Les événements du 22 mars, qui ont brutalement freiné le processus démocratique en cours au Mali depuis la chute du Général Moussa Traoré, ont propulsé sur le devant de la scène deux hommes. Pr Dioncounda Traoré et Cheick Modibo Diarra, puisque ce sont d’eux qu’il s’agit, ont la lourde responsabilité d’être à la tête du Mali durant la période la plus critique de son histoire.
Dioncounda et Cheick Modibo sont désormais condamnés à travailler ensemble pour la bonne marche de l’Etat. Et cela, la main dans la main. Mais malheureusement, ce n’est pas le cas. On a cette impression que règne une confusion, une certaine ambigüité au sommet de l’Etat. Interrogé sur une question relative à la confusion avec un pouvoir à trois têtes, Aboudou CHEAKA Touré, Représentant spécial du Président de la Commission de la Cedeao, Ambassadeur de la Cédéao auprès du gouvernement et Chef de la Mission de Cédéao au Mali (MICEMA) déclarait ceci : « La réalité doit être gérée par les responsables nationaux…… S’il y a interférences à un niveau ou à un autre, la Cédéao n’est pas responsable de cela et n’a pas les moyens non plus d’intervenir dans ce jeu. Je pense qu’il appartient aux autorités nationales de faire appliquer les résolutions prises par la communauté internationale.»
Le blocage lors de la formation du Gouvernement d’union nationale avec la publication de deux décrets, le difficile choix à faire entre l’option militaire et la négociation, l’envoi de deux requêtes aux Nations unies sont autant d’indices que le Président de la République et le Premier ministre ne se concertent pas convenablement dans la gestion des dossiers brûlants. Le fait que deux requêtes ont été envoyées aux Nations unies au nom du Mali n’honore ni le Président ni le Premier ministre.
On peut difficilement comprendre que le Président, qui a reçu son Premier ministre quelques heures avant son départ à New York, prenne le soin d’envoyer une requête au Secrétaire général des Nations unies qui n’a pas manqué d’exhiber celle-ci au cours de son entretien avec la délégation malienne.
Au moment où la communauté internationale donne un visage d’unité pour exprimer toute sa solidarité envers le peuple malien, humilié, bafoué, martyrisé, ne devons- nous pas, au nom de l’intérêt supérieur de la nation, mettre entre parenthèses nos petites querelles de clochers ? Cessons de donner l’image d’un Mali très divisé, du bas jusqu’au sommet.
Aujourd’hui, le Président de la République, Pr Dioncounda Traoré doit aller au bout de son sacrifice ultime en jouant convenablement son rôle de chef, c’est-à-dire donner des instructions au Premier ministre tout en veillant à leur stricte application. Il ne s’agit pas nullement d’un affrontement, mais d’agir afin de ne pas donner l’image d’un pays divisé. Et le Premier ministre doit avoir l’humilité de comprendre que la gravité de la situation exige une certaine complicité entre le président et lui. A moins qu’il n’ait cherché à venir au devant de la scène que pour une autre mission, comme l’en soupçonnent les mauvaises langues !
Plus de cinoche, ce genre de mise scène pour le photographe ou le cameraman, spectacle ridicule auquel trop de temps aura été consacré, flou artistique destiné à la consommation d’un peuple naïf, versatile, taillable et corvéable à souhait pour lequel on n’a éprouvé jusqu’ici que mépris. Pauvre Mali, toujours victime de parricide, de la part de tant de fils indignes !
Entre Dioncounda et Cheick Modibo, entre tous ceux qui ont quelque influence sur le cours de notre destin commun, l’heure est plus que jamais à une entente réelle, sincère, au-dessus des egos surdimensionnés, des intérêts, des états d’âme !
Par Chiaka Doumbia