Alger et Bamako veulent accélérer la mise en œuvre de l’Accord de paix au Nord Mali

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Alger est prêt à encourager les mouvements maliens à s’inscrire davantage dans la dynamique de l’Accord de paix en se rapprochant des autorités de Bamako pour consacrer la réconciliation nationale.

Le Premier ministre Ahmed Ouyahia, qui a reçu samedi 13 janvier à Alger son homologue malien Soumeylou Boubèye Maïga, a rappelé la contribution de l’Algérie au dialogue inter-malien qui a abouti à l’Accord d’Alger de mai/juin 2015 (après un processus en plusieurs étapes qui a duré huit mois).

 « Le dialogue est toujours en cours et les parties signataires continuent d’œuvrer pour la préservation de la paix », a souligné Ouyahia, lors d’une conférence de presse commune avec son homologue malien. Il a parlé de « l’attachement irréversible » de l’Algérie à « l’indépendance, à l’intégrité territoriale et à l’unité nationale du Mali ».  L’Algérie a, selon lui, soutenu le Mali dans le renforcement de ses capacités militaires « pour préserver sa sécurité ». Les deux pays ont créé ces dernières années une commission mixte de coopération militaire.

Soumeylou évoque « le rôle majeur » de l’Algérie

Nommé Premier ministre le 30 décembre dernier, Soumeylou Boubèye Maïga a réservé sa première sortie internationale à l’Algérie. « Pour moi et pour l’ensemble des Maliens, l’Algérie n’est pas un pays étranger. L’Algérie a toujours joué un rôle important et majeur dans tout ce qui concerne la paix, la stabilité et la sécurité au Mali et au Sahel », a-t-il déclaré.

Il a rappelé qu’à deux reprises au moins, l’Algérie est intervenue pour aider les Maliens « à se retrouver entre eux, que ce soit en 1992 ou en 2015 ». « Aussitôt après avoir pris mes fonctions, il était important pour moi d’effectuer cette visite pour procéder à une évaluation de nos relations et de la situation et envisager avec mon frère et ami Ouyahia comment donner un nouvel élan à notre relation afin que nous puissions avancer sur les questions liées aux enjeux sécuritaires, qui sont fondamentaux pour nos deux pays », a-t-il souligné.

Le PM malien a souhaité que des progrès « significatifs » doivent être enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord d’Alger. « Nous avons pu constater la confirmation de la disponibilité de l’Algérie à être avec nous, à être à nos côtés », a appuyé Soumeylou Boubèye Maïga, ancien ministre de la Défense et ancien ministre des Affaires étrangères. En 2010, Soumeylou Boubèye Maïga, alors chef des services de renseignement malien, a tenu une réunion, à Bruxelles, avec d’autres services secrets pour étudier la question du contreterrorisme dans la région du Sahel.

Développer les zones frontalières

Ahmed Ouyahia a abordé aussi avec son homologue malien la situation sécuritaire dans la sous-région sahélienne.  « Nous avons convergé sur la nécessité d’unir les efforts des pays dans la lutte contre le terrorisme, dans la lutte contre le crime transfrontalier et dans le travail pour le rétablissement de la stabilité pour une coopération plus intense dans la région du Sahel », a soutenu Ouyahia.

Jeudi 11 janvier, trois militaires français de l’Opération Barkhane ont été blessés après une attaque kamikaze contre un convoi blindé dans l’est du Mali. Selon un décompte de l’agence AFP, 18 militaires ont été tués au Mali depuis le déclenchement de l’intervention militaire française en janvier 2013.

Rien qu’en décembre 2017, une vingtaine d’attaques de type terroriste ont été enregistrées au Mali notamment à Gao, Hombori, Kidal, Dianké et Tombouctou.

L’Algérie, qui refuse de faire partie du G5 Sahel, force militaire regroupant cinq pays du Sahel, soutenue par la France, entend renforcer sa coopération dans le domaine sécuritaire en développant notamment des programmes de formation pour les militaires maliens et en augmentant le niveau de l’échange de l’information sensible sur le mouvement des groupes terroristes dans les zones frontalières sahéliennes.

Pour développer ces zones sur les plans économiques et sociaux, l’Algérie et le Mali ont créé une commission mixte pour étudier des projets en commun à lancer sur le terrain. L’Algérie considère que l’application efficace de l’Accord de paix de 2015 doit d’abord être une affaire des Maliens eux-mêmes.

Ensuite, la stabilité de la région, la neutralisation de l’action de criminalité transfrontalière et la limitation du mouvement migratoire clandestin nécessitent un développement réel des régions longtemps abandonnées à leur sort au Nord Mali. L’Algérie va, par exemple, soutenir le Mali dans la couverture des zones sahariennes par un réseau de télécommunication s’appuyant sur la couverture satellitaire.

L’Algérie invitée d’honneur de la Foire de Bamako

Sur le plan économique, Alger et Bamako entendent passer à la vitesse supérieure dans leur partenariat encore faible. « Nous voulons donner un élan plus fort à la coopération économique qui viendra s’ajouter au dialogue politique », a plaidé Ahmed Ouyahia.

Dans cette perspective, l’Algérie est invitée d’honneur de la Foire internationale de Bamako qui se déroule depuis le 13 janvier jusqu’au 29 du mois en cours. Mohamed Benmeradi, ministre du Commerce, était dans la capitale malienne samedi 13 janvier où il a été reçu par le président Ibrahim Boubacar Keita. Benmeradi a parlé de la nécessité « de densifier les échanges commerciaux et la coopération économique » entre les deux pays voisins. 89 opérateurs économiques algériens participent à la Foire de Bamako, selon un communiqué du ministère du Commerce.

La délégation algérienne a été invitée à assister à l’ouverture des travaux de l’Assemblée générale des chambres de commerce et d’industrie de l’Afrique de l’Ouest (CDEAO). Un marché de 300 millions de consommateurs, selon la même source.

Par tsa-algerie.com – 15 Janv. 2018 à 07:15

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