Dioncounda-Cmd, échec et mat !

16 Déc 2012 - 02:54
16 Déc 2012 - 02:54
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La partie d’échec que se livraient le président par intérim, Pr. Dioncounda Traoré, et son Premier ministre, Dr. Cheick Modibo Diarra (avec le capitaine Amadou Haya Sanogo comme juge) a pris fin ce 11 décembre. Echec et mate en faveur du Professeur qui a juste bénéficié d’un coup de pouce du «juge» de la partie. À peine reconduit en août dernier, malgré une farouche opposition de la classe politique malienne, Dr. Cheick Modibo s’est fixé lui-même d’autres priorités aux dépens des missions qui lui ont été assignées. Et pourtant, le président de la Transition avait averti. «Il y a un temps pour tout ! Il y a un temps pour la politique politicienne, un temps pour les ambitions personnelles, pour les intérêts individuels et corporatistes, un temps pour les querelles partisanes». Hélas, CMD n’avait pas compris les choses comme telles. Il a perdu plus de temps à soigner son image personnelle, à peaufiner son profil de futur président de la République du Mali. Il s’y est adonné à tel point qu’il a rapidement oublié que le «Mali» devait être «notre seule priorité». L’astrophysicien et navigateur extra planétaire a ainsi perdu un précieux temps dans «les polémiques stériles au lieu de «se focaliser sur l’essentiel» : la reconquête de l’intégrité territoriale et l’organisation d’élections libres pour la reprise du processus démocratique interrompu le 22 mars 2012. Malheureusement pour lui, Dionkiss (Dioncounda Traoré) tient à ces deux priorités, également contenues dans l’Accord-cadre CEDEAO/CNRDRE, y tient plus qu’à la prunelle de ses yeux. La grande erreur de CMD a surtout été de n’avoir jamais compris que le «Plein pouvoir» accordé par l’Accord-cadre n’était plus qu’un leurre, une coquille vide.  Pis, selon certains de ses proches, il a progressivement pris ses distances avec tous ceux qui pouvaient réellement et sincèrement l’aider à assumer les lourdes missions qui lui étaient confiées. C’est dire qu’il n’a pas eu non plus la main heureuse dans le choix des conseillers dont il s’était entouré. Lâché par ses parrains de la junte Toujours est-il que le divorce était devenu inévitable entre le président et un Premier ministre qui a toujours pensé qu’ils avaient le même rang hiérarchique comme autorités de la Transition. La rupture a été totale quand Cheick Modibo a désavoué publiquement les premiers contacts à Ouagadougou entre les groupes armés et une délégation officielle malienne dirigée par le ministre des Affaires étrangères. On savait déjà que les deux personnalités n’échangeaient presque plus sur la gestion du pays créant ainsi une humiliante cacophonie au sommet de l’Etat. Et le chef du gouvernement déchu avait pris une telle assurance que rien de mal ne pouvait lui arriver qu’il s’est permis le luxe de rompre avec ses parrains de l’ex-junte putschiste. On s’en doutait depuis quelques semaines, et on a eu l’assurance après la sortie médiatique du Capitaine Sanogo le 11 décembre. En effet, pour le leader des putschistes, la démission forcée du Premier ministre Cheick Modibo Diarra s’imposait parce qu’il était devenu le point de blocage qui n’avait aucun égard pour le peuple. En un mot, il reproche à son ex-protégé d’avoir fait cavalier seul au détriment des priorités de l’heure. Et le bras de fer qu’il avait engagé avec le président de la République par intérim, dont il ne reconnaissait plus l’autorité, a été l’erreur de trop. Surtout que, en 9 mois, le Premier ministre n’a pratiquement rien fait pour montrer qu’il avait la volonté d’accomplir les deux missions principales pour lesquelles il était à la tête d’un gouvernement d’union nationale. Il n’a même pas été capable de présenter la «Feuille de route» tant réclamée par la communauté internationale. Sans compter que l’ex-junte militaire s’est toujours plainte que l’armée n’a rien reçu en termes de moyens pour initier une quelconque action au nord. Une manière non démocratique Comme le disait récemment une amie artiste, «aveuglés par leurs agendas perso, les dirigeants n’écoutent ni n’entendent le peuple qui se meurt à petit feu». CMD en était la parfaite illustration ces dernières semaines. Jugés autant responsable du blocage institutionnel que lui, notamment par le Cherif Mohamed Ould Cheichnè dit Bouyé de Nioro, Dioncounda et le capitaine Sanogo n’avaient d’autre choix que de le mettre à la touche. Les arguments avancés par le jeune officier ne sont pas forcément ceux de celui qui veut noyer son chien en l’accusant de rage. Les reproches sont fondés puisque constatés par tous les observateurs de la situation actuelle du Mali. À commencer par les diplomates accrédités dans notre pays. L'astrophysicien s'est donc auto neutralisé ! Cela ne fait l’ombre d’aucun doute. Mon amie Tetou Gologo a raison quand elle dit, «nombreux sont ceux qui après avoir fait leur vie à l'étranger, reviennent pour sauver le Mali... Mais, il leur manque la connaissance du Mali et du Malien. Ils viennent avec des préjugés, qui poussent certains au mépris, et sont souvent coupés des réalités. Il y a quelques jours, je m'indignais de ne savoir où trouver d'infos fiables sur ce qui se fait par les dirigeants au nom des Maliens...Ou ka sira té an na (ils s’en foutent de nous)...Il nous faut une vraie révolution à la Jerry Rawlings». Si les griefs sont fondés, la manière doit inquiéter les démocrates du pays. Comme le disait une jeune juriste sur Facebook, «c'était démocratiquement correct que Dioncounda le limoge sans que Haya n'intervienne». Même si l’ex-PM était leur choix, il ne revenait pas aujourd’hui au Capitaine Sanogo de le limoger. À quel titre ? Le Comité de suivi des réformes des forces armées et de sécurité qu’il dirige n’a pas pour vocation de s’immiscer dans la gestion politique de la transition. Un Premier ministre est conventionnellement démis par le Président qui l’a nommé ou par un vote de défiance de l’Assemblée nationale. Et comme le disait l’artiste Rokia Traoré, dans une contribution publiée ce matin (12 décembre 2012) par Les Echos, «lorsqu’il y a des changements à réaliser au niveau du fonctionnement, cela devrait se passer dans le respect des règles convenues au préalable à cette fin… Dans toutes les sociétés du monde, afin que nous puissions mener une existence harmonieuse, il existe des règles établies selon différents concepts d’organisation sociale, le respect de ces règles est d’une importance capitale pour toute forme de collectif humain ayant un socle commun». La seule circonstance atténuante à accorder au Capitaine Sanogo, c’est que nous sommes dans une situation d’exception et rien ne prouve qu’on aurait pu convaincre autrement CMD de démissionner que par la force. Parce qu’il ne savait pas à qui «remettre sa démission» ! Il ne faut pas seulement que cela soit une habitude chez lui. C’est en tout cas inquiétant de l’entendre dire qu’il assumera de telles responsabilités chaque fois que le peuple le lui demandera. Là, il retombe dans le populisme «démocraticide» car conduisant à toutes les dérives. Comment sonde-t-il le peuple ? Quelle est la vraie motivation de ceux qui viennent se plaindre à «Kati» ? Généralement, en démocratie, la volonté du peuple est connue par les urnes (référendum…) ou par des manifestations de soutien ou de protestation dans la rue. En tout cas, il ne fait pas de doute que Dioncounda Traoré a remporté la partie d’échecs contre CMD. Il a marqué un point décisif qui renforce davantage son autorité. Mais, il doit maintenant faire preuve de plus de leadership dans cette transition. Il doit s’assumer davantage et surtout ne jamais oublier que le «juge», qui lui a donné un coup de pouce pour se débarrasser du très gênant Premier ministre, veille aux grains. Et en fin stratège, il attend désormais la moindre erreur de son seul concurrent pour totalement reprendre en main la transition malienne. Hamady TAMBA  

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