L’opposition a refusé de recevoir le Premier ministre, chef du gouvernement, Soumeylou Boubèye Maïga, qui souhaitait lui rencontrer le 9 novembre dernier. Pour l’honorable Soumaïla Cissé et ses amis, « Tout dialogue politique doit être d’abord focalisé sur la question de la légitimité des institutions » mais aussi l’agenda du Premier ministre « paraît pour le moins étriqué ».
«Dans le cadre du dialogue politique, je souhaite vous rencontrer le vendredi 9 novembre à 15 heures en vos bureaux pour échanger sur les actions du gouvernement en cours, les réformes politiques et institutionnelles envisagées, le processus électoral et le découpage administratif, le gouvernement et moi-même espérons établir un dialogue fécond avec l’opposition politique dont le rôle est essentiel dans la bonne marche de la démocratie. Il vous plaira d’inviter à la rencontre tous les responsables de l’opposition politique dont vous jugez la présence pertinente. Je vous saurais gré de me signifier votre disponibilité pour le jour et l’heure indiqués afin que les services de la Primature prennent les dispositions qui s’imposent en la matière. Pour ce faire, je vous invite à appeler ou faire appeler le chargé de protocole du Premier ministre…. » Voilà en substance le contenu de la lettre datée du 5 novembre et envoyée par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga au chef de file de l’opposition, l’honorable Soumaïla Cissé.
Le challenger du Président IBK a donné une réponse défavorable à cette demande du chef du gouvernement. L’un des chargés de mission du bureau du chef de file de l’opposition, Nouhoun Togo, a fuité l’info sur les réseaux sociaux. « L’opposition refuse de recevoir le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga afin d’échanger sur les réformes en cours », a-t-il posté sur sa page Facebook. Un autre document signé par le chef de file de l’opposition a fait le tour de la toile. Voici quelques extraits : « L’ampleur de la fraude électorale lors de la dernière présidentielle a conduit des centaines de milliers de Maliens à défendre la souveraineté nationale de notre peuple au cours des manifestations à Bamako, dans les régions et dans la diaspora. Ce sursaut national malien est un des faits marquants de la période actuelle. Il y a un mois, prenant la mesure de la crise postélectorale au Mali, le Président en exercice de la CEDEAO, SE Muhammadu Buhari, a dépêché une mission à Bamako. L’émissaire de la CEDEAO a lui aussi, souligné les graves insuffisances qui ont marqué la dernière élection présidentielle. Par ailleurs, les concertations régionales sur votre projet de redécoupage administratif sont une fuite en avant. Elles sont improvisées et sèment les germes de la division, des tensions et des conflits entre les communautés. Nous n’y participerons pas. Dans les circonstances particulièrement graves que traverse le Mali tout dialogue politique doit être d’abord focalisé sur la question de la légitimité des institutions notamment, la première institution qui est le Président de la République, et comme l’a souligné la mission de la CEDEAO sur ‘’l’impératif de rétablir au préalable un climat de confiance réciproque pour faire face efficacement aux multiples et importants défis à venir’’. Par conséquent, mes amis et moi ne saurions donner une suite favorable à votre demande de rencontre dont l’agenda nous paraît pour le moins étriqué ».
Qui pour décrisper la situation ?
Cette situation intervient quelques semaines après une escalade verbale entre le locataire de la Primature et les leaders de l’opposition. En effet, au cours de l’une de ses sorties médiatiques, Soumeylou Boubèye Maïga a affirmé qu’il n’y a aucune offre politique à faire à l’opposition. « Nous n’avons aucune offre politique à faire à Soumaïla Cissé et à ses gens », a déclaré le PM. La réplique de l’opposition est venue sèchement par le biais de Tiébilé Dramé. Le Bélier en chef, directeur de campagne du candidat Soumaïla Cissé, a souligné que l’opposition n’attend rien du chef du gouvernement. « Nous n’attendons rien de Soumeylou Boubèye Maïga », avait lancé Tiébilé Dramé. Qui pour décrisper la situation ? Il faut faire appel au chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, au chef de la Misahel, le président Pierre Bouyoya et au représentant spécial de la CEDEAO au Mali, Abdou Cheaka Touré pour établir le dialogue sur des bases claires entre le gouvernement et l’opposition. C’est le moment de déclencher certains mécanismes de prévention de crise au niveau de ces organismes.
Chiaka Doumbia