Au Mali, Kouchner tente d''imposer sa marque

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Pour sa première tournée en Afrique, le ministre des Affaires étrangères a affirmé que l”Europe ne doit pas fermer ses portes et rencontré Guillaume Soro, l”ex-chef rebelle ivoirien.

«Quarante ans d’Afrique.» C’est un brin ému que le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a retrouvé un continent qu’il connaît bien, à l’occasion d’un déplacement au Mali, son premier voyage officiel en terre africaine. L’ancien French doctor, qui a démarré son aventure humanitaire au Biafra (Nigeria) en 1968, est arrivé jeudi à Bamako.

Ce midi, il a assisté à la prestation de serment du président Amadou Toumani Touré (dit «ATT»), réélu récemment, en présence d’une poignée de chefs d’Etat africains. Le chef de la diplomatie française s’envolera en fin de journée pour le Tchad, avant de gagner, dimanche, le Soudan.

D’entrée, Kouchner a imposé son style: mélange d’improvisation et d’expérience diplomatique. Sur le tarmac de l’aéroport de Bamako, il a ainsi accueilli, aux côtés du chef de l’Etat malien, le président congolais Denis Sassou N’Guesso. Plus tard, à la résidence de l’ambassadeur de France, il improvisait sans filet un discours dans lequel il citait Michel Rocard et François Mitterrand, avant de «remercier» in extremis le gouvernement et le président Nicolas Sarkozy pour leur mobilisation au G8 en faveur de l’Afrique.

Sur l’immigration, une question essentielle pour le Mali, pays pauvre du Sahel, l’ancien fondateur de MSF a tenu des propos peu orthodoxes, affirmant que l’Europe ne doit pas fermer ses portes, tout en incitant les pays du Sud à «construire des équilibres» permettant d’offrir un avenir à leur jeunesse. «Les gens n’émigrent pas plaisir», a-t-il rappelé.

Ce vendredi matin, devant les élèves officiers de l’Ecole de maintien de la paix de Bamako, financée en grande partie par Paris et qui accueille des militaires de tout le continent, le promoteur du droit d’ingérence depuis les années 90 a fait entendre sa musique personnelle : «Vous représentez les droits de l’Homme, a-t-il lancé à aux officiers, évoquant au passage son expérience de Haut représentant de l’ONU au Kosovo. Vous ne devrez jamais oublier que vous êtes au service des autres.»

A Bamako, le ministre des Affaires étrangères a également rencontré Guillaume Soro, l”ex-chef rebelle devenu le Premier ministre de la Côte-d”Ivoire. Celui-ci a indiqué que Bernard Kouchner comptait se rendre bientôt à Abidjan. Guillaume Soro a ajouté que le ministre des Affaires étrangères avait tenu à assurer à la Côte-d”Ivoire le soutien «total et global de la France» pour une sortie de crise. «Kouchner ne renoncera pas à ce qu’il est et ce n’est pas ce qu’on lui demande, confie un diplomate qui l’accompagne dans son périple africain. Mais il devra concilier son identité avec la ligne politique définie par l’Elysée.»

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Par Thomas Hofnung, envoyé spécial à Bamako

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LIBERATION.FR : vendredi 8 juin 2007

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