Le Président Amadou Toumani Touré prend son avion ce soir pour la France. C’est sa première visite dans l’Hexagone depuis sa réélection pour un second mandat. Mais aussi depuis l’élection de Nicolas Sarkozy comme président de la République française.
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La question que beaucoup de Maliens se posent est de savoir si le président malien rencontrera son homologue français. ATT doit-il aller en France s’il n’est pas sûr d’être reçu par Sarkozy ?
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Le Président Amadou Toumani Touré effectuera à partir d’aujourd’hui un séjour de plus d’une semaine en France.
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Du 18 au 27 octobre prochain, le Président malien se rendra d’abord à l’Université de Lyon III où il recevra un diplôme honoris causa et animera ensuite à Paris une conférence dont le thème porte sur “Démocratie et gestion consensuelle du pouvoir, le cas du Mali”.
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Au-delà, le choix de ce thème surprend plus d’un au Mali car intervenant plus de six mois après la fin du consensus du Président ATT qui a irrité beaucoup de Maliens.
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Dans son avant dernière parution, notre confrère Jeune Afrique a en effet annoncé avec un brin de délectation qu’aucune rencontre n’est officiellement prévue avec le Président français, Nicolas Sarkozy.
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Une information qui a provoqué un sentiment de révolte mais surtout de méfiance envers les nouvelles autorités françaises.
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Aujourd’hui, la question qui revient le plus sur les lèvres est la suivante : ATT doit-il se rendre en France s’il n’est pas sûr d’être reçu par Sarkozy ?
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La réponse à cette question est sans équivoque pour la plupart de nos compatriotes : le Président ATT ne doit pas aller en France s’il n’est pas sûr d’être reçu par son homologue français et cela pour plusieurs raisons : d’abord à cause de la symbolique de ce voyage qui constitue le 1er du genre depuis sa réélection pour un deuxième mandat et surtout depuis l’élection de Nicolas Sarkozy comme Président de la République française. Or, tous les chefs d’Etat qui sont passés à Paris depuis l’arrivée de Sarkozy au pouvoir ont été reçus à l’Elysée, y compris un Premier ministre, le guinéen Lansana Kouyaté.
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Si ATT n’est pas reçu à l’Elysée au cours de ce voyage académique, ce serait sans nul doute un signe de dégradation des relations franco-maliennes et surtout de l’estime entre Koulouba et l’Elysée.
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Le Président français Nicolas Sarkozy refusant de rencontrer son homologue malien voudrait-il ainsi le sanctionner pour l’arrestation de journalistes au mali, suite à la fameuse affaire dite “La maîtresse du Président de la République”. Cette éventualité n’est guère à rejeter car en son temps on se rappelle que l’influent quotidien français, le Figaro, le journal de chevet de Nicolas Sarkozy avait écrit que le Président français avait été très affecté par l’arrestation des journalistes dans cette affaire.
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De sources bien informées aussi à Paris, les autorités françaises avaient violement pris à partie les autorités maliennes.
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L’attitude du Président français ne montre-t-elle pas un signe d’affaissement de notre machine diplomatique ? Cette question mérite une réflexion particulière si on sait qu’en septembre 2002, trois mois à peine après son arrivée au pouvoir, ATT avait été reçu par le Président Chirac et s’en était glorifié, se moquant même de celui qui a attendu dix ans avant d’être reçu à l’Elysée.
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Concernant son installation comme membre associé de l’Académie des sciences d’outre-mer et la conférence sur “Démocratie et gestion consensuelle du pouvoir, le cas du Mali” qu’il animera à Paris, les observateurs avisés noteront qu’elle aura lieu près de six mois après la fin du consensus et de la gestion consensuelle du pouvoir et au moment où le Président Touré même entretient une dangereuse confusion entre partis politiques et société civile. ATT va donc traiter d’un thème qui n’est plus d’actualité au Mali et qui n’a d’ailleurs aucune valeur pédagogique et académique car ayant échoué sur toute la ligne.
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Birama Fall
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