La déclaration, très controversée, de l’Ambassadeur des Etats-Unis au Mali, Paul Folmsbee, continue de faire couler beaucoup d’entre et de salive. Les réactions virulentes contre le diplomate américain fusent de toutes parts. Des groupes armés aux réseaux sociaux, en passant par les hommes politiques et les citoyens lambda, toutes les sensibilités désavouent cette ingérence, jugée malencontreuse, de l’Ambassadeur dans les affaires intérieures du Mali. Le diplomate appelle notamment le gouvernement malien à « mettre fin à tous liens à la fois publics et privés avec le GATIA, un groupe de milice armée qui ne contribue pas à ramener la paix dans le nord du Mali ». Comme le poste si bien sur sa page facebook un internaute avisé, Paul Folmsbee est en mission. Quelle mission ?
«…, en désignant le Gatia nommément, il (ndlr : l’Ambassadeur Folmsbee) stigmatise un groupe qui, contrairement à beaucoup d’autres, s’est toujours engagé dans la voie de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale ». Telle est un extrait de la réponse de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara, interrogé sur le sujet par notre confrère Le Point Afrique.
Qu’a dit exactement l’Ambassadeur Folmsbee qui lui vaut le tollé général ?
Au cours d’une récente rencontre avec les journalistes (conviée à cet effet par ses soins), l’Ambassadeur des Etats-Unis au Mali a fâché l’opinion dans sa déclaration dans laquelle il ramasse les résolutions de la rencontre ministérielle sur la mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali lors de la dernière Assemblée Générale annuelle des Nations Unies. Notamment les principaux points du message des États-Unis au cours de cette réunion ministérielle des Nations Unies. « Le premier point qui est aussi le point le plus vital de la position des Etats-Unis est que le gouvernement du Mali doit assumer une plus grande responsabilité pour la mise en œuvre du processus de paix. L’accord de paix exige que certaines mesures de base de renforcement de la confiance soient prises immédiatement, y compris des patrouilles mixtes composées des éléments de l’Armée malienne et des groupes signataires. Le gouvernement malien doit aller au-delà de l’adoption de lois et de mise en place de commissions, et se concentrer sur l’extension de son autorité sur l’ensemble du Mali. Le gouvernement malien doit également mettre fin à tous liens à la fois publics et privés avec le GATIA, un groupe de milice armée qui ne contribue pas à ramener la paix dans le nord du Mali », a-t-il déclaré.
« Deuxièmement, en plus du GATIA, tous les groupes armés du Mali doivent être en conformité avec leurs obligations sous l’Accord de paix. Le comportement belliciste continu des groupes armés rapproche encore plus le nord du Mali du combat ouvert, menaçant la vie de civils innocents. Un tel comportement doit cesser si nous voulons avoir la paix.
Les représentants des groupes armés devraient également savoir que s’associer continuellement avec les acteurs terroristes, c’est courir le risque d’entrainer des sanctions internationales. Le non-contrôle du trafic de drogue par les groupes armés et leurs associés continue de contribuer à l’insécurité. Le trafic de drogues menace la sécurité du Mali puisque les terroristes et d’autres financent leurs opérations avec des produits mal acquis. Seuls les voyous et les criminels profitent de l’insécurité actuelle alors que les civils en payent le prix. Le gouvernement malien et le peuple malien ne peuvent pas et ne doivent pas accepter un tel comportement. Il doit cesser », poursuit le diplomate. Qui en rajoute une dose de chantage : « les Etats-Unis restent un partenaire engagé aux côtés du Mali. Depuis 2013, le gouvernement américain a pris des engagements de plus de 1 milliard de dollars pour aider le Mali-assistance à la sécurité, aux soins de santé, à l’éducation, au développement des affaires et à la promotion de la culture malienne. Nous croyons que c’est seulement dans un environnement de paix et de sécurité que le Mali peut atteindre son plein potentiel et commencer à faire des progrès dans la lutte contre les nombreux défis auxquels est confronté le pays et ses 15 millions de citoyens dont la majorité est âgée de moins de 25 ans. Toutefois, cette aide ne peut être un succès sans un effort engagé du gouvernement malien pour faire avancer le processus de paix ».
Un acharnement gratuit
Il n’en fallait pas plus pour créer une avalanche de réactions de Maliens, apparemment indignés. L’une des dernières réactions est celle de l’ancien Premier ministre, Moussa Mara. Si le président du parti Yelema « Le changement » donne raison à l’Ambassadeur Folmsbee quand celui-ci « souhaite que nous nous engagions dans un processus qui démantèlera tous les groupes armés présents sur le territoire national ». Cependant, il pense, qu’ « en désignant le Gatia nommément, il stigmatise un groupe qui, contrairement à beaucoup d’autres, s’est toujours engagé dans la voie de l’intégrité territoriale et de l’unité nationale ». Pour Mara, « il convient de sortir des postures et de certaines rigidités pour obtenir clairement des autorités maliennes l’exercice du leadership sur le processus et l’engagement ferme à réinstaurer progressivement l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire ».
Avant lui, c’est la Gatia qui a apporté la riposte dès le lendemain à travers une conférence de presse. Son secrétaire général adjoint, Habala Ag Hamzata, ne porte pas de gants : «L’ambassadeur doit être pourtant bien imprégné de la situation. Je ne sais sur quelle base, il affirme que le Gatia n’aime pas la paix ou qu’il est utilisé par le gouvernement du Mali. L’Ambassadeur doit comprendre que nous aussi, avons des problèmes à gérer à Kidal. L’Ambassadeur ne m’a pas paru la même personne que je connais. Son pays, les Etats-Unis, a le plus compris le problème du Nord du Mali, lors des pourparlers à Alger. C’est le sous-secrétaire d’Etat américaine qui a imposé à tous les mouvements de revenir sur terre, d’écrire ce qu’ils veulent afin de coordonner les points de vue pour arriver à un format où le Mali restera uni. Je ne comprends pas pourquoi, ces derniers temps, il y a un acharnement au niveau des médias et de certains membres de la communauté internationale pour incriminer le Gatia. Nous avons créé ce mouvement pour sécuriser nos populations. On a un parcours, une histoire et une direction politique qui fait son travail».
De la malveillance
Autre désapprobation de la déclaration du diplomate américain : celle de la Plateforme signée de son Secrétaire général Fahad Ag Almahmoud. Celui-ci exprime sa vive protestation à Paul Folmsbee qui « s’est en effet étonnement Illustré par des préjugés et des étiquettes aussi insidieux qu’insultants à l’égard du Groupe d’Auto-défense Touareg Imghads et Alliés, en l’assimilant notamment à une “milice armé qui ne contribue pas à amener la paix dans le nord du Mali ». Pour l’Ambassadeur, s’indigne Fahad, cette paix passe par la rupture de tout lien « public et privé » entre les autorités maliennes et le GATIA, comme si les membres de ce groupe ne sont pas des Maliens ou des membres signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger.
Le porte-voix du groupe incriminé se dit prêt à voler au secours des intérêts moraux de toute une communauté affectée par une intention apparente de travestir voire avilir son combat. Il estime « qu’à défaut de tenir de la malveillance, les assertions de l’Ambassadeur des Etats-Unis relèvent à tout le moins d’une méconnaissance manifeste de la problématique ».
Ce qui commande le responsable de la Plateforme du 24 juin 2014 d’apporter les clarifications et mises au point ci-après :
Primo, contrairement aux insinuations de M. Paul Folmsbee, les liens supposés du GATIA avec les autorités maliennes ne peuvent reposer que sur leur attachement partagé à la République, à la souveraineté nationale et à l’intégrité territoriale.
Secundo, loin de se réduire à une vulgaire milice, le GATIA est fondé autour du noble dessein d’affranchir des populations civiles sans défense, meurtris dans leur chair et leur âme par l’impitoyable terreur que font régner des mouvements armés rivaux dans le nord du Mali, contraignant à certains endroits des localités entières à l’exil. C’est pourquoi le GATIA s’estimera investi d’une mission protectrice des populations et de leurs biens aussi longtemps que leur sécurité n’aura pas été assurée par un dispositif régalien digne de confiance.
Tertio, l’attachement du GATIA à la paix, démontré à suffisance par moult démarches en faveur de l’apaisement, de la convivialité et de la cohabitation harmonieuse, lui est dicté par une claire conscience des dividendes que les paisibles populations peuvent tirer d’une stabilité sans laquelle aucune aspiration au bien-être n’est envisageable. Du reste, le GATIA ne constitue nullement un obstacle au retour de la souveraineté de l’Etat au nord que clame M. l’Ambassadeur face à la presse.
La Plateforme s’insurge contre pareil agissement et prend à témoin le président de la République sur ses conséquences.
Un Ambassadeur mal informé
Les hommes politiques ne sont pas restés en marge de cette polémique déclenchée par l’Ambassadeur américain. Me Boubacar Karamoko Coulibaly (vice-président de l’URD), analyse sur sa page facebook à sa manière la sortie catastrophe du diplomate :
« Je voudrais d’abord remercier les gouvernements successifs des ÉTATS-UNIS pour les soutiens multi formes apportés au Mali de son indépendance à maintenant. Je ne suis certainement pas la voix la plus autorisée à cet égard, mais ceci exprime le sentiment de reconnaissance d’un simple citoyen du Mali. Toutefois, je voudrais en toute humilité conseiller à son SEM L’AMBASSADEUR DES STATES AU MALI de bien s’informer avant de rentrer dans la danse. Le problème est plus complexe qu’il n’y paraît. Son pays a été en Libye porté à couvrir une forfaiture conduite à l’époque par les premières autorités de l’exécutif en France et en Grande Bretagne. Ce que le Mali vit depuis quelques années est la conséquence de cette aventure libyenne. Son excellence doit aussi savoir qu’un leadership issu de la collaboration abjecte avec l’armée coloniale ne saurait continuer à servir d’adjuvant à la marginalisation de la majorité Imghad à KIDAL. LE PROBLÈME, au nord du Mali, a des origines géopolitiques et géostratégiques qu’internes. Que son excellence veuille bien interroger le passé et le présent de certains partenaires et amis du Mali.
De 1963 à maintenant qui et qui avaient ou ont toujours intérêt à vouloir punir le Mali pour tantôt son soutien à la cause algérienne, tantôt ses bonnes relations avec feu le colonel Kadhafi, grand pagailleur devant l’éternel de 1985 à sa mort ? Que son excellence cherche bien et, il comprendra bien de choses. D’ici là, qu’il arrête de mettre la pression sur le Gouvernement du Mali par rapport au Gatia au risque de faire passer son pays aux yeux des Maliens comme complice d’une certaine France dont le comportement et l’attitude dans la gestion de la situation au nord du Mali sont décriés par tout le Mali. Mais, il n’y a pas plus aveugle que celui qui ne veut rien voir (…).
Sékou Tamboura
Bonjour,
Félicitations à Racine Thiam pour son intervention et l’éclaircissement de la situation, en disant qu’aucun lien n’existe entre l’État du Mali et le GATIA tout comme avec tout autre groupe armé.
Ceci montre et contribue à améliorer la crédibilité de l’engagement du Mali en tant que partie prenante à l’accord de paix.
Chaque acteur ou chaque partenaire doit prendre ses responsabilités et cultiver des relations équilibrées avec les parties prenantes à l’accord de paix qui n’empêchent pas que ce dernier se déroule normalement et qui ne commettent pas des entorses au droit international humain et/ou divers crimes.
Les États Unis ne doivent pas condamner les liens entre le gouvernement et GATIA et ne pas condamner les agissements de la CMA, en particulier, l’accaparement à Kidal de l’aide humanitaire par la CMA au profit de ses combattants, le fait de refuser que soient à Kidal l’administration Malienne ainsi que toutes les communautés autres que les Ifoghas, cas de de la communauté Imghad, et le GATIA.
Ils ont quand même dénoncé le fait qu’il n’y ait pas l’administration Malienne à Kidal.
J’ai appelé, le 16 SEPTEMBRE 2016 et, il y a plus d’un an, le 21 SEPTEMBRE 2015, toutes les parties prenantes (CMA, PLATEFORME/GATIA et ÉTAT MALIEN) et tous les acteurs (MÉDIATION,ONU/MINUSMA, PARTENAIRES, CITOYENS, PARTIS POLITIQUES, …) à prendre leurs responsabilités et à s’engager clairement (en étant crédibles et en jouant sur cette crédibilité), sérieusement et sans complaisance pour une mise en œuvre diligente et rapide de l’accord de paix.
On n’obtiendra une paix durable en toute quiétude que lorsque chacun(e) prendra et assumera ses responsabilités.
ENGAGEONS-NOUS, TOUTES LES PARTIES PRENANTES ET TOUS LES ACTEURS, CLAIREMENT EN ÉTANT CRÉDIBLES, SÉRIEUSEMENT ET SANS COMPLAISANCE POUR UNE MISE EN ŒUVRE DILIGENTE ET RAPIDE DE L’ACCORD DE PAIX AFIN DE GARANTIR UNE SÉCURITÉ ET UNE PAIX DURABLES DANS UN MALI UN ET INDIVISIBLE.
Cultivons la confiance à travers des relations claires et crédibles entre toutes les parties prenantes et entre tous les acteurs.
Bien cordialement
Dr ANASSER AG RHISSA
Expert TIC, Gouvernance et Sécurité
TEL 00223 95 58 48 97
Faut-il parler d’une folie collective qui s’est empare’e d’une bonne partie de la classe politique?
Les choses se font pas etapes!!!!! IL FAUT RETABLIR LA CONFIANCE ENTRE LES MALIENS!!! LE BUT FINAL EST D’AVOIR LES FAMAs comme etant les seules forces qui operent sur toute l’etendue du territoire national malien!!!
LES PATROUILLES MIXTES VONT BENEFICIER LE MALI, SES FORCES DE DEFENSE ET LES FORCES ONUSIENNES!!! AI-JE BESOIN DE VOUS EXPLIQUER POURQUOI? SI VOUS NE SAVEZ PAS LES RAISONS, JE VOUS PRIE DE VOUS ELOIGNER DE LA POLITIQUE DE NOTRE FASO CAR VOS CAPACITE’S D’ANALYSE SONT TRES LIMITE’ES!!!
Mes amis, l’information circule et on sait comment la trouver!!!
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