Du haut de ses dix-neuf années de parcours sur l’échiquier politique malien, le Parti Africain pour la Solidarité et la Justice a accumulé suffisamment d’expérience pour éviter les erreurs de l’histoire, déjouer les pronostics et signes indiens d’une division pouvant profiter à ses adversaires dans la course pour Koulouba 2012. Cet indice de conscience collective est manifestement la réalité dominante au PASJ, d’autant que la formule est revenue en leitmotiv, mardi, lors de la grande manifestation commémorative de la journée anniversaire du Parti de l’Abeille. Assez encourageant pour redonner de la vigueur à la volonté de reprendre les rênes du pouvoir, mais le défi des turpitudes internes et la capacité à le surmonter restent entiers à l’Adéma.
Comme annoncé à la veille de l’événement, la convergence des Ruchers a donné lieu, pour la circonstance, à une impressionnante communion sur fond de démonstration de force, au Palais de la Culture, avec à la clé une affluence humaine de tous les coins et recoins de la capitale. La Salle Bazoumana Sissoko a ainsi rejeté foule et baigné trois heures d’horloge dans l’ambiance de couleurs et sons à l’honneur du PASJ.
Le mérite de cette mobilisation exceptionnelle, comme l’indiquera le Président Dioncounda Traoré, revient aux mouvements des jeunes et des femmes Adéma, dont les premiers responsables se sont succédé à la tribune pour rivaliser de dévotion et de fidélité inconditionnelle aux mots d’ordre du parti majoritaire malien. «La jeunesse est en ordre de bataille et reste mobilisée derrière les mots d’ordre», a lancé le tout nouveau président du Mouvement des Jeunes, Lazar Tembelly, en exhortant toutefois les aînés à faire preuve «de sagesse, d’unité et de cohésion» au sommet, afin de léguer à la jeunesse un parti fort.
Même détermination du côté de son homologue du Mouvement des Femmes du PASJ. Tout en rendant une fière chandelle aux combattants de la démocratie et aux fondateurs du Parti de l’Abeille, Mme Konté Fatoumata Doumbia estime que les femmes de l’Adéma ont tiré des enseignements utiles tout au long des dix-neuf années d’existence du PASJ sur la scène politique. «Nous avons beaucoup appris. Nous avons appris, par exemple, que la victoire passe par l’unité», a-t-elle indiqué à son tour, en invitant les camarades à ne laisser personne au bord de la route. Un plaidoyer tacite en faveur des camarades en passe d’écoper d’une exclusion de la Ruche ? Quoi qu’il en soit, la présidente des femmes de la Ruche, à l’instar du premier responsable du Mouvement National des Jeunes, engage la gent Adémiste pour un bloc compact derrière les mots d’ordre du parti. «Les femmes s’engagent derrière toute personne qui sera retenue comme candidat de l’Adéma», a-t-elle promis, ajoutant du même coup que le PASJ ne donnera pas l’occasion à ceux qui attendent de profiter de ses fissures.
Les assurances ainsi données par deux maillons essentiels du PASJ ne pouvait laisser indifférent le plus chantre infatigable d’un retour du Parti de l’Abeille aux affaires en 2012. «Peuple de l’Adéma, je vous salue». Tels sont les mots par lesquels le président Dioncounda Traoré a arraché la première salve d’applaudissements à un auditoire tenu en haleine par un brillant exposé sur les symboles et valeurs fondateurs du Parti de l’Abeille. Et le professeur de mentionner, à la grande fierté de son assistance, que «le peuple malien a fait confiance à l’Adéma dès sa naissance», à cause de sa vocation panafricaine ainsi que pour les valeurs de solidarité et de justice qu’il incarne. « Soyez jaloux de vos valeurs et de vos principes : des Abeilles solidaires et partageuses», a lancé le N°1 du Comité Exécutif, insistant sur le rôle joué par les femmes et les jeunes dans les combats antérieurs, ainsi que sur les attentes qui reposent sur ces deux maillons pour les objectifs futurs.
Le président de l’Adéma-PASJ ne pouvait naturellement se passer d’une occasion de battre la cadence entamée par les représentants des femmes et des jeunes de son parti. «Le peuple de l’Adéma a tiré les leçons de son passé», a-t-il déclaré pour reprendre le refrain, martelant par la suite que «le PASJ peut et doit gagner les élections en 2012, et ne saurait les perdre en aucune manière». Seulement voilà : à l’instar de ses prédécesseurs, Dioncounda Traoré est tout aussi convaincu que la condition sine qua non de ses ambitions demeure non seulement le labeur mais également «la cohésion, l’unité, la discipline, la confiance mutuelle». Des défis peut-être plus difficiles à surmonter que l’affirmation de la puissance électorale du Parti de l’Abeille.
A. Keïta