Arnaque dans l’Administration : La Diplomatie malienne piégée de New York à Bamako par un vaste réseau de Cyber-Escrocs

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  • Les Faits :
  1. Un diplomate de la Mission permanente du Mali auprès des Nations Unies à New Yourk reçoit un email banal dans sa boite. Ces mêmes genres d’emails d’arnaque que nous recevons à longueur de journée. Par un tel email, sans entête, sans cachet, sans signature et sans date il décide de son propre chef de prendre action. Il imprime le mail en question qui ne répond à aucune forme de correspondance officielle entre deux missions diplomatiques et se croit saisi par l’UNICEF pour un recrutement massif. Et pourtant le siège social indiqué dans l’email  est à Paris et lui est New York, seul siège principal de l’UNICEF dont le deuxième n’est qu’à Genève et aucun à Paris. En tant que diplomate il ne devrait pas ignorer. Il ne se donne pas la peine d’appeler au siège de l’UNICEF à New York où il réside pourtant pour vérifier. Les communications y sont presque gratuites.
  2. La Mission permanente du Mali auprès des Nations Unies à New York envoie alors par la lettre Nº15/796/MPM/BS-rv en date du 09 juillet 2015 signée du chargé d’Affaire du Mali a.i le dit email  au Cabinet de son Département de tutelle avec comme objet : « Avis de recrutement du personnel lance par le Bureau de l’Organisation des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) ».  La mission diplomatique du Mali à New York précise, « Monsieur, le Ministre, J’ai l’honneur de vous faire tenir, ci-joint, la note par laquelle le Secrétariat général de l’UNICEF lance un programme de recrutement de personnels de toutes catégories confondues au titre de son programme de travail 2015»
  3. Sur la foi d’une telle saisine de sa mission la plus officielle à New York, le Ministère des Affaires Etrangères, de l’Intégration Africaine et de la Coopération Internationale, saisit à son tour, par sa lettre Nº0006444/MAEIACI-SG-DRH signée de son Ségal, en date du 31 juillet 2015,  Madame le Ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Reforme de l’Etat, chargé des relations avec les Institution. L’objet est sans équivoque: Recrutement du bureau de l’Organisation des Nations Unies pour l’Enfance. Le Ministère des Affaires Etrangères poursuit : «  Madame, le Ministre, J’ai l’Honneur de vous faire parvenir ci-joint, pour large diffusion, la lettre Nº15-796/MPM ?BS-rv du 09 juillet 2015 de la Mission permanente du Mali de la République du Mali auprès des Nations Unies à New York. Transmettant la Note verbale en date du 26 juin 2015 du Secrétariat général de l’UNICEF relative à un recrutement de personnel de toutes catégories confondues au titre de son programme de travail pour l’année 2015.  Les candidats intéressés doivent remplir un formulaire qu’ils pourront avoir sur le site : direction-unicef-France@outlook.fr ».

 

Le Ministre du Travail, de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, chargé des relations avec les Institutions, sur la foi d’un cachet si solennel saisit à son tour ses autres homologues du Gouvernement pour large diffusion comme le lui demande si bien le Ministère des Affaires étranges. Ainsi notre Administration se trouve avec elle notre Diplomatie se trouve  piégée de New York à  Bamako par un vaste réseau de Cyber-Escrocs.

  • Notre analyse :

 

Notre analyse a valeur pédagogique pour qu’elle serve d’exemple aux autres parce que ces genres de mails sont devenus le lot quotidien des internautes. Cette vielle technique d’arnaque à l’hameçonnage que l’Institut de Police Scientifique et Criminelle (IPSC) de Lausanne en Suisse a qualifié à ses débuts de « Nigerian connexion » ou la fraude 413 du nom de l’article du Code pénal nigérian qui sanctionne une telle délinquance. Le nom de «  Nigerian connexion » a été attribué à ces genres d’arnaques parce que tout simplement pour la première fois que l’IPSC avait tracé ces genres d’emails, il lui était revenu que les auteurs étaient soit des nigérians soit des gens qui opéraient à partir du Nigeria. Mais aujourd’hui la  pratique est très répandue et est utilisée partout en Afrique et à travers le monde. Et juste à côté de nous par les «  brouteurs » ivoiriens. Il en va de même pour d’autres actes de cyber-délinquance qui  ont aussi reçu le nom du pays dans lequel ils ont été perpétrés pour la première fois. C’est le cas de la « Camera bulgare » ou du « Collet marseillais ». Pour revenir à notre sujet, nous constations que notre Administration est frappée par une inculture informatique très prononcée peu enviable. De hauts cadres de notre administration n’ont toujours pas d’email et n’utilisent toujours pas l’extraordinaire ressource d’Internet pour améliorer la qualité de leur travail administratif. L’intégration des TIC dans l’Administration est donc un bien beau slogan  et une profession creuse de foi de notre politique nationale de développement des TIC que le Ministère en Charge des Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication n’arrive pas à activer. Au Mali et au regard de la législation nationale sur les TIC et les Télécommunications, ce sont donc l’AGETIC, l’AMRTP et le Ministère qui sont les services publics en charge de ces questions. C’est pourquoi nous sommes révoltés de l’incompétence du Ministre-Directeur général de l’AMRTP, M. Choguel Kokala Maiga du MPR de booster un secteur dont sa trop grande longévité a fini par faire de lui un homme de routine plus efficace dans les plaidoyers politiques que techniques. Ce travail qui n’a pas été fait au sein de notre Administration explique aujourd’hui pourquoi un diplomate bien que résidant dans le pays de l’Oncle Sam qui  a créé Internet n’arrive pas faire la part des choses. Dans l’Administration rwandaise à New York ce genre de chose n’est pas du tout possible parce que le pays a mis les hommes qu’il faut à la place qu’il faut. Ici au Mali les expertises sont humiliées et rejetées et prises pour des opportunistes ou des chercheurs de places quand ils ne cherchent qu’à aider leur pays à s’en sortir. Voici sept erreurs que nous avons à dire au sujet de notre cas pratique :

  1. La note verbale obéit à un formalisme standardisé avec ses formules d’appel et de fin de message. Sa transmission se fait encore par un facteur. Si elle est électronique sa forme subsiste. Ce qui n’est pas le cas d’un email qu’on reçoit comme d’un ami qui nous écrit.
  2. Sur l’Email le siège social de l’UNICEF est indiqué être à Paris ce qui est faux. L’UNICEF a son quartier général à New York et un second de deuxième niveau à Genève.
  3. L’adresse Email qui a envoyé le mail d’arnaque n’est pas une adresse professionnelle. L’UNICEF ne peut utiliser un email du genre : mrroddymack@tiscali.co.uk L’organisation a son nom de domaine propre du genre ……@unicef.org et la charte de nommage obéit à des règles. Pour créer l’adresse émail d’un fonctionnaire travaillant pour ces organisations, on reconnaît toujours leur nom et renom dans leur adresse de courrier électronique en totalité ou  en abrégé.
  4. L’adresse email qui a envoyé le mail d’arnaque est différente de l’adresse email indiquée pour la constitution des dossiers qui est tout aussi faux : direction-unicef-France@outlook.fr
  5. Le mode de recrutement des agences du Système des Nations Unies (SNU) est très formalisé. Chaque agence dispose de son site internet avec son nom de domaine. Toutes les vacances de postes sont affichées sur la plateforme en ligne et les applications à ces postes se font aussi en ligne.
  6. Les Nations Unies ne prennent aucun CFA par quelque moyen que ce soit avec quelqu’un impliqué dans un processus de recrutement qui est tout à fait gratuit. On peut être astreint à payer des visites médicales si on est retenu mais jamais de l’argent en espèce à donner à quelqu’un. Toutes les plateformes en ligne de recrutement indiquent que le SNU ne prend rien pour recruter.
  7. Difficilement on est recruté à 18 ans dans le SNU. On peut souvent y être accepté à cet âge pour des stages, ce qui est tout aussi rarissime.

 

  • Nos Suggestions :

Restons toujours prudent. Mettre en place au niveau de l’Administration publique une plateforme de lutte contre la cybercriminalité qui sera en même  temps la structure conseil auprès de l’Administration pour éviter ce genre de chose et surtout pour traquer et lutter contre cette délinquance d’un nouveau genre. Des structures de ce genre existent déjà en Côte d’Ivoire voisine contre les brouteurs et ailleurs dans la sous-région. Un bon benchmark permet de savoir ce qui nous conviendrait. Il faut tout simplement s’inspirer des meilleures pratiques d’ailleurs. Et l’AMRTP qui est chargé de la défense des consommateurs dans la Société de l’Information devrait être plus présente sur ces questions.
Une Agence conseil en communication digitale, bAmako 2.0 Sarl (bAmAkoDeuxPointZero@gmail.com; 66758481) existe dans le privé pour des consultations de cette nature et des conseils en continue sur toutes les problématiques en rapport avec les Technologies de l’Information et de la communication.

 

 

O’BAMBA

Dirpub journal InfoSept

 

Encadré :

L’avant-projet de loi sur la Cybercriminalité bloqué dans les tiroirs du Ministère en charge des TIC par le Ministre Choguel K Maiga :

En dépit de l’engagement des plus hautes autorités du Mali, pour la promotion d’une société de l’information en Afrique depuis les années 2000, notre pays est en retard. Et pourtant le pays était bien parti  par sa forte  implication dans l’organisation des deux phases du Sommet Mondial sur la Société de l’information.  Il faut rappeler que le Mali a eu à présider le Groupe africain et à assurer la présidence des réunions Préparatoires du SMSI. En dépit de ce parcours élogieux  force est de constater qu’il nous reste encore un long chemin à parcourir  pour établir durablement les bases légales d’une société de l’information au Mali.  Contrairement à des pays voisins qui ont tout appris du Mali aux  premières  heures du boom de l’internet en Afrique, le Mali fait partie des pays de la sous-région qui sont encore à la traine. Ici nous n’avons pas encore pris toute la mesure des avantages économiques, politiques et sécuritaires de la mise en place d’un  cadre juridique et règlementaire des technologies de l’information et de la communication,  en dépit de ces nombreux cas de cybercriminalité qui emmaillent notre quotidien.

Si internet et les réseaux informatiques ont permis à des millions de personnes d’accéder à d’innombrables informations, il faut aussi admettre que  leur  développement fulgurant ont également engendré une nouvelle forme de délinquance : la Cybercriminalité.

Aujourd’hui sur internet et dans les réseaux connectés on peut presque tout faire :

Piratage, violation de domicile informatique, accès non autorisé à des ressources informationnelles d’autrui, utilisation de l’ordinateur dans des crimes traditionnels comme la fraude financière, organiser le  trafic de drogue et d’enfant, extorsion, fraude en valeurs mobilières, terrorisme politique,  vol d’identité et fraudes en ligne; interception électronique, perquisitions et saisies, et la surveillance; censure et liberté d’expression, espionnage économique et guerre de l’information.

La Cybercriminalité n’a cessé de prospérer ces dix dernières années, enregistrant une croissance annuelle à deux chiffres. Il importe donc mettre en place des mesures techniques de protection des systèmes informatiques en même temps que des mesures juridiques de prévention et de dissuasion de la délinquance. Ce travail d’élaboration du cadre juridique des TIC au Mali n’a été initié par le Ministère en charge de la question. Le Département attendra que les travaux soient lancés par la Cellule Technique de Réforme du cadre des Affaires au Mali (CTRCA) sous Mme Konaté,  Mariam THIAM  dans le cadre de la mise en œuvre du projet du Guichet Unique Electronique pour le Commerce Extérieur et le Transport pour mettre les bâtons dans les roues. A cause d’une querelle de leadership les avant-projets de loi dorment depuis maintenant deux ans au Ministère en charge des Technologies de l’Information et de la Communication. L’avant-projet de loi sur la Cybercriminalité fait donc partie de ces textes bloqués dans les tiroirs du Ministère en charge des TIC par le Ministre Choguel K Maiga qui se plait plus dans les commentaires des communiqués du Gouvernement à la Télé au lieu de travailler à changer les choses dans son domaine de compétence.

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