Le gouvernement et ses partenaires ont pu évaluer et apprécier le chemin parcouru depuis la conférence des donateurs du Mali dans la capitale belge en mai 2013.
Il y a neuf mois, la communauté internationale s’engageait à Bruxelles à soutenir financièrement notre pays dans ses efforts de reconstruction suite à la grave crise multidimensionnelle à laquelle il avait été confronté en 2012. Pour mesurer les progrès accomplis dans la mise en œuvre des engagements pris à Bruxelles en mai 2013, le gouvernement et la communauté internationale se sont de nouveau retrouvés dans la capitale belge. En effet, la deuxième réunion internationale de suivi de la Conférence de Bruxelles pour le Mali s’est tenue hier à Bruxelles sous la présidence du Premier ministre, Oumar Tatam Ly.
La cérémonie officielle d’ouverture de la conférence s’est déroulée dans le bâtiment Charlemagne de la Commission européenne. Outre la délégation malienne, forte d’une quarantaine de personnes dont 8 ministres, l’événement a mobilisé au total, une vingtaine de délégations constituées de représentants des coprésidents de la Conférence de Bruxelles, d’institutions et agences de financement du développement ainsi que des ambassadeurs et chefs de mission des organisations internationales.
Le directeur général adjoint au développement et à la coopération à la Commission de l’Union européenne, Marcus Cornaro, qui a pris la parole le premier, a au nom de la Commission souhaité la bienvenue à la partie malienne et à l’ensemble des partenaires. Il a ensuite rappelé que la première réunion de suivi de Bruxelles a eu lieu à Bamako le 7 novembre 2013 avant de saluer le retour à l’ordre constitutionnel de notre pays. Il s’est ensuite réjoui de l’existence d’un programme ambitieux engagé par les autorités nationales en vue du retour de la stabilité, de la paix et de la sécurité au Mali. Par ailleurs, il a jugé positives les initiatives menées par le gouvernement en faveur d’une meilleure coopération régionale avec ses voisins immédiats ainsi que les mesures adoptées pour le retour des refugiés et des déplacés.
AU CŒUR D’UNE ACTUALITE FRAGILE. Mais, soulignera le responsable européen, le Mali reste au cœur d’une actualité fragile avec les attaques terroristes dans le Nord qui n’ont pas cessé et les négociations de paix qui progressent lentement. Toutes choses qui font appel à une action forte du gouvernement. Cependant, si cette situation interpelle directement nos gouvernants, elle place la communauté internationale devant ses responsabilités, a-t-il reconnu.
Evoquant les annonces faites à Bruxelles, Il a rappelé que pour appuyer la mise en œuvre du PRED (Plan pour la relance durable), 55 des 108 délégations qui ont participé à la réunion avaient promis alors, une enveloppe totale de près de 3,3 milliards d’euros (plus de 2160 milliards de Fcfa). D’où l’importance pour chacun des donateurs de respecter ses promesses.
Sur ce point, il s’est réjoui du fait que la Commission européenne, elle, continue d’honorer ses engagements. Ainsi, sur les 523 millions d’euros promis à Bruxelles par elle, la quasi-totalité a été engagée et 120 millions d’euros soit 79 milliards de Fcfa ont été versés directement au budget d’Etat malien.
Marcus Cornaro a réaffirmé la volonté de la Commission européenne d’accompagner le Mali dans les prochaines années. Toutefois, il a rappelé le caractère complémentaire de l’appui de la communauté internationale aux efforts internes que nous devons faire.
Rappelons que sur la période 2014-2020, comme déjà annoncé en novembre dernier à Bamako, le Mali bénéficiera d’une enveloppe totale de 615 millions d’euros, l’équivalent de 408,9 milliards de Fcfa qui seront consacrés à quatre secteurs prioritaires : la réforme de l’Etat et la consolidation de la paix, la sécurité alimentaire, l’éducation et la construction de l’axe reliant Gao et Kidal à la frontière algérienne.
De son côté, l’ambassadeur chargé des questions économiques de reconstruction et de développement de la France, Pierre Duquesne, a remercié la Commission européenne, l’Union européenne en général et l’ensemble des bailleurs pour leur implication dans la résolution de la crise malienne. Pour lui, la Conférence de Bruxelles et les actes qui l’ont suivie ont joué un rôle positif dans la bonne tenue des élections au Mali. Pierre Duquesne a souligné le déploiement de l’action du gouvernement dans de multiples domaines, particulièrement dans la lutte contre la corruption, la décentralisation, la gestion économique et financière. La tâche, selon lui, est importante et la communauté internationale et la France poursuivront la mobilisation en faveur du Mali. Cependant cette mobilisation conduit à une exigence de transparence renouvelée auprès de leurs concitoyens contribuables, a-t-il fait remarquer.
Au nom du président de la République, du gouvernement et de l’ensemble du peuple malien, le Premier ministre Oumar Tatam Ly a adressé ses vifs remerciements à la Commission européenne, à la communauté internationale et à l’ensemble de nos partenaires techniques et financiers. « C’est l’occasion pour moi de renouveler, ma profonde gratitude à la Communauté internationale et à nos partenaires pour l’élan de solidarité dont ils ont fait preuve tout au long du processus de règlement de la crise malienne, y compris lors de la Conférence de Bruxelles », a-t-il souligné.
Le chef du gouvernement a ensuite fait le point de la situation socio-économique de notre pays. Il a fait un large tour d’horizon des récentes évolutions intervenues au Mali depuis la dernière rencontre avec les bailleurs de fonds qui s’est tenue à Bamako le 7 novembre 2013. Oumar Tatam Ly a indiqué que suite aux élections législatives, tenues les 24 novembre et 15 décembre 2013, les députés de l’Assemblée nationale ont été élus et installés, consacrant ainsi le retour définitif à l’ordre constitutionnel. Parallèlement à la normalisation institutionnelle, le processus politique de sortie de crise se poursuit, a-t-il indiqué.
Du Plan d’action gouvernemental à la restructuration de la Commission dialogue et réconciliation en Commission vérité, justice et réconciliation en passant par la décentralisation, le programme de reconstruction et de relance de l’économie des Régions du nord, les Assises nationales sur le Nord pour recréer les conditions du vivre ensemble et de la cohésion sociale, la mise en œuvre d’une politique active de réconciliation nationale, la transparence dans la gestion des affaires publiques, les progrès sont notables.
BEAUCOUP DE CHANTIERS. La réconciliation nationale, l’éducation, la santé, l’école, la promotion de l’égalité des chances, le dialogue inter-malien, la lutte contre la corruption et la délinquance financière, le redéploiement de l’Administration et des services sociaux dans les régions septentrionales, le retour des déplacés et réfugiés dans leurs localités d’origine, l’énergie sont autant de chantiers que le Premier ministre n’a pas manqué d’évoquer.
Autre point important : il a attiré l’attention sur le fait que le président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, conscient des dimensions sous-régionales et régionales de la crise malienne, a pris des initiatives diplomatiques visant à assurer un meilleur ajustement de notre environnement immédiat aux exigences de notre sécurité et de l’ouverture prochaine de pourparlers de paix inclusifs. C’est dans ce cadre que le chef de l’Etat s’est rendu en Mauritanie et en Algérie, deux pays voisins, et que le Mali compte sur l’appui constructif de l’Algérie pour accélérer la tenue des pourparlers de paix inclusifs, a-t-il souligné.
Le chef du gouvernement a également indiqué que notre pays a reçu les 2 et 3 février derniers, la visite des ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité des Nations Unies auxquels ont été remis les éléments d’une feuille de route de sortie de crise dont ils ont pu partager certains aspects avec les groupes armés et la société civile.
Concernant les services sociaux de base, il a expliqué que 85% des personnels de l’éducation et 65% de ceux de la santé ont repris leur poste dans les régions de Gao et Tombouctou alors que leur redéploiement n’est observé qu’à hauteur de 26% et 21% dans celle de Kidal où règne encore un climat d’insécurité peu propice à la prise de fonction des agents publics.
41% DE DECAISSEMENT. Le gouvernement se réjouit des concours précieux apportés par les partenaires aux structures économiques et sociales de ces régions. Il s’est félicité du travail remarquable que l’opération Serval, la MINUSMA et la Mission de formation des forces armées maliennes de l’Union européenne, (EUTM), continuent d’effectuer au Mali. Mais en dépit des résultats encourageants qu’il continue d’obtenir des partenaires afin d’accélérer la reconstruction des infrastructures, les défis demeurent, avec notamment les attaques asymétriques et la reconstitution des groupes terroristes et de narcotrafiquants sur notre territoire, a déploré le Premier ministre.
Après avoir souligné que l’action publique sera fondée dorénavant sur une éthique de la responsabilité exigeant un comportement exemplaire pour tout détenteur de charge publique, Oumar Tatam Ly a mis l’accent sur le fait que si l’économie malienne a été durement frappée par la crise, les équilibres fondamentaux ont toujours été maintenus grâce à une gestion prudente des dépenses et des efforts exceptionnels de mobilisation des recettes. D’ailleurs, le Conseil d’administration du FMI a approuvé le 18 décembre 2013 un programme triennal ordonné dont la mise en œuvre sera appuyée par les ressources de la Facilité élargie de crédit.
« Les défis restent immenses, mais nous sommes déterminés à les relever grâce à l’appui des partenaires », a assuré le Premier ministre qui a salué les résultats acquis grâce aux mécanismes de dialogue et de suivi que le pays a su mettre en place avec les partenaires. Ainsi, sur les 3,285 milliards d’euros promis en mai 2013, 74% ont fait l’objet d’engagements fermes, à travers des accords et conventions de financement signés. Les décaissements se chiffrent à 41% des annonces, dont 307 millions d’euros d’appuis budgétaires.
Tout en sollicitant l’accompagnement continu des partenaires pour la mobilisation des ressources annoncées à la réunion de Bruxelles du 15 mai 2013, Oumar Tatam Ly a souhaité que la primauté soit accordée aux appuis budgétaires. Pour terminer, il a garanti aux partenaires la mise en place de mécanismes les plus adaptés pour assurer la traçabilité de la gestion de l’aide internationale.
Tout au long de la journée, les membres du gouvernement ont exposé le bilan des efforts faits pour tenir les engagements.
Envoyée spéciale
F. MAÏGA