ses acquisitions sèment davantage la terreur dans les régions sahélo- sahariennes. Mais, semble-t-il, la présence d’Aqmi, qui a souvent profité à certaines populations déshéritées du nord du Mali, commence à peser lourdement sur leurs activités économiques après que les touristes aient déserté.
Cependant la nomination du nouveau ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Soumeylou Boubeye Maïga, annonce une nouvelle dynamique. Le Mali tente de réactiver ses relations avec des voisins comme l’Algérie, la Mauritanie et le Niger. Pour cela, le Chef de la diplomatie malienne s’est rendu dans ces trois pays. Vendredi 29 avril, il réunissait les chefs d’état-major de ces pays en session extraordinaire à Bamako. On dirait que pour le ministre il urge et le dossier est brûlant.
Et si par ailleurs, l’existence d’une nouvelle base d’Aqmi entre le Mali (Ouest) et la Mauritanie se confirmait ? Alors tous ces pays plongeraient dans une insécurité sans précédent. Avec les armes enlevées en Libye, Aqmi pourrait devenir la première armée dans l’espace sahélo-saharien. Qui est à mesure de dire qu’il ne l’est pas ? Sa course contre la montre devrait conduire Soumeylou Boubeye Maïga à Paris cette semaine. Sans compter qu’une réunion des ministres se prépare. Peut-il ne pas courir ?
B. Daou
