Après un tollé général contre toute tentative de justification du coup d’Etat du 22 mars 2012, les élus de la Nation ont adopté à l’unanimité la feuille de route de la transition qui leur a été présentée par le Premier ministre Diango Cissoko. C’était le mardi 29 janvier 2013, dans la salle Modibo Keïta de l’assemblée nationale.
Le mardi 29 janvier 2013, le premier ministre Diango Cissoko était face aux députés. L’objectif était de faire examiner la feuille de route de la transition, phase essentielle pour une meilleure sortie de crise.
Accompagné des membres de son gouvernement, l’actuel premier ministre a défendu avec brio sa feuille de route. Dans son intervention, il a tout d’abord rappelé la mission qui lui a été assignée à savoir le rétablissement de l’intégrité territoriale et l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes. Aussi de nombreux autres défis sont à relever: le bon fonctionnement des institutions sur l’ensemble du territoire, l’établissement d’un climat de paix et de sécurité dans la zone sous contrôle gouvernemental et la sécurisation des institutions de la transition, la restauration de l’Etat de droit par la lutte contre les exactions et autres arrestations extrajudiciaires et le traitement diligent de toutes les violations de la loi, la préparation de l’après- guerre et du retour des déplacés et réfugiés, le rétablissement de la cohésion sociale et de la concorde entre les communautés etc. C’est pourquoi son gouvernement se félicite du soutien de la communauté internationale et de l’appui de l’armée française et de la MISMA qui permettent d’envisager la libération totale du territoire national.
Le Premier ministre Diango Cissoko a annoncé la mise en place d’une commission nationale de dialogue et de réconciliation inclusive, avec la représentation de toutes les communautés du Nord. Le choix du fichier électoral, la participation aux élections mais surtout la réhabilitation et l’amélioration des conditions de vie des populations du Nord sont évoqués, aussi bien que l’aide d’urgence au plan humanitaire. Me Kassoum Tapo, député élu à Mopti et non moins avocat, a proposé l’installation d’une base militaire française au nord du Mali. Pour lui, il n’est pas question d’intégrer dans l’armée nationale ceux qui ont pris des armes contre la Nation. Plus question aussi de préférence d’un groupe par rapport à un autre, tous les maliens devant être traités à égalité. Par rapport à la feuille de route, il est revenu sur le contexte qui frise une tentative de justification du coup d’Etat du 22 mars 2012, qu’il trouve inexact. Ce contexte introductif de la feuille de route expliquait la mutinerie de mars et le coup d’Etat par des maux comme la mal gouvernance, la corruption etc. « C’est l’inverse qui devait être car rien ne justifie un coup d’Etat », soutient Me Tapo. Il a par ailleurs plaidé pour l’appui de la communauté internationale à la justice malienne, pour l’aider à mieux exercer. Mais aussi rendre la liberté aux journalistes, particulièrement l’Ortm qui quand il dénonce, est censuré. Il a suggéré de tenir les élections en 2014, et l’assistance de la communauté internationale pour une certification desdites élections.
Le devoir de nettoyer le nid des rebelles
Le député de Kangaba, Lancéni Balla Keita, estime que l’armée malienne a le devoir de nettoyer le nid des rebelles afin qu’on se débarrasse à jamais d’eux. Allant dans les même sens, Me Mountaga Tall aussi ne veut point entendre parler de négociation avec les bandits armés. Parlant des élections, il pense qu’elles ne doivent pas se tenir en période hivernale pour constituer une excuse de ne pas se rendre aux urnes. Ce qui aura pour conséquence d’affaiblir le taux de participation.
Pas de base militaire de la France au Mali
Le député de Goundam, Alassane Abba a lui aussi dit ne plus être d’accord avec des négociations qui donnent des pouvoirs aux rebelles : « Le Mnla est le fil conducteur de ce que nous vivons ». Même chose pour Abdramane Sylla de la Commune IV pour qui aucun dialogue n’est possible avec le Mnla. C’est pourquoi il propose la prolifération des garnisons dans les régions du nord. Quand à Me Amidou Diabaté, il estime qu’il il faille un plan Marshal pour sortir le Mali de ce bourbier. Il s’est élevé contre toute érection d’une base militaire française dans notre pays, tout en rappelant l’évacuation des derniers soldats français du sol malien par les pères de l’indépendance du Mali. Les débats ont pris fin par le vote du texte à l’unanimité.
Moussa Samba Diallo/ Binta Gadiaga