Christian Rouyer, Ambassadeur de France au Mali, a été relevé de ses fonctions jeudi dernier par Laurent Fabius. Ce diplomate qui plait beaucoup aux Maliens à cause son franc-parler, est remplacé par Gilles Huberson, un ex-gendarme passé par la prestigieuse école de Saint-Cyr. Ce dernier avait été nommé en février chef de la mission Mali-Sahel du Ministère des Affaires étrangères.
Selon le porte-parole du Quai d’Orsay, Philippe Lalliot, c’est dans le cadre d’un mouvement concernant plusieurs postes africains, que la nomination de Gilles Huberson comme ambassadeur a été proposée aux autorités maliennes pour remplacer Christian Rouyer. Plusieurs sources estiment que ce limogeage brutal pourrait être la suite logique de la gestion bâclée du dossier malien, sous Nicolas Sarkozy. Souvenons- nous qu’en octobre dernier, François Hollande déclarait : «Le temps de la Françafrique est révolu. Nous allons vers une nouvelle politique de la France en Afrique». Mais selon d’autres sources, Christian Rouyer paierait le manque d’avancées politiques à Bamako, où la crise interne, conjuguée à la fin de l’intervention militaire française, est loin d’être réglée. Pourtant, les autorités de la transition avaient annoncé officiellement, début mars, la création d’une Commission dialogue et réconciliation pour recoudre le tissu social du pays. Une commission souhaitée ardemment par la France et largement soutenue par Christian Rouyer.
Le nouvel ambassadeur de France au Mali qui succède à Christian Rouyer, Gilles Huberson, est réputé pour être un spécialiste de la négociation dans les enlèvements, selon des sources proches des services de renseignement français. Né en 1961 à Paris, Gilles Huberson est conseiller des Affaires étrangères hors classe. Diplômé de l’Ecole spéciale militaire de Saint-Cyr, cet ex-officier de gendarmerie a aussi une licence en histoire. Il débute sa carrière diplomatique comme premier secrétaire de l’Ambassade de France à Kuala Lumpur (1999-2002), avant d’occuper successivement les postes de deuxième conseiller à Ottawa (septembre 2002-octobre 2005) et sous-directeur de la sécurité des personnes à la Direction des Français à l’étranger et des étrangers en France au Ministère des Affaires étrangères (2006-2009). Il sera ensuite nommé conseiller diplomatique en charge des Affaires internationales et européennes au Cabinet de la secrétaire d’Etat chargée de l’Outre-mer, puis ministre délégué auprès du ministre de l’Intérieur, de l’Outre-mer, des collectivités territoriales et de l’Immigration, chargée de l’Outre-mer (juillet 2009-mai 2012). Il était chef de la mission «Mali-Sahel» (MMS) à la Direction Afrique et océan Indien du Ministère des Affaires étrangères, jusqu’à sa nomination comme ambassadeur de la France du Mali, la semaine dernière.
Ces diplomates français, Christian Rouyer et Gilles Huberson, sont tous deux des plénipotentiaires chevronnés. Le premier évoque une politique française plus raffinée, dû à son profil d’administrateur. Le second, quant à lui, incarne une approche plus belliciste de la France, puisqu’il est porteur d’uniforme à la base.
Rokia Diabaté
